Contraste - Dans les coulisses.

Les nouvelles n'étaient pas bonnes, comme jamais avec Andrej à vrai dire.
Le directeur de l'académie de Lifelam avait quitté l'hôpital d'un pas pressé, trop tendu pour prendre l'ascenseur, il avait même préféré dévaler les escaliers quatre à quatre. La portière de sa voiture claqua et Altaïr prit quelques secondes pour attraper sa bouteille d'eau et se désaltérer avant de desserrer sa cravate de l'index. Bon.
Le prince était plutôt content d'avoir quitté la chambre d'hôpital. Une ambiance lourde y régnait et l'électricité berçait l'air. C'était fatiguant, il n'était pas resté longtemps mais avait l'impression que les deux autres individus valides de la pièce ne s'appréciaient pas trop. Pourquoi, aucune idée et strictement rien à faire. Tout ce qu'il souhaitait c'était que cette affaire soit rapidement réglé. Alors il mit le contact et enfonça l'accélérateur de son automatique qui sortit rapidement du parking pour plonger dans les rues de la ville. Direction le quartier rouge. Altaïr savait exactement où aller - un peu trop bien à vrai dire -.

Le sénégalais se gara sur le trottoir face à l'immeuble le plus haut du quartier avant de s'y diriger d'un pas plus lent afin de calmer l'adrénaline qui faisait un marathon dans ses veines. Quelqu'un sortit et il en profita pour s'introduire dans le bâtiment sans avoir à en demander l'accès. Il fallut quelques minutes à l'ascenseur pour descendre le récupérer. Altaïr enfonça le bouton du plus haut étage et la machine de métal se mit en marche, le tirant vers le haut. Pendant les quelques minutes qui suivirent, le trentenaire se dévisagea dans le miroir, replaçant un peu ses cheveux et défaisant sa cravate pour la rouler correctement et l'enfoncer dans la poche de son manteau. Il enleva calmement ses gants lorsque la sonnerie de l'engin retentit pour indiquer qu'ils étaient arrivés.
Rapidement, le brun trouva la porte correspondante et y frappa, attendant qu'on vienne lui ouvrir avec la même méfiance habituelle.

- Bonjour Takeda-san. M'offririez vous un café ? J'ai besoin d'une pause.

Il y avait certes, meilleure compagnie que celle du japonais méfiant mais sur le moment c'était de lui dont il avait besoin. Après être entré, Altaïr retira son manteau qu'il posa sur une chaise sans s'approcher des fenêtres : si ses soupçons étaient bons, il ne serait pas surprenant que le policier soit surveillé.

- Comment allez-vous depuis votre séjour à l'hôpital ? Vous avez l'air en forme ... si ce n'est ceci ? Remarqua-t-il en baissant les yeux vers la main brûlée.

Des ennuis, on peut dire ça comme ça. Le plus âgé ne fit aucune remarque à la vue de la tenue ou plutôt de l'absence de tenue du grisé mais ne put s'empêcher de fixer son attention sur son dos lorsque celui-ci alla dans son salon. Ses exploits ajoutaient cicatrice sur cicatrice. Un vague déjà-vu le prit mais il secoua rapidement la tête et le rejoignit dans la cuisine.

- Pourquoi pas ? Lâcha-t-il à sa dernière remarque.

Taquin ? Un peu, mais ça le détendait.
Il tira une des chaises sans s'y asseoir avant de poser ses mains autour de la tasse en le remerciant d'un mouvement calme de tête. Il avisa la main qui disparut dans la poche après qu'il l'ait mentionné, ce qui lui tira un froncement mince de sourcils supplémentaires. Ses doutes semblaient de plus en plus fondés. Maintenant, il allait devoir trouver un moyen de communiquer avec le japonais sans paraître trop suspicieux, en étant clair mais sans non plus laisser filer des informations qu'il pouvait regretter. L'exercice s'avérait ardu mais Altaïr aimait les challenges. Il prit tout d'abord le temps d'apprécier sa gorgée de café avant de reposer la tasse sur le plan de travail, sa main libre venant s'appuyer sur la chaise tirée au préalable.

- Un de mes bons amis a eu un ... accident. Il appuya le mot en plantant son regard dans celui du propriétaire des lieux. Quelque chose d'assez grave. Il est conscient mais ... je le sens encore en danger.

If you know what I mean.
Altaïr laissa un léger silence, balayant l'information de la main comme si elle était totalement passagère, une fantaisie comme on parlerait du beau temps. Ses hanches pivotèrent et il fit quelques pas dans la cuisine, avisant l'appartement aux murs totalement vide avec un intérêt feint.

- Dites moi, est-ce que votre situation vous convient ?

Le prince s'arrêta prêt de la porte de la chambre, tournant la tête pour lancer un regard à la silhouette au loin.

- Parce que si ce n'était pas entièrement le cas et que vous cherchiez ... je ne sais pas, un nouveau partenaire peut-être ? Je connais quelqu'un d'une intelligence et d'une utilité rare qui manque de bonne compagnie, en ce moment.

Il jouait avec le feu. Andrej allait lui en devoir une belle.

La pudeur n'avait de toute façon jamais était vraiment son truc alors...Et puis bon ce n'était pas comme s'ils n'avaient pas déjà fait plus tous les deux. Ils ne s'étaient pas vraiment revu depuis mais ce n'était pas pour autant que le moindre malaise semblait les atteindre. Il hausse un sourcil et esquisse un sourire un brin moqueur à sa réponse.

