Rikers - Agrafes et cyborg

C’est arrivé trop vite, sans que tu n’aies le temps réellement de comprendre ce qui se passait. Tu avais bien vu, au repas, qu’Eren était pas en forme. T’avais bien dû le trainer pour qu’il se douche, parce qu’un puant dans la cellule, non merci. Puis parce que tu voulais rentrer dans ce qui était “normal”, plus confortable. Tu savais pas quoi faire pour comprendre ce qui n’allait pas, il parlait pas et tu savais pas demander, alors t’avais fait comme si ça allait à peu près, mais c’était pas le cas. Tu comprenais pas et il t’expliquait pas, comment ça aurait pu marcher ? Peut-être qu’Icare aurait ou avait eu plus de chance, tu sais pas trop. Peut-être que ça attendrait juste le jeudi, où vous vous installeriez tous les trois les uns contre les autres, et que ça irait mieux après.

Mais les gars débarquent et vous menacent, et ça a l’air très vrai. Un danger auquel tu n’as encore jamais été exposé, tu remarques une lame, ta tête tique, la possibilité qu’il soit blessé, que vous soyez blessés, qu’ils s’enferment avec vous et que la chair soit exposée. Tout ce qu’on peut faire avec un couteau à un corps humain. Tu sais mais t’as pas envie que ça arrive. Ni à toi, ni à Eren, ni à Icare qui semble pourtant avoir déjà abandonné la moitié de sa propre peau.

Effrayé plus que tu ne veux le montrer, tassé sous la menace, tu n’oses rien dire mais ton regard appelle à l’aide. Les gars l’embarquent et t’as rien osé faire. Pas plus qu’Eren qui a pas bougé, qui a pas moufté. Eren la grande gueule, silencieux. T’aurais dû insister. Quand on vous fait comprendre que les suivre ce sera pas une bonne idée pourtant, tu fais que hocher la tête, mécaniquement. Silencieusement. Si tu parles, tu vomis, et c’est pas très impressionnant. La cellule se vide presque aussi vite qu’elle s’est remplie, et ta tête est entièrement vide. Y’a juste que t’as rien fait pour l’aider, qu’il est pas là et qu’il va avoir des ennuis, forcément.

Lui, il se serait interposé ?

Tu veux pas y réfléchir. Tu veux garder la vague certitude que oui, même si ça aurait rien arrangé du tout. Tu fixe la porte avec hébètement, un instant, et plus loin leurs quatre silhouettes. Ca devait pas arriver, ça, on aurait pas dû t’arracher un repère comme ça.

“On fait quoi ?”, même ta voix est livide. Tu as l’impression que c’est uniquement ta prothèse qui fait tourner a tête vers Icare, indépendamment de ta volonté. Ce serait rassurant qu’il soit aussi perdu que toi. Ca le serait encore plus qu’il sache quoi faire. “On… on peut pas le laisser comme ça…. On va chercher des gardes ?”

Il vous reste un peu de temps, avant que les cellules se referment, après tout. Tu ignores ce que deux gars comme vous pourraient avoir comme crédibilité face aux gardes. Si votre récit tiendrait la route. Si ça aiderait Eren, ou si ça empirerait la situation.

“Icare, on fait quoi ?”

T’es juste pas en état de prendre une décision.

Tu écarquilles les yeux lorsque que ton copiaule parle masturbation - oui tu sais faire, non pas quand il y a des gens - et secoue négativement la tête. Pas le sujet du tout !

“Icare !”, feules-tu, comme si c’était le moment de parler de ça. Tu es encore un peu coincé, malgré vos explications sur le sujet.

Et pendant un instant, tu penses qu’il va faire quelque chose. Ca te rassure, parce que toi, là, tu es totalement paumé. Entre la trouille - vous pouvez pas les attaquer pour récupérer Eren, ils sont armés, plus nombreux et vous, vous avez juste un Icare en stock - mais il crie. Et bien sûr, votre troisième copiaule ne répond pas, même s’il a dû entendre. Il peut pas répondre. Tu as un rire nerveux quand Icare te demande si ça va.

“Mais…mais… Mais pourquoi je t’ai demandé ? Qu’est-ce qui me passe par la tête parfois ?”, ta voix part un peu dans les aigus, tu te passes les mains dans les cheveux, tirant dessus pour te reprendre. “Juste UNE FOIS être sérieux deux minutes !”

Tu paniques. Complètement. Tu as peur pour Eren, tu n’aimes pas ce sentiment, c’est quelqu’un sur qui tu peux compter normalement, pas quelqu’un qui disparaît dans les emmerdes. Même si au fond, c’est logique, vu comme il s’y frotte, qu’il finisse par y tomber en plein dedans. Mais tu te pardonneras pas s’il lui arrive un truc, et que t’as juste regardé sa silhouette encadrée de molosses, sans rien faire.

