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Une dernière lettre avant la fin

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Sam 30 Mar - 6:12

Une dernière lettre avant la finFiche Leevan Cooper

Qu’est-ce qu’il avait espéré ? Qu’ils pourraient à nouveau se fréquenter comme avant ? Qu’ils redeviendraient amis ? Plus ? Toutes ces conneries c’était des rêves d’enfant irréalisables, des rêves morts à peine nés, des sentiments qu’il garderait pour lui jusqu’à ce qu’il finisse par étouffer et succomber.
Il savait qu’une partie de son malheur était de sa propre faute… S’il n’avait pas voulu l’embrasser ce jour-là, s’il avait pu résister à son oncle, s’il avait été mentalement plus fort, s’il ne l’avait pas poussé à bout en l’évitant et s’il avait simplement pu lui dire « je t’en veux pas » quand ils s’étaient revus… Mais il n’avait rien fait de tout ça, il était faible et aujourd’hui encore il fuyait dans l’espoir vain de se protéger, se coupant du reste du monde pour ne plus subir de perte parce que bon, on ne peut pas perdre ce qu’on avait pas… Pourtant à bien y réfléchir, il l’avait perdu lui, sans jamais l’avoir eu…

Ca faisait quelques jours qu’il était dans cet état. Ca avait commencé par une rupture de stock de ses médocs, l’empêchant de dormir, le forçant à voir et revoir tous les souvenirs qui avaient brisé sa vie. Après ça, ce fut son stock d’anti-dépresseurs et de calmants qui fut terminé et il se retrouva à affronter ses démons en pleine journée et surtout, il se retrancha dans sa chambre pour se protéger vainement de ses souvenirs.
Et aujourd’hui.. Il ne dormait plus, ne mangeait plus, ne vivait plus… Ses médicaments étaient à nouveau disponible mais il ne sortit jamais pour aller les chercher, à quoi bon de toute façon ? Pris d’une certaine nostalgie, il va chercher la boite qu’il s’était interdit d’ouvrir à nouveau, cette boite qui renferme son ancien bonheur, ses rêves brisés… Il commence par en sortir les photos où ils sont tous, puis les photos où ils sont juste tous les deux, souriants et complices… Malgré lui, les larmes commencent à lui monter aux yeux et finissent par dévaler ses joues, il regrette tellement cette époque… Celle où il avait un ami, un confident, quelqu’un sur qui compter, avec qui il pouvait tout faire, avec qui rien n’était impossible… Il l’avait tant aimé et aujourd’hui encore, il se rendait compte que ses sentiments étaient toujours présents, si forts, tellement qu’ils finissent par l’étouffer parce que jamais il ne lui a dit, et que jamais il ne pourra lui dire…
Tout est brisé, à commencer par lui.