- Disons...Une intuition

Taquin lui aussi après tout. Et le fait qu'il n'avait pas vraiment de raison de venir juste pour ça, il n'avait pas la prétention de croire qu'Altaïr pouvait s'inquiéter pour lui. Il le laisse s'installer calmement, allant pour sa part près de la fenêtre pour s'y appuyer, son regard s'égarant sur l'extérieur un bref instant avant de se reposer sur Altaïr. Il lui laissait la parole, attendant qu'il se décide à expliquer la raison de sa venue et en profitant pour savourer sa première gorgée de café, toujours aussi calme. Les premiers mots lui suffirent à comprendre le double sens qu'allait avoir cette conversation. Voilà qui promettait d'être intéressant. Il l'écoute attentivement, portant quelques rares fois la tasse à ses lèvres sans jamais relâcher son attention. Jusque là rien de bien compliqué, restait à savoir ce que lui venait faire là-dedans. Son regard d'acier suit ses déplacements avant de hausser un sourcil à sa question.

- Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas...

Il savait qu'il connaissait son histoire, du moins assez pour savoir qu'il ne dirait pas que travailler pour les anglais lui convenait. L'ironie pouvait se cacher sans effort sous de simples mots et une intonation banale que personne ou presque ne remarquerait mais elle était bien là. Simplement qu'il n'était pas assez fou pour reconnaître à haute voix, et même à demi mot, que non il ne comptait pas maintenir cette situation encore longtemps. Restait à voir où il voulait en venir. Il écoute ensuite ses paroles, reposant lentement la tasse sur le plan de travail. Voilà qui était osé de sa part de lui proposer quelque chose comme ça sans même savoir si le secret serait bien garantit. Il l'était, mais tout de même c'était dangereux pour lui...Pour eux deux en fait si lui rentrait dans son jeu.

- De nouvelles relations peuvent toujours s'avérer intéressantes. Vous devez beaucoup tenir à cet ami

Simple constat. Il était prêt à risquer beaucoup pour cette personne et on pouvait presque attribuer exclusivement à cela l'intérêt que le japonais portait à cette affaire.

- Quelque chose devrait pouvoir être fait mais vous vous en doutez je ne suis pas le seul à décider de ce genre de choses. Cet ami est au courant ?

Qui était-il aussi mais la question ne se posait pas vraiment. Il aurait tout le temps de le voir après et les noms n'avaient pas grande importance. Ce qu'il avait besoin de savoir aussi c'était en quoi le tout pouvait être intéressant, pour lui comme pour son clan. Ses billes acier plantées dans les siennes, il n'avait pas toujours reconnus qu'il ne parlait pas des anglais pour une fois. C'était implicite là aussi.

- Vous ne semblez pas pleinement satisfait de votre situation non plus

Jinzo répondait à demi-mots, mais il répondait quand même. Son intérêt semblait piqué : bien. C'était déjà ça. Et s'il ne reconnaissait pas ouvertement être intéressé d'une partie plus orientale qu'occidentale, le ton ne permettait pas de se méprendre. Altaïr plissa légèrement les yeux, frôlant le mur comme si la peinture l'intéressait ce qui n'était absolument pas le cas. Well. Expliquer sans expliquer.

- Je n'ai pas beaucoup d'amis. Surtout aussi ancien, utile et ... distrayant, je dois bien l'admettre. La preuve.

Après tout, il se retrouvait encore dans l'appartement du japonais par la faute d'un tier. Le directeur de l'académie revient lentement dans la cuisine, contournant cette fois la table en laissant traîner le bout de ses doigts sur le bois. La planche était lisse, sans échardes, sans pointes. Rien qui puissent blesser la peau délicatement claire.

- Pas pour l'instant. Il profite d'un repos bien mérité. J'ai préféré réfléchir à une solution par moi-même.

Plutôt que d'entendre les cris d'indignation du russe et la fierté blessée qui était la sienne. Altaïr se doutait par avance que cette nouvelle potentielle alliance n'allait pas lui plaire. Surtout que l'on parlait d'un homme qui l'avait déjà blessé, pisté et qui avait failli avoir sa tête si lui-même ne s'était pas interposé. D'un geste lent, le brun récupéra sa tasse pour y porter de nouveau ses lèvres. Dans le liquide noire, il pouvait apercevoir son reflet, y plongeant comme il plongeait sur l'instant dans un flot de pensées tourbillonnantes.

- Arabica ?

Le café.

- Les gens changent. J'ai tendance à laisser les choses couler, sauf quand la situation devient ... pressante.

Le prince fit un pas en direction du propriétaire des lieux, avisant les marques au abord de ses clavicules. Des hématomes visiblement, qui avaient laissé des ombres. Altaïr ne s'y connaissait pas vraiment en bleu : la violence n'était pas son fort, il n'avait jamais appris à se battre non plus même si pendant son adolescence il avait pu parfois être un chouilla ... dissipé. Well. "Cruel" est un mot plus juste à vrai dire.
Se salir les mains, non, proposer aux autres de le faire pour lui, beaucoup plus.

- Nous savons tous les deux que sans confiance ... les relations échouent ... n'est-ce pas ? Murmura l'homme désormais à une dizaine de centimètres de son homologue.

"Ami" n'était pas le terme adéquat pour qualifier la relation d'Andrej et de Jinzo mais ...

- Vous avez en effet eu l'opportunité de le croiser en ma compagnie.

