Confession muette

Je te vois presque tous les jours, charmant, souriant. T’es souvent accompagné et quand t’es seul, tu ne le restes pas longtemps. Quand tu me vois, on se salue mais rien de plus… De notre ancienne amitié il ne reste qu’une entente cordiale qui me fait presque autant de mal que cette ancienne blessure qui orne le côté droit de mon visage. Même si je ne le montre pas, ce qu’on avait me manque.. Tu, me manques…
Je n’ai jamais été sur de moi, j’étais trop petit, trop maigre, tellement banal… et pourtant tu t’étais approché de moi, tu m’as pris sous ton aile et permis de vivre pour la première fois. Tu es devenu mon premier ami, le meilleur et je n’ai plus jamais été aussi heureux qu’à cette époque.
Bien vite, je me suis rendu compte que ta place dans mon coeur était devenue bien plus importante que celle d’un ami et j’étais complètement paniqué quand j’ai compris que j’étais tombé amoureux de toi. Je savais pas comment réagir, je ne savais pas ce que je devais faire… Je voulais tellement te le dire, je voulais me soulager de ce poids mais.. Quand je voyais ceux qui te tournaient autour, ceux que tu fréquentais, j’avais honte d’être moi… Je me trouvais si… si laid… Je n’étais pas à la hauteur, pas fait pour toi et je ne te l’ai jamais dit.

Je ne sais pas expliqué comment notre relation a évolué, petit à petit c’est devenu ambigu entre nous. On se frôlait, se touchait on flirtait même et je me sentais comme sur un petit nuage. Combien de fois on a pas manqué de s’embrasser ? Si seulement tu savais à quel point j’en crevais d’envie, et dire qu’on y était presque, mais qu’à cause de ça j’ai fait basculer notre vie dans l’horreur.

Avec les années, j’avais réussi à enfermer mes doutes à l’intérieur de moi. J’arrivais à avoir l’air sur de moi, sur de ce que je faisais, de ce que je désirais. Aujourd’hui encore je maintiens cette image de moi alors que quand je vois les gars qui te tournent autour, l’image que je vois de moi se refléter dans le miroir me dégoûte. Je ne me hais pas mais… Je suis toujours tout petit, tout maigre et complètement défiguré… Comment est-ce que tu pourrais t’intéresser à moi alors que je ne ressemble à rien ? C’est impossible, rêve d’enfant futile et ridicule, sentiment bien trop présent qui broie mon coeur un peu plus chaque jour.
Après huit années de séparation, comment j’aurais pu imaginer que le fait de te revoir réveillerait ce sentiment enfouit au plus profond de mon âme…

Je sens mon coeur se fissurer un peu plus à chaque fois, ce sentiment est trop lourd à porter pour quelqu’un comme moi mais je n’en parle pas, à personne. Ces derniers temps je ne mange plus, mon appétit s’est envolé et même simplement boire est devenu toute une épreuve. Je ne dors plus et ce, malgré tous les médocs que je peux bien avaler. Je vais mal et je le sais, c’est de pire en pire et je le sais, mais je continue ma vie. Je me lève tous les matins, je fais la cuisine pour mon colocataire, je pars bosser et je rentre avant de préparer le souper et d’aller me coucher. Je suis redevenu un automate, mais je n’ai pas de proche ou d’ami pour s’en rendre compte.
Ces sentiments que j’ai pour toi me détruisent à petit feu, je le sais, et j’emporterais ce secret avec moi dans la tombe et jamais tu ne sauras à quel point je pouvais bien t’aimer, dans l’ombre.

J’aurais tant aimé être quelqu’un d’autre, pouvoir être digne de toi.