Tu t’arrêtes au bout de deux pas, fixant Icare avant de t’approcher de lui et lui attraper le poignet avec assurance. Tu n’aimes pas toucher les gens en général, encore moins qu’ils te touchent, mais lui ça commence à aller. Tu salives juste un peu, à cette chair écorchée qui ravive ce que tu as muselé pour l’instant. On bouffe pas les copiaules. Par habitude, tu fixes le bracelet, tend ta main libre et le fait claquer. A force, il y a une marque qui ne part plus vraiment…

“Viens, on va chercher un gardien.”, peut-être pas l’idée la plus brillante que tu aies pu avoir. Mais dans ton crâne, il n’y a plus rien qui fonctionne correctement.

Alors tu essayes de vous mettre en mouvement, en espérant qu’ils suivent. En espérant pas vous retrouver coincés dans les couloirs, à la merci des gardiens. Ou qu’on vous écoute. Il y a plein de choses qui pourraient ne pas aller…

Sans surprise, vous ne bougez pas. Tu sens Icare se tendre un peu, mais rien. Et s’il veut pas bouger, lui, c’est pas toi qui va le mettre en mouvement, c’est une certitude. Tu le regarde sourire et tu te renfrognes, comprenant mal : ça doit l’amuser de te voir batailler sans résultat. Puis aligner les arguments, un à un, pour souligner que vous n’arriverez à rien. Tu te mords la lèvre, fort, il a raison mais tu n’aimes pas être impuissant…

Tu laisses échapper un couinement quand Icare te rappelle qu’il a de meilleurs réflexes que toi, et tu lèves les yeux vers les siens, habitué à toujours plutôt regarder le sol. Au début, tu ne comprends pas. La promiscuité ne te gêne presque pas, ça va parce que c’est lui, parce qu’il y a ces chairs presque à vif qui font naître bien d’autres pensées que protéger ta colonne de son bras placé au milieu de ton dos. Il faut bien qu’il te saisisse le menton, qu’il explicite encore, pour que tu clignes des yeux…

Tu dois lui répondre, mais tu déglutis à la place. Il y a sa main contre ton menton, sa chair à portée, ton coeur qui accélère et toi qui restes figé là, comme un idiot, les lèvres entr’ouvertes. Ton envie, pure, animale presque, se dispute quelques instants avec ton inquiétude pour Eren.

Ce sont les grilles de la cellule qui tranchent pour toi en claquant, vous enfermant tous les deux ; Eren ne pourra plus vous rejoindre, et vous ne pourrez plus courir après un maton qui pourrait ou non vous aider. Si ton regard fuit derrière vous, un instant, tu reviens à Icare.

Pas les copiaules.

Mais tu salives quand même un peu.

“Je… avec ta peau, enfin, ta chair, je… je risque de te faire mal.”

Tu lèves la main pour la poser délicatement sur la naissance de sa gorge. Tu sais, face à ça, que ce n’est pas un simple bout de caoutchouc qui va te faire rester sage.

“Vraiment mal, Icare, je suis sérieux…”

Et pourtant, quelque chose en toi aimerait qu’il ait compris. Et qu’il t’acceptes comme ça.

Candy fige et l'expression qui change sur son visage, c'est le meilleur moment de sa journée.
Passer de l'inquiétude à l'hésitation, la surprise et l'incompréhension. Et puis cette étincelle. Minuscule flamme, début de lumière qui scintille dans l'immensité bleuté de ses iris trop souvent éteintes.
L'appel de la chair, au sens propre du terme.

Le bout des doigts de l'écorché pianote avec légèreté contre les reins de la princesse, appréciant le murmure rêche de la combinaison alors que ses yeux se fixent sur la pomme d'Adam mince et pourtant présente qui lui fait face. Il déglutit. Et lui, il sourit. D'un rictus à la fois teinté de surprise et d'excitation, tandis que ses yeux s'ouvrent un peu plus. Ça pince, tout au fond de son estomac, ça chauffe. L'écrasement de la grille sur le béton n'est qu'un signal pour le sortir de la tornade dans laquelle son esprit était en train de plonger tête baissée.

- Je… avec ta peau, enfin, ta chair, je… je risque de te faire mal.

Yeah, that's the whole point.

- Vraiment mal, Icare, je suis sérieux…

La peau du japonais tressaille sous les ongles qui courent sur sa gorge. Sans crier gare, il se saisit du poignet et entraine à reculons le plus jeune vers le fond de la cellule. Son souffle s'accélère à chaque pas comme s'ils étaient un effort insoutenable, mais Icare n'était pas dupe : suivant la légende, il était sur le point de se brûler les ailes.