Profitant de l’absence de son colocataire, il quitte sa chambre et se faufile dans la sienne. Il ne devrait pas, mais il a besoin d lui prendre quelques feuilles de papier et il n’en a plus. Son butin en main, il retourne s’enfermer dans sa chambre et il se met à écrire, écrire tout ce qu’il aimerait dire mais il n’en sera jamais capable.
Sa première lettre est une lettre d’excuse pour sa cousine, il y mettra tous ses regrets, la suppliant de lui pardonner, lui disant à quel point il était désolé, qu’il aurait du être à sa place et que le monde s’en serait porté mieux. Il lui avoue aussi les sentiments qu’il éprouve pour son ancien ami, lui demandant pardon parce qu’il était certain qu’elle ressentait la même chose pour lui et qu’elle a du en souffrir par sa faute… Il la conclut en lui demandant pardon de ne pas pouvoir profiter de cette vie qu’elle n’a plus, qu’il n’a pas sa force ni sa joie de vivre, il est juste vide et mort à l’intérieur depuis bien trop longtemps.
Sa seconde lettre est destinée à son colocataire où une fois de plus il s’excuse. D’avoir eu un caractère de merde, de lui avoir mené la vie dure, de ne pas avoir été aimable et qu’il ne méritait pas tout ce qu’il lui avait fait subir par son attitude austère. Il lui souhaite beaucoup de chance dans ses projet parce qu’il sait qu’il a du talent et que s’il continue sur cette route, il arrivera à faire tout ce qu’il veut. Il lui dit aussi que tout son argent est passé dans le loyer de l’appart et qu’il sera tranquille pour plusieurs mois, qu’il pourra faire ce qu’il veut de ses affaires, les vendre ou les jeter, mais que là où il va il n’a plus besoin de rien. Il lui demande juste de prendre soin du violon de sa cousine ou même, de le donner à son ancien ami tout en lui laissant la carte du tatoueur.
La dernière lettre est la plus importante à ses yeux, c’est celle où il avouera tout à celui qui hante encore et toujours son coeur, celle où il couchera ses sentiments, ses terreurs, ses regret, et sa peine… Celle qui ne sera jamais lue parce que jamais elle ne sera remise à son destinataire parce que c’est mieux comme ça, c’est mieux qu’il ne sache jamais parce qu’il ne veut pas lui gâcher encore plus la vie. Mais il a besoin d’écrire cette lettre, de se confier une dernière fois, de vider tout ce qu’il a sur le coeur en espérant trouver la paix une fois parti… mais plus il écrit et plus les larmes tombent sur la feuille, diluant l’encre, effaçant certains mots… Mais comme personne ne la lira, pourquoi s’en inquiéter ?

Les trois lettres écrites, il les glisse chacune dans une enveloppe avec le nom de la personne à laquelle elle est destinée écrite dessus. Celle pour sa cousine, il la glisse dans l’étui à violon parce que c’est tout ce qu’il lui reste d’elle et qu’il ne peut pas se rendre au pays pour la poser sur sa tombe, il ne peut plus tenir le temps d’un voyage. Celle pour son colocataire, il la glisse par dessous la porte de sa chambre, espérant qu’il la verra avant de marcher dessus. Et la dernière… La dernière il la range dans la poche intérieurs de son manteau quand il le passe sur ses épaules, la serrant contre son coeur. Il laisse ses clefs de l’appart sur le comptoir de la cuisine, bien en évidence, et il quitte la pièce, fermant définitivement la porte sur cette partie de sa vie, terminant ce chapitre chaotique une bonne fois pour toute et s’apprêtant à écrire l’épilogue tout seul.
Une fois dehors, il rabat la capuche sur sa tête pour ne pas être vu et il part, sans un mot ni même un regard en arrière, sans que personne ne sache ce qu’il deviendra. Mais lui il sait, parce qu’il a tout prévu.
Ses pas le guidèrent au travers de la ville, comme s’il avait besoin de revoir tous ces endroits qu’il avait découvert, qui lui avaient ôter ses démons pendant quelques instant, tous ces endroits où il avait eu droit à un bonheur éphémère.. Son tour terminé, il se retrouva dans le coin le plus sombre de la vieille, celui où seules les âmes en perdition s’aventuraient sans aucune crainte, celui où la sienne s’éteindraient. Il chercha un coin où personne ne viendrait le déranger, où il pourrait être seul pour finir misérablement comme il le méritait. Il s’installa à même sol, blottit dans un coin de mur et il remonta la manche de sa veste où se trouvaient déjà plusieurs cicatrices, anciennes comme récentes. Quand il avait mal, il se faisait du mal pour que ça passe, mais ça n’était jamais passé et aujourd’hui il en était là.
Il sortit une boite de lames de rasoir de sa poche et l’ouvrit pour en prendre un seule entre ses doigt, se coupant légèrement en libérant les côtés tranchants mais sans plus y faire attention il n’a plus les capacités pour se rendre compte de ce qu’il va faire, il va juste le faire. Et comme un ado prépubère, il pose la lame sur son avant-bras et la fait plonger dans sa chair avant de la tirer sur toute  la longueur de son membre, gémissant et pleurant de douleur mais sans pour autant s’arrêter, c’est sa dernière ligne droite, il ne doit pas faillir. Son sang se met rapidement à couler abondamment et il se blottit un peu plus contre le mur à ses côtés alors que le froid commence à s’infiltrer dans tout son être. L’espace d’un instant, il voudrait que son amour secret soit là, qu’il le prenne dans ses bras pour le rassurer comme lorsqu’il était pris de panique pendant les orages, qu’il lui murmure des paroles réconfortante pour lui dire que tout irait bien, que ça serait bientôt terminé et il se remet à pleurer, l’appelant désespérément alors que sa voix se fait de plus en plus faible alors que son corps lui, tremble de plus en plus.
Son corps est assaillit par la douleur, le froid mordant, le chagrin et la fatigue. Ses yeux commencent à se fermer seuls et il ne fait rien pour lutter, il veut partir, en finir avec cette existence de souffrance qui n’a su que causer du tort à son entourage… Et puis un bout d’un moment, c’est le noir complet, il n’est plus là et son corps à bientôt terminé d’agoniser. C’est la fin et il disparaîtra comme il a vécu : seul et oublié de tous.