Oh, il trouverait certainement quelque chose à y redire, si. Mais Andrej n'avait plus beaucoup de relations "utiles" en ville et même en s'expatriant, Altaïr doutait fortement qu'il réussisse à échapper longtemps à son père. La fuite ne ferait que retarder l'inévitable : autant rester en terrain connu là où il avait le plus de chance de trouver de la force. Commençons par la protection, le reste viendrait au fur et à mesure, le directeur n'en doutait pas. Malgré tout, subsistait un léger doute ainsi qu'une angoisse qui ajoutait du poids au fond de son ventre. Ce qu'il était en train de faire le mettait tout particulièrement en danger lui aussi. Il avait davantage l'habitude de rester en fond, en arrière afin de se protéger au maximum. Financer sans trop se mouiller.
Cette fois était une exception et c'était bien parce que c'était Andrej qu'il faisait ça.

- Le hasard fait bien les choses. On pourrait même penser que tout a été façonné pour en arriver là. Votre bonne étoile, certainement.

Il faut au moins ça pour survivre à tout ce que le japonais avait vécu. Son dossier était énorme, même si Altaïr se doutait qu'il n'avait pas tous les détails. C'était aussi impressionnant que suspect.
Un geste plus au sud attira son attention, lui faisant baisser les yeux. La main marquée par le feu ainsi exposée à ses yeux confirma ses soupçons. Du bout des doigts, le prince vint frôler la paume calleuse pour la remonter un peu et examiner les bords rougis et encore boursoufflés de la blessure. C'était laid, presque dégoûtant. Ça guérirait, mais pas complètement.

- Vous ne prenez pas assez soin de vous, Takeda-san. J'espère que vos amis vous permettront de le faire davantage, à l'avenir.

Il fallait au moins. Etait-ce bon ? Pouvaient-ils en parler plus franchement ? Ce n'était pas dans ses habitudes de se presser, mais le brun avait besoin de réponse rapide. Plus le temps passait et plus la sécurité d'Andrej était mis en danger. Le laisser à l'hôpital sans protection, même s'il ne considérait pas du tout en être une, était déjà assez stressant pour lui.
Il relâcha doucement la main du japonais avant de repousser sa tasse de l'index à côté de la hanche du grisé.

- Y aurait-il un endroit où nous pourrions être ... peut-être ... Sa main accrocha lentement le col de la chemise ouverte en faisant semblant de le replacer, avant de dévaler son torse, plus tranquille ?

Ami il n'en pensait pas un mot de toute façon lui n'avait pas d'amis. Mais c'était plus simple que de dire "le type sur lequel j'ai tiré et qui s'est traîné en sang jusque chez vous pour être protégé". Le souvenir de cette mission n'était pas si loin et il l'avait gardé dans un coin de sa tête, au cas où, à raison apparemment puisqu'il avait ainsi déjà à disposition quelques informations sur la personne en question. Qui pourrait avoir son utilité, au final une protection à assurer ce n'était pas bien compliqué, encore que cela dépendrait de l'adversaire exposé. En tout cas, il ignorait si l'autre le savait mais Altaïr semblait beucoup tenir à lui, les risques qu'il prenait auraient facilement pu lui valoir la mort si cela n'avait pas été lui en face, et ses idées bien arrêtées sur ce qu'il voulait faire.

- Presque trop bien d'ailleurs. Mais je n'ai jamais cru aux bonnes étoiles

Ni à la chance ni à quoi que ce soit de ce genre. Le destin peut être mais ce n'était pas quelque chose qu'il admettrait. Chacun est responsable de ce qu'il lui arrive et de comment il réagit. Le frôlement de ses doigts sur sa peau la fait frissonner, contact perturbant quand il s'approche de la marque encore trop visible sur le dos de sa main. Il savait que la marque resterait là à vie, mais ce n'était rien comparé à ce qu'il aurait pu avoir et pour avoir la possibilité de revenir. Toute autre marque ce serait vu effacée aussitôt, mais la marque de son clan avait une toute autre valeur, et il ne regrettait en rien sa présence dans sa chair.

- Il n'y a pas de doute à avoir là dessus

Pourtant il allait au devant d'ennuis si tout ne se passait pas comme prévu. Se mettre une mafia à dos n'était jamais le bon plan, il était bien placé pour savoir de quoi il parlait. Mais ce n'était pas pour autant qu'il était inquiet. Et ses amis en effet, étaient à nouveau prêt à travailler avec lui dans cette affaire, permettant à cette simple phrase de confirmer le tout sans trop en dire à nouveau. Une fois sa main à nouveau libre, il la laisse redescendre le long dans son corps sans qu'elle ne se cache cette fois. Il n'y en avait plus besoin pour le moment. Son regard ne le lâche pas, l'étudiant, sentant son impatience et sa nervosité qui grandissait à chaque seconde qui glissait dans ce moment. Un nouveau frémissement de sa peau au contact des doigts du sénégalais, ses muscles se contractant légèrement sous le passage de ses doigts sans qu'il ne cherche à le fuir.

- Il n'y a que peu d'endroits où il ne serait pas suspect de nous voir tous les deux...

Ce serait le meilleur moyen de mettre la puce à l'oreille aux gens qu'il ne fallait pas éveiller s'ils se mettaient d'un seul coup à se montrer ensemble après plusieurs mois sans contact.

- Mais personne ne nous écoute ici si c'est ce qui vous inquiète...

Il vérifiait l'appartement régulièrement pour les micros et de toute façon l'endroit était surveillé quand il devait s'absenter. Aucun risque à parler somme toute.

- Et personne ne peut nous voir dans la chambre

Ici les fenêtres étaient de bons points d'entrées, peu efficace compte tenu de la hauteur mais on ne savait jamais, si cela le rassurait d'être à l'abris des regards pour finir de tout décider.

Les croyances d'Altaïr étaient limitées et s'arrêtaient plutôt à ce qui l'arrangeait. Il pratiquait secrètement le vaudou, surtout lorsqu'il retournait dans son pays d'origine. Ici en Angleterre, la vie était différente, les moeurs également. Lorsqu'on le lui demandait, il se plaçait en tant qu'athée. Personne n'avait besoin d'en savoir davantage. Même son ex-compagne, la femme avec qui il avait failli se fiancer, n'était pas au courant de ça. Tout le monde a le droit d'avoir son jardin secret après tout, n'est-ce pas ?
L'approbation de Jinzo était visible dans ses propos ainsi que dans sa façon d'agir ; cela lui confirmait qu'il était sur la bonne voie, l'encourageant ainsi à continuer. Intérieurement, Altaïr se félicitait de son sang froid ainsi que de sa réactivité et de sa capacité à s'adapter à la situation. Un petit bonus pour son instinct qui l'avait poussé à franchir le seuil de la porte de cet appartement, ainsi qu'à entamer une conversation à demi-mots, certes, mais qui pourrait lui couter très cher.

Plus que tout, le directeur de l'académie espérait ne pas se tromper.
L'échec n'était pas admissible dans sa tête et pourtant son god complex n'était pas assez virulent pour le faire se croire immortel. Maintenant plus que jamais, Altaïr savait ne pas être intouchable.

Le japonais confirma qu'ils n'avaient pas de risque d'être entendus et pourtant, le brun resta sur ses gardes. Quand il proposa la chambre en raison de son absence de fenêtre, le sénégalais s'écarta avant d'ouvrir un bras, faisant mine de lui laisser lui montrer le chemin qu'il suivit à son tour. La porte se referma sur eux, enfin complètement isolés du monde et au calme.

- Comment êtes-vous sûr que je n'ai pas de micros sur moi ?

Après tout, ça pouvait bien être lui le méchant de l'histoire, il le savait parfaitement.
D'un coup d'oeil rapide, Altaïr étudia la chambre. Sobre. Une salle de bain au fond, une armoire sur un côté. Un lit de place, une commode, rien d'incroyable. Pas de décoration. Pas de trace de passage. Le rien et le tout à la fois. L'appartement ressemblait un peu trop à son propriétaire. Son dos s'appuya contre la porte alors qu'il prenait une inspiration.

Il restait sur ses gardes de toute façon, il acceptait de parler oui, il avait déjà reconnu des choses mais rien qui ne pourrait véritablement lui attirer des ennuis, le mafieux avait des années de pratique quand il s'agissait de couvrir ses traces dans ce genre de domaine. La conversation s'étirait, mais pour l'instant c'était le brun qui avait prit le plus de risque dans ce qu'il avait dit, et visiblement le japonais ne comptait pas le rattraper de si tôt.

De son côté, il savait qu'il ne ferait rien, il n'avait aucunement l'intention de le dénoncer aux anglais ou à qui que ce soit, et il n'avait fait aucun effort pour enregistrer cette conversation qui aurait pu être utile un moment ou un autre. Mais c'était le genre de choses qu'Altaïr ne savait pas et qu'il ne comptait pas lui dire, le genre de doutes qui continue de planer sur une conversation comme celle qu'ils allaient sans doute avoir sous peu. Il voyait bien dans son attitude qu'il était tendu, presque nerveux, rien avoir avec la confiance en soi débordante qu'il pouvait afficher habituellement. Et ce n'était pas de lui qu'il se méfiait même s'il aurait pu.

Suivant son geste, il s'écarta du plan de travail contre lequel il était légèrement appuyé pour aller dans sa chambre. Quelques pas, une porte qui se referme derrière le directeur et les voilà au calme. Une fenêtre dans un coin mais aux rideaux soigneusement clos, et au delà rien de plus que des placards nus et des portes fermées. Rien qui ne dévoilerait quoi que ce soit sur lui, aucune décoration, aucun article visible à l'exception d'un livre et d'un poignard posé sur la table de nuit. Il laisse le temps au brun de regarder l'endroit, remarquant seulement à ce détail qu'il n'avait jamais mis les pieds dans sa chambre jusque là. Curieux. Ses mots font s'étirer un fin sourire sur ses lèvres, ironique.

- Si c'était le cas vous seriez un bien mauvais espion à être aussi nerveux

Pathétique même, une attitude si éloignée de ce qu'il était habituellement ne pouvais qu'inciter à la méfiance au final même si cela pourrait se comprendre par le côté inhabituel de ce qu'il devait faire. Enfin, ce n'était pas quelque chose auquel le grisé pouvait croire, à la façon dont il se comportait, ses regards, ce n'était pas lui qui l'inquiétait mais bien ce qu'il se passait en dehors. S'approchant de lui, son regard planté dans le sien et quelques centimètres seulement finirent par les séparer.

- Et aussi parce que je ne vous crois pas assez fou pour venir après quelqu'un comme moi

Parce que tôt ou tard ce serait payé, Altaïr devait bien le savoir, et savoir de quoi il était capable aussi, ayant eu un aperçu de sa folie meurtrière dans son dossier. Et vu qu'il n'était pas le genre à se salir les mains, ce ne serait certainement pas en s'opposant à lui qu'il commencerait. Finalement il s'écarte, ouvrant brièvement le placard pour en sortir un petit boitier noir avant de le refermer. Un bouton enclenché sur le côté.

- Un brouilleur d'onde qui couvre la chambre. Aucun micro, aucun téléphone ne fonctionne. Et si votre prochaine question concerne les enregistrements, disons qu'il faut bien mourir un jour de quelque chose

Rien n'est infaillible et ils perdraient trop de temps. Sans compter qu'il restait possible que les anglais aient vu Altaïr rentrer dans ce bâtiment, et plus leur conversation durait, plus il y avait un risque. Il plonge son regard dans le sien, attendant finalement qu'il parle.

Le prince ne releva pas le ton presque dédaigneux du japonais. Après tout, la remarque était légitime.

- Je ne suis pas un homme de terrain, en effet.

Être dans les bureaux lui convenait très bien. A tout régler d'en haut, à l'abris. Son job à lui c'était la stratégie : être le cerveau de l'opération, penser plus que tout le monde, dans tous les sens et toutes les directions pour être sûr et certain de ne rien laisser au hasard. Que rien ne puisse lui, leur porter par la suite préjudice. Alors non. Un espion, non. Un combattant, certainement pas.
Lorsque le propriétaire des lieux se rapprocha, le brun n'esquissa aucun mouvement de fuite. Son menton se redressa légèrement pour paraître plus droit, plus digne. C'était infime mais cela faisant toute la différence. Malgré le fait que le mafieux le dépasse de quelques centimètres, il ne voulait pas le regarder d'en-dessous. Droit dans les yeux. C'est comme ça qu'on s'impose. On lui avait appris à ne jamais baisser les yeux, il n'était pas un serpent.
Il était né prince, il finirait roi.

Takeda transpirait la confiance. Etonnement, ça n'intimidait pas le directeur de l'académie, au contraire. Cela lui faisait retrouver des barrières solides. Ses muscles se détendirent légèrement : il était en terrain connu. Les traits de son visage s'affinèrent de nouveau et la panthère se sentit plus souple, plus à l'aise. Plus confiante.
Il ne s'était pas rendu compte d'à quel point l'anxiété s'était enroulée autour de sa gorge comme le sournois ver qu'elle était.
Le boitier lui tira un haussement de sourcils, les mots qui suivirent, un sourire en coin amusé. Il ne perdait pas de temps mais Altaïr savait que c'était pour sa sécurité.

- Il sera un allié de taille et fiable. C'est une bonne opportunité pour inverser le rapport de puissance de la ville. Quand pensez-vous pouvoir avoir une réponse de l'Est à mon urgence ? Je retournerai bien à l'hôpital par la suite, mais je doute d'être d'une quelconque protection et à part me mettre davantage en danger, cela ne servirait à rien. Mais vous savez comme moi que plus le temps passe, plus le danger s'installe.

Altaïr jeta un coup d'oeil à la fenêtre avant de passer sa main dans sa nuque, se déplaçant de quelques pas pour se mettre dos au policier.

- Je vous aiderais, cela va de soi. Cela fait quelques semaines que mes ... relations avec notre ami commun se dégradent. Je préfère prendre les devants sur notre divorce.

Il n'avait aucun mépris pour cette caractéristique. Chacun son domaine et il savait depuis le début que l'action n'était pas celui du brun, raison de plus de ne pas croire qu'on l'aurait envoyé l'espionner. Sans compter que de base il n'avait aucune raison de lui confier quoi que ce soit ou d'être proche de lui, ce qu'il s'était passé entre eux n'avait jamais franchit les murs de la pièce.

Alors qu'il s'approche, il voit bien l'homme qui se redresse, fierté ou quelque chose comme cela. Qu'importe pour lui, ce n'était pas vraiment ce qui l'intéressait et s'il voulait vraiment se montrer imposant ou quoi que ce soit du genre il ne se serait pas contenter de ça. Il voulait juste montrer son point et visiblement cela fonctionnait, s'il devait en juger par le changement d'attitude. Plus calme il serait plus facile de discuter et de planifier. Autrement il n'avait pas besoin de rappeler ce qu'il était capable de faire, et ferait si besoin était, son vis-à-vis le savait déjà et ce n'était pas le genre du japonais de se venter, il agissait, simplement.

Ils étaient tous les deux bien différents, chacun avec sa fierté mais pas utilisée de la même façon. Le japonais n'avait aucun mal à s'écraser quand il le fallait, laissant couler une situation sans qu'elle ne l'atteigne pour mieux frapper derrière, peu importait le temps que cela prenait. Une fois le boitier allumé, le japonais le posa sur le lit avant de se déplacer silencieusement de quelques pas pour se mettre le long du mur, toujours aussi calme et détaché d'apparence mais les sens en alerte, on était jamais trop prudent malgré tout.

- Fiable ? J'ai de sérieux doute sur la capacité de cet homme à être capable de s'investir dans quelque chose d'autres que lui même.

Comme Altaïr en quelque sorte. Lui, tout le temps où il était là. Mais depuis son entrée, et avec son retour, dans le clan, il travaillait et vivait avant tout pour le clan. C'était quelque chose qu'il savait les deux hommes incapables de faire et la raison pour laquelle il ne comptait pas accorder la moindre confiance à ce nouveau venu. En cas de problème, il se choisirait lui même c'était évident, et ce n'était pas quelqu'un que le japonais pouvait qualifier de fiable. Utile en revanche, cela se discutait, et il avait déjà quelques idées sur le sujet.