- Ah ouais ?

Ouais, surement très, surement beaucoup. Il avait hâte de voir ça.
D'une pression de la paume, il précipita Candy vers l'un des lits du bas de leur cellule, ouvrant sa combinaison de sorte qu'elle tombe sur ses hanches anguleuses avant de plaquer ses paumes sur l'armature gelé. La glace du métal pénétra ses phalanges jusqu'à l'os alors qu'il serrait pour s'empêcher de lui sauter dessus.

- Fais pas genre t'en n'as pas envie, princesse. J'te vois me mater quand tu crois que j'te vois pas.

Ambiguë sont ses paroles mais dans son esprit, tout est clair : la chair à vif a besoin d'être dévorée. Que ça lui provoque une excitation sexuelle ne change rien à ce fait simple.

Tu t’es toujours demandé. Si ça lui fait mal, comment la chair est innervée. C’est fascinant. Tu y penses souvent, tu t’abîmes souvent le poignet quand ça arrive. Mais les questions ne franchissent jamais tes lèvres, il ne te répondrait pas ; de toute façon, il t’attire et tu couines sans réellement lutter.

Tu as prévenu, après tout, la suite, tu ne garantis plus rien. T’es trop affamé, ça se voit trop dans tes yeux. Tu lui jettes un de tes regards à moitié vexé à moitié renfrogné et 100% pas crédible, quand tu te retrouves sur un lit. Il te bloque tout entier et tu ne songes même pas à t’enfuir. Juste, tu rougis. Quand il te fait remarquer qu’il a vu que tu matais, quand ton regard coule sur son corps à moitié dénudé. Ca fait naître quelque chose de violent, dans ton estomac. Dans tes gencives. Ton corps entier réclame de planter ses griffes dans le sien.

“Au moins j’manque pas de te baver dessus la nuit, moi.”, tu te défends comme tu peux. Réflexe durement acquis avec tes deux copiaules.

Tu laisses passer une seconde avant de te décider. Il sait. Il accepte. Est-ce que tu peux demander quelque chose de plus ? Ta main revient à l’assaut, mais cette fois c’est pour passer sur sa nuque et tirer. Qu’il vienne à toi, que tu viennes à lui, c’est un peu pareil, tu te sers de cette prise pour rapprocher vos corps. Tu ouvres la bouche, oublies que tu pourrais l’embrasser. Non, tu vises directement le trapèze, dans la chair, et tu mords. Ses doigts se verrouillent comme tes dents sur sa peau.

Tu dois lui faire mal. Il faut arrêter… Il faut…

“Hnph…”

Tu réussis à décrocher ta mâchoire, quand le goût du sang pointe, et pourtant… Tu n’arrives pas à t’écarter. Le souffle court, tu laisses tes lèvres au-dessus de la blessure. Ta blessure. Celle qu’il t’a laissée faire. Ca t’enivre…

“Icare…”, du bout du nez, tu frôles la gorge à vif. “Je peux vraiment ?”

Putain. Il était bandant comme ça. A le regarder d'en bas avec autant de retenue que d'envie. Les yeux fragiles d'Icare dévorait sans aucune vergogne le corps vertueux de la princesse en-dessous de lui. Il pouvait sentir l'excitation et le désir s'emmêler à l'odeur de métal de la pièce.

- Au moins j’manque pas de te baver dessus la nuit, moi.

Il aurait pu rire. Il aurait dû, socialement parlant mais l'animal se sentait incapable de modifier son expression faciale. Les yeux aiguisés du faucon glissèrent du haut au bas du corps du blond, avant de remonter s'arrêter sur sa bouche. Sur ses lèvres. Et sur ce qui l'intéressait plus que tout à cet instant, à savoir les petites perles aiguisées et blanches qu'il arrivait à entrevoir ou a minima, à imaginer.
Et si ça se plantait dans sa chair, enfin, quelle jouissance en retirerait-il ? Est-ce que le feu du plaisir réussira à parcourir son corps, vibrant dans ses os et s'acharnant dans ses nerfs comme il l'espérait depuis si longtemps ?
Toutes ses questions se stoppent lorsque la main délicate de Candelaria vient se déposer contre sa nuque tendue par la position. Avec une lenteur calculée, le brun se penche au-dessus de son copiaule. Ses genoux des deux côtés de son corps s'enfoncent dans le matelas alors qu'il vient partager son souffle, une demi seconde avant de sentir.
Enfin.

La douleur, le sang qui bat dans ses oreilles. Il retient un râle qu'il ne saurