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Ronce - Tous les tourments.

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Dim 13 Mar - 13:47
Tous les tourments

Parti.

Tu es parti.

Sur tes rétines et dans ton esprit, il n'y a que du blanc. À perte de vue, vallonant, du blanc, bien que les nuits nimbent la neige d'ocre et de bleu ; car ce soir, il n'y a qu'une teinte, et ce n'est ni le jour, ni la lune qui en est à l'origine.

Tu t'enfonces dans un vide assourdissant.

Ton cheval galope vers le campement depuis un temps que tu ne saurais quantifier. Quand la bête faiblit, éreintée par l'épaisseur de la poudreuse ou les montées escarpées de la falaise, tes talons heurtent si fort ses flancs qu'elle bronche de douleur.

Tu aurais dû en finir. Trancher cette gorge.

Sacrifier Othello.

Un poids compresse ton crâne et ton âme. Une aliénation plus profonde que la forêt dans laquelle tu t'enfonces. Elle se mêle à toi et s'indifférencie.

Bientôt, le dédale des sous-bois s'ouvre sur la pierre. Il faut la longer, jusqu'à l'entrée de la grotte. Un bruit de chouette t'indique que les guets t'ont repéré. Tu descends, laisse les brides à un homme aux traits flous. Il te pose une question. Tu reconnais vaguement la voix. Tu ne réponds pas et t'enfonces sous la terre.

L'ambiance a changé. Elle te paraît lourde, dangereuse. Tout t'observe. Chaque visage que tu croises en descendant vers la tente de Lysandre semble se retourner sur ton passage et te fixer non pas avec des yeux, mais avec d'énormes cavités vides.

Le nordique croit en son propre calme.

Lorsque tu pousses la tenture menant aux appartements de ton chef, ce n'est pas toi, mais un fauve à l'aura instable et au coeur agressif qui vacille à la lumière des bougies.

Lysandre est là. Debout. Maculé d'un sang qui l'a fait renaître.

Lysandre ne boit jamais.

Tu demeures pétrifié à l'entrée. Un mélange d'incompréhension et de violence dans les pupilles. Cherchant la bête, la trouvant désormais partout. Ton maître, un oiseau de malheur. Aussi sombre que son énorme loup, coupable de la même prédation, de la même bestialité.

Tes lippes se retroussent en un sourire agressif, caustique. Le voilà donc, ton beau parleur. Il a plongé à la source écarlate qu'il vous défendait tous de prendre. S'il trahit ses propres principes, comment dire qu'il ne trahira pas tout le reste.

Tu divagues. Cherches la brèche, la cause toi-même, t'y enfonces avec désespoir.

Tu n'arrives pas à déterminer la façon exacte dont le corbeau le regarde. C'est parce que tu vrilles ou parce que tu n'as tout simplement jamais vu ce genre de regard chez ton créateur ?

Bien mangé ?

Ça se voulait gras, moqueur, mais la voix ne sort que dans un souffle rauque. Ta gueule reste entre ouverte, inspire l'oxygène par petits coups.

Il le sait ? Il le sait qu'Aldric n'est plus ici ? A-t-il vu la tente désertée, a-t-il senti qu'Othello était parti, a-t-il…

Le flux de pensée tombe abruptement à la falaise de ta folie. Un brouillard épais s'engouffre dans ta gorge et tes yeux. Tu les relève, tes iris translucides, dardant sur les billes vairons de ton Créateur. Le sourire est toujours là, plus comme la déformation grotesque d'un masque ayant pris toute la place sur son visage.

J'ai lui ai tranché la gorge devant Alastair…

Tu ne contrôles pas ce qui sort. Tu entends juste, comme impuissant. Témoin de ton propre cyclone, mensonges, fabulations, fantasmes.


A-Delta Lord
A-Delta Lord
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Dim 13 Mar - 14:15





Tous les tourments
Ft. Roman
C'est tendu, dans la fourmillière habituellement grondante. Le calme plat. Comme dans l'attente d'une attaque, du réveil d'une bête sauvage. Zenith a été évacué en urgence de sa tente, immédiatement pris en charge par quelqu'un de compétent.
Dans sa tête aussi, c'est le calme.
Un corps épais et pourpre recouvre sa chemise auparavant immaculée. Aucun son ne vient percer le silence, aucun pas n'a eu le courage de pousser la tenture. Dans un coin, la louve montre les crocs pourtant figée dans un silence incertain : dans l'attente. Une pièce saute dans l'air, renvoie une lumière vive sur les parois de tissu, continuant ses allers-retours incessants.

Toujours pas de mouvement.
Lysandre est loin dans sa tête, à plusieurs kilomètres de là en fait ; il suit un galop qui n'est pas le sien. La nuque légèrement brisée sur la droite, l'esprit attentif, observateur. Une pulsion cardiaque se rapproche et se n'est pas la sienne.
Le châtiment.
Ça gronde lentement dans ses veines parce qu'il sait, - il sait toujours -.

- Bien mangé ?

C'était excellent.
Le nectar, le délice. Le meilleur des vins qui pourrait couler dans son œsophage : la couleur de la passion, de la colère. Vie. Extase. Une pensée lointaine tire sa bouche dans un sourire tordu. Le métisse n'est pas rassasié et c'est tout ce qui colore l'intérieur de sa tête. Rouge. Pourpre.
Son corps couvert d'épines.

- J'ai lui ai tranché la gorge devant Alastair…

Fier.
A quel point as-tu peur de ce que tu as déclenché, Roman ?
Il sent lui, le souffle rauque presque essoufflé, il voit l'ondulation sur les poils de ses avant-bras, le léger aigu de sa voix. Peut-être qu'il savait avant que ça n'arrive. Que c'était cherché.

- Oh. Murmure d'ailleurs.

Quelque chose a craqué au loin, sous son crâne. Des os qui se déforment et se reforment. Le chemin de l'évolution.
Fébrile.
Au fond comme en surface, ça l'excite.
La peur. C'est ce qui  arrive quand on pousse trop loin. Qu'on provoque la puissance. Le pouvoir.
La pièce tinte dans les airs et retombe à même le plat de la table. Le temps exact que l'Immortel a pris dans son déplacement. C'est ce qui arrive lorsqu'on décide d'outrepasser les limites.
Un craquement virulent résonne, seul indicateur de la force avec laquelle les serres de l'ombre ont écrasé la gorge de l'insolent sur le sommier. La pièce s'emplit d'éclats de bois et d'une gerbe pourpre qui ne lui appartient pas - si, Roman lui appartient -, les meubles virent au sombre, les flammes sont balayées par l'appel d'air.
Le goût du châtiment.

Diáleimma n'a pas bougé mais garde la menace d'une attaque sur les babines.
Ses prunelles suivent les grondements sauvages qui ne lui appartiennent pas, les coups de crocs qui finissent de détruire la gorge de celui qu'elle eut pu un jour considéré comme son frère.


Θα το πιάσεις, χωρίς να πεθάνεις.
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