- Mais il pourrait avoir son utilité, en effet. Avoir la réponse ne sera pas long

Il avait leur confiance désormais, et s'il présentait le tout comme un véritable atout, quelques heures suffiraient amplement à placer le russe sous la protection des yakuzas.

- Vous le dites en danger mais quel danger ?

Il y avait bien les anglais qui avaient toujours une dent contre lui mais il n'y avait aucun doute que le brun n'aurait pas fait un tel cirque pour la dernière lubie d'Edward. D'ailleurs le voilà qui arrivait sur la scène de la conversation cet idiot.

- C'est ce que j'avais cru remarquer en effet. Qu'est-ce-que vous attendez de nous ?

Pour lui. Est ce qu'il voulait une collaboration comme il avait avec les anglais ? Parce qu'à l'inverse des mafias occidentales, les clans orientaux étaient surtout basés sur la confiance entre les membres et ce n'était pas quelque chose qui était à l'ordre du jour, aussi il allait devoir manier ses cartes avec précaution pour mettre le tout sur pied.

- C'est justement parce qu'il s'investit pour lui-même, qu'il l'est. Si il est dans son intérêt de collaborer avec vous, il sera plus loyal que n'importe qui. Je n'en doute pas.

Putain, ce crétin de russe avait vraiment intérêt à se tenir à carreaux. Il n'avait même pas idée d'à quel point son ami d'enfance risquait sa couronne et sa tête à cet instant. Cela ne lui rendait pas service loin de là. Et pourtant, Altaïr ne comptait pas se vanter devant le blessé. Est-ce qu'Andrej saurait tous les risques qu'il courrait sur l'instant ? Non. Il allait guérir, bien sagement, accepter ce qu'il lui avait trouvé et qui ne pouvait pour l'instant pas être mieux et se taire. Et puis une alliance ne voulait pas dire être un sous-fifre : il pourrait continuer à travailler et à évoluer indépendamment. Et certainement dans la paix avec les prochains nouveaux "dirigeants" de l'île. Quand à ce qu'il déciderait de faire par la suite ... Altaïr ne pouvait pas s'en porter garant, après tout Andrej était adulte. Mais il était certainement que le russe pouvait avoir une utilité dans la destruction du groupe armé principal de Lifelam. Un pas à la fois. Il fallait être prudent.
Ce qui viendrait dans les mois à venir, ne le concernerait plus.

La distance qu'il avait volontairement mise entre eux lui permettait autant de souffler que de réfléchir. Son esprit s'apaisait doucement mais à l'inverse, un mal de crâne commençait à pointer le bout de son nez.

- Peut-être connaissez vous le nom de "Dabrowski" ? C'est une grosse pointure en Russie, un vieil ami de mon père mais une personne avec laquelle je m'entends relativement peu. Et le père de votre j'espère très bientôt, nouveau collaborateur. Disons que tous les géniteurs n'ont pas la même affection pour leur progéniture. Mon ami n'est pas qu'une tâche dans le beau paysage d'Edward, mais dans celui de beaucoup de gens. C'est également pour cela qu'il est plus fiable que ce que l'on pense.

Parce que personne n'avait réussi à l'avoir au préalable, justement.
Concernant la seconde question, le directeur marqua un arrêt, réfléchissant et choisissant ses mots avec soin avant de se tourner de nouveau vers le japonais. Son regard coula sur le torse blessé, toujours à moitié découvert. Où était passée la pudeur japonaise ? Ah oui, ce n'était pas un mot que Takeda semblait connaître.

- J'ai rencontré il y a quelques temps un certain Masao. Un bel esprit et beaucoup de tatouages pour un japonais. Altaïr laissa couler un silence serein. Je commence à fatiguer de devoir changer d'amis tous les six mois parce qu'ils se révèlent irrespectueux et ... hautement. Inutiles.

Et il pesait ses mots. Les asiatiques avaient un charme, une tenue et une prestance que les occidentaux leur enviaient et avec lesquels le sénégalais était bien plus à l'aise. Plus dans son élément. La confiance se faisait rare ces derniers temps. Il avait tout à y gagner de pouvoir tisser de nouvelle relation de foi.

- Et quand son intérêt pour la collaboration ce sera amoindri, ce ne sera plus le cas nous sommes donc bien d'accord sur ce point

Il ne lui demandait pas de se porter garant, loin de là ce serait idiot. Là encore, ce n'était qu'un simple constat des choses. S'il était avant tout exécuteur, il avait aussi été formé pour diriger une partie des choses et il savait ce qu'il faisait dans ce domaine. Si le russe et eux pouvaient s'utiliser mutuellement pour arriver à ce qu'il voulait, cela pouvait profiter à tout le monde, ils n'avaient pas besoin de plus et se conteraient d'une entente cordiale sur le territoire une fois que tout serait en place comme ils le souhaitaient. Accueillir quelqu'un comme lui au sein des yakuzas était tout bonnement hors de questions, mais une légère association sur certains points s'entendait et serait sans doute facile à faire accepter. Et s'il restait concentré sur ce qu'il se passait dans la chambre, une partie de son esprit réfléchissait déjà à ce qu'il savait sur l'homme pour voir comme il pourrait en tirer le meilleur partie pour son clan. La protection serait actée au moins jusqu'à sa sortie de l'hôpital histoire qu'ils puissent parler des détails à l'abris des oreilles indiscrètes.