Quand on retrouva son corps, il fut fouillé pour tenter de l’identifier mais rien, pas un seul papier d’identité. Tout ce qui fut retrouvé c’était une lettre destinée à un certain « Krissy » écrite par un « Leevy » mais sans plus d’information, il sera mis en fosse commune avec tous les inconnus et drogués non réclamés par leurs proches.
La lettre fut lue par plusieurs personnes, elle les touchèrent tant elle était emplie des souffrances d’un gamin qui n’avait pas eu de chance dans la vie et qui ne savait pas comment s’en sortir seul, un gamin tellement abîmé qu’il n’avait plus pu supporter d’avancer tous les jours et qui à bout, avait fait le dernier pas qui le précipiterait dans l’abîme de l’oubli.

« Salut Krissy,

J’écris cette lettre dans l’espoir de pouvoir m’expliquer, de pouvoir te raconter tout ce que j’ai jamais eu le courage de dire et en même temps, je prie pour que jamais tu ne la lises parce que je ne veux plus te faire mal, tu as bien assez souffert à cause de moi et tu n’imagines même pas à que point j’en suis désolé. Pourquoi t’écrire alors que je ne veux pas que tu saches ? Parce que tu étais le seul à tout savoir de moi, le seul à qui je pouvait tout dire sans avoir peur d’être juger et aujourd’hui, alors que je m’apprête à faire ce que je vais faire, c’est tout ce dont j’ai besoin.

Je t’aime. Si tu savais combien de fois j’ai voulu te le dire à l’époque, à quel point j’avais mal de te voir passer de bras en bras, de te voir avec autant d’admirateurs et d’admiratrices et je n’ai jamais eu le courage de te le dire. J’ai essayé tu sais ? J’avais imaginé toutes les façons possibles de pouvoir te le dire mais je n’ai jamais réussi… Le seul jour où je me suis décidé à te le faire comprendre, c’est le jour où par ma faute, la voiture a quitté la route, le jour où j’ai tué Riley parce que s’il y a un coupable, c’est moi… Si je n’avais pas détourné ton attention en voulant t’embrasser, elle serait encore avec nous et peut-être… qu’on ne se serait jamais déchiré comme on l’est aujourd’hui…
Même aujourd’hui, je t’aime toujours avec la même intensité… Tu étais le seul pour moi et tu le seras pour toujours parce que si ce n’était pas toi, je ne voulais pas qu’on me touche. C’est stupide non ? Je vais disparaître sans même avoir embrasser quelqu’un un jour, parce que j’avais décidé que c’était à toi que je voulais donner mon premier baiser, à toi et à personne d’autre. Je suis pathétique non ? De m’être accrocher à quelque chose qui avait si peu d’importance. J’ai toujours su que ça n’arriverait jamais, je n’étais pas fait pour toi. J’étais trop petit, trop maigre, trop laid… Je n’ai jamais eu une haute opinion de moi-même et pourtant avec toi, j’avais vraiment l’impression d’exister.

Je ne t’en ai jamais vraiment voulu pour mon œil, ça aussi c’était ma faute.. Si j’avais eu le courage de t’expliquer… Oh si tu savais à quel point j’avais besoin de toi à l’hôpital, comme j’avais besoin que tu viennes me sauver de mon oncle… Je n’ai jamais voulu te dire toutes ces horreurs, je ne les ai même jamais pensées ! Mais je n’avais pas le choix, si je restait ton ami, il m’aurait… Je suis toujours incapable d’écrire ces mots tant j’étais terrorisé et lâche, lâche parce que j’ai fuit en te blessant… J’ai préféré te blessé pour ne pas finir seul et abandonné, alors que c’est justement ce qui m’est arrivé parce que sans toi, je ne voulais plus d’ami. Tu étais le seul à m’être indispensable et ça il le savait, il savait que sans toi mon esprit serait brisé et manipulable. Je ne lui rejette pas toutes les fautes, il a fait de moi sa marionnette, mais c’est moi qui t’ai dit ces horreurs, c’est moi qui t’ai poussé à me blesser, c’est moi qui t’ai mis cette culpabilité sur les épaules… Si seulement j’avais les mots pour te demander pardon… J’espère que ma disparition te permettra de m’oublier, d’oublier tout ce qui avait un lien avec moi, d’effacer toutes les blessures que je t’ai causé.
Sans mes médocs qui m’embrouillaient l’esprit, j’ai les idées plus claires et je me rends compte à quel point j’ai été monstrueux avec toi, à quel point j’ai pu te faire souffrir et si j’avais su que je te retrouverais ici, je te promets que je ne serais jamais venu, je ne t’aurais jamais imposé un second enfer alors que tu avais réussi à refaire ta vie en m’oubliant.

Tu sais, je n’étais plus moi quand on s’est revu la première fois, a bar. J’avais encor fuit, enfermant en moi tout ce que j’étais réellement parce que j’avais peur de souffrir à nouveau. J’ai été jusqu’à apprendre à écrire de la main droite pour me détacher totalement de celui que j’étais, pour avoir l’air fort et sur de moi… J’avais besoin de tout contrôler, de te montrer que je n’étais plus la crevette pleurnicharde que tu avais connue et une fois encore, je t’ai fait porter le poids de ma propre culpabilité en te faisant croire que tout était de ta faute… Je t’ai fait tellement de mal ce soir-là, je l’ai vu dans tes yeux et pourtant, je ne pouvais pas m’arrêter.. Mais intérieurement, je voulais juste passer par dessus mon comptoir pour te serrer dans mes bras et te demander pardon, te supplier d’accepter mes excuses… Mais à la place je t’ai enfoncé et c’est avec un autre que tu es rentré… Te revoir n’avait fait qu’intensifier ce que j’avais toujours ressenti pour toi, mais te voir si proche de cet homme et des autres, j’ai senti mon coeur se fissurer un peu plus et je suis devenu encore plus horrible pour me protéger…
Je ne te demande pas de me pardonner, je suis moi-même incapable d’excuser tout ce que j’ai pu te dire…

C’est le coeur mort et lourd de culpabilité que je prends la fuite pour la dernière fois, espérant emporter avec moi tout le tort que j’ai pu te causer depuis qu’on se connaît. Avant de partir j’aurais tellement voulu te dire à quel point tu comptes pour moi, à quel point tu étais tout pour moi…
J’aurais voulu être quelqu’un d’autre, quelqu’un de plus fort qui aurait été digne de toi, qui aurait pu te rendre heureux parce que ton sourire était le plus beau que je pouvais voir, surtout quand tu me l’adressais…
Si seulement j’avais été quelqu’un d’autre…
Pardon.

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Inari
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