Ecoutant l'explication du brun, il retient ce qu'il y avait d'intéressant pour eux, prévoyant en même temps de faire des recherches sur cet homme. La joie des relations de famille apparemment, ce à quoi le japonais était plutôt satisfait d'échapper. Le nom en lui même ne lui disait rien, mais les noms n'avaient jamais été son fort, et surement qu'en regardant ce que faisait cet homme il se rappellerait en avoir entendu parler.

- L'idée serait donc de se débarrasser de cet homme à terme ?

Il en parle comme il parlerait de la pluie et du beau temps. Tuer quelqu'un n'a rien d'exceptionnel pour lui, c'est aussi normal et naturel que d'ouvrir une porte, et guère plus long. Et le fait que la cible soit quelqu'un d'important...Et bien tant pis, il suffirait de trouver quelque chose pour qu'on ne remonte pas jusqu'à eux. Eliminer des gens influents du monde du pas vraiment légal n'était pas une nouveauté non plus et il avait un peu de temps pour planifier le tout. Sans compter qu'il n'était pas seul pour faire cela.

Il lui laisse le temps de réfléchir à sa question, une cigarette trouvant finalement le chemin de ses lèvres. Le léger bruit d'un briquet qui laisse échapper sa flamme, et la première bouffée qui passe ses lèvres. Toujours cette habitude qu'il avait. Habitude aussi de ne pas se soucier des normes sociales ou des clichés d'un pays, qui lui ai rappelé par le regard vert sur son torse sans pour autant que cela ne le gêne.

- Il m'en a parlé oui

Ils avaient retrouvés leur proximité, et Masao lui avait parlé de cette rencontre au détour d'une conversation, le souvenir quelque peut teinté d'amertume quand il avait apprit que le sénégalais travaillait avec la mafia anglaise.

- Cela ne me dit pas ce que vous espérez en retirer. Quelque chose de semblable à ce que vous aviez avec Edward ?

Mettre à profit les talents du brun ne serait pas quelque chose de compliqué et lui semblait y trouver ses propres avantages. Les amis puissants, le pouvoir qui en découlait peut être.

- Ce ne sera pas quelque chose de facile j'espère que vous vous en doutez

S'il pouvait prendre sans risque la responsabilité de dire que son ami serait mis sous protection au moins jusqu'à sa sortie de l'hôpital et la discussion qu'ils auraient sur un éventuel futur accord, il n'en était pas de même pour lui. Ce qu'il faisait imposait un niveau de confiance assez grands pour lui confier au moins une partie de leurs projets et de lui laisser accès à de nombreuses informations. Ce n'était pas quelque chose que les japonais allaient accepter facilement, même lui n'était pas sûr de le vouloir. La confiance ça se mérite.

- J'en parlerais néanmoins mais il est probable que cela prendre du temps. Bien sûr, vous serez protéger le temps que nous nous débarrassions des anglais puisque vous êtes inclus directement dans ce projet

Il n'avait aucun doute sur son utilité dans cette manœuvre et il fallait au moins ça pour s'assurer qu'il reste les aider et ne les trahisse pas auprès d'Edward. Pour le reste...Et bien il n'était pas seul juge et ne savait même pas comment se positionner alors il préférait rester prudent sur l'issue.

- A terme, pourquoi pas mais ceci ne me concerne pas. Je ne suis pas là pour détruire des vies, l'assassinat n'est pas mon point fort. En revanche, il n'y a parfois pas d'autres moyens d'éloigner certains problèmes.

Altaïr se plongea quelques secondes dans ses pensées. L'idée de mettre un terme à la vie du père de son vieil ami ne lui plaisait pas spécialement. Même s'il n'avait pas plus que ça d'affinité avec le vieil homme, l'éphèbe n'était pas un idiot fini bien loin de là : toujours à Dabrowski-père, c'était s'exposer à des représailles. Malheureusement pour lui, le prince n'avait qu'une vague idée de l'influence et des contacts du russe. Des suppositions ça oui, comme tout le monde mais avec précision ... la variable était un x incertain. Et cela l'ennuyait fermement. D'ailleurs, il commençait inconsciemment à se mordiller le côté de la langue, signe mince d'une anxiété pourtant bien présente.

- Il m'en a parlé oui. Cela ne me dit pas ce que vous espérez en retirer. Quelque chose de semblable à ce que vous aviez avec Edward ? Ce ne sera pas quelque chose de facile j'espère que vous vous en doutez. J'en parlerais néanmoins mais il est probable que cela prendre du temps. Bien sûr, vous serez protéger le temps que nous nous débarrassions des anglais puisque vous êtes inclus directement dans ce projet.

Le brun hocha la tête en signe de compréhension. Evidemment que cela ne serait pas aussi aisé qu'avec le roastbeef, les japonais étaient connus pour leur conformisme et leurs tendances sectaires. Pourtant, cela leur donnait plus de poids dans les alliances justement : une confiance plus juste, des liens plus forts. Plus stables. Plus fiers.
L'idée lui plaisait, le tentait. Altaïr allait y travailler, pas besoin d'y réfléchir particulièrement car sa décision avait été prise au moment où il s'était mis en route pour l'appartement de Jinzo.

- Quand pensez-vous pouvoir les contacter ? Voulez-vous m'accompagner voir Andrej à l'hôpital dès ce soir ?

Le temps pressait et malgré son amour des convenances et de la bienséance, le directeur de l'académie savait qu'il n'avait pas le temps de s'étaler en fioritures. Son regard appuyé se posa dans les yeux du japonais en attendant sa réponse qu'il espérait grandement être positive.

- Je verrais cela avec lui alors je suppose

Après tout, dans l'idée cela ne le concernait pas, ce qu'il advenait de cet homme. Et surtout il y avait d'autres paramètres à évaluer, de son côté en tout cas, avant de faire quoi que ce soit de ce domaine. Le japonais était trop versé dans ce genre d'intrigue pour ne pas savoir qu'il valait mieux parfois laisser quelqu'un en vie que de risquer une crise plus massive en le tuant. Et visiblement, quelque chose gênait aussi le directeur s'il devait en juger par la mine qu'il affichait présentement.

- Quelque chose vous gêne sur ce sujet on dirait

Ce n'était pas spécialement une question, la réponse pourrait être intéressante pour lui mais ce n'était pas sa priorité, c'était plus une constatation qu'autre chose. Il aurait tout loisir de se renseigner de son côté, voir pourquoi pas confirmer ce qu'il trouverait avec le fils de l'intéressé mais dans un second temps. Il n'avait pas pour habitude de faire confiance aux autres et encore moins à des gens comme lui. Bref.

Donc il voulait rejoindre les japonais en temps qu'allié...En un sens c'était prévisible vu l'état de ses relations avec Edward et le futur proche funeste de la mafia anglaise. Après est ce que cela se ferait, le grisé n'en savait rien et n'était de toute façon pas le seul à pouvoir décider de ce genre de choses. Il faudrait du temps mais au moins le Sénégalais était prévenue de la chose et de sa probable difficulté. Jin ne savait même pas quelle position il allait choisir dans cette histoire tout en se gardant bien de le dire, il aurait l'occasion d'y réfléchir plus tard. Son regard se planta dans le sien au travers des mèches grises sans hésitation.

- Je dois les voir d'ici une heure de toute façon pour discuter de tous nos projets en cours, je leur en parlerais en même temps et je vous rejoindrais à l'hôpital derrière pour vous dire comment le tout ce sera passé si cela vous va.

Et commencer par la même occasion leur travail de protection, à condition que l'autre soit d'accord avec ce qui allait être décidé mais il aviserait à ce moment là.

- Je ne resterais pas longtemps mais d'autres prendront ma suite même si vous ne les verrez pas forcément

Lui ne pouvait pas se permettre de rester, il y avait trop de risque d'attirer l'attention d'Edward sur ce qu'il se passait entre eux trois. Déjà une visite n'était pas forcément prudent mais il savait aussi couvrir ses traces. Le reste serait plus discret de toute façon et ce n'était qu'histoire de maintenir les apparences encore quelques temps ce ne serait bientôt plus la peine.

Il n'attendait plus que de s'assurer que le directeur serait d'accord avec ce déroulement des évènements. Comme ça, lui pourrait retourner auprès de son ami pendant que le japonais irait s'entretenir de tout cela avec son clan.

- Quelque chose vous gêne sur ce sujet on dirait.

Altaïr leva la tête vers le propriétaire des lieux, stagnant quelques secondes sur son visage avant d'hausser un sourcil dubitatif. Parfois, le japonais lui paraissait véritablement dans un autre monde. Est-ce qu'à force de liquider des gens, il n'avait juste plus conscience de la valeur d'une vie ? Bon ... On ne peut pas dire que lui-même soit un fervent partisan des droits de l'existence de chaque entité sur cette planète, mais il prenait tout de même gare à qui il tenait à ... disons "écarter" de son chemin. Cela dit, quelqu'un de mort ne pose plus de problème, tandis qu'une personne affaiblie peut aisément se venger.
Balayant le sujet d'un geste rapide de la main, le brun poussa un mince soupir.

- Non. Tout va bien, merci.

Le directeur fit volte-face, s'approchant de la porte en marquant davantage la distance entre eux avant de masser sa nuque d'une main agacée. Il allait avoir besoin d'un véritable temps de calme. De préférence avec une masseuse professionnelle, à domicile. Dans le plus grand des silences et loin de tous les tracas ... Bon, il ne fallait pas rêver non plus mais espérons toujours.

- Je dois les voir d'ici une heure de toute façon pour discuter de tous nos projets en cours, je leur en parlerais en même temps et je vous rejoindrais à l'hôpital derrière pour vous dire comment le tout ce sera passé si cela vous va. Je ne resterais pas longtemps mais d'autres prendront ma suite même si vous ne les verrez pas forcément.

Le sénégalais hocha la tête avant de glisser un regard en coin à l'étranger. Intérieurement agacé par son manque de tenue, il ne laissait pourtant rien transparaître à part un léger froncement de sourcils contrits.

- Parfait. Dans ce cas là, je prends de l'avance. Je vous y attends vite.

Le brun ouvrit la porte de la chambre, récupéra sa veste et se rhabilla complètement avant de tourner la tête vers Jinzo qui n'avait visiblement pas bougé.

- ... Merci Jinzo.

Il sentait que les mots lui avaient piqué la bouche, il n'était pas dans ses habitudes de remercier sincèrement "le bas-peuple". Mais pour le coup, il lui en devait une. Et une grosse. Il s'agaçait lui-même à être si perturbé par la présence de l'autre.

- J'y vais. A tout à l'heure. Dit-il en refermant la porte derrière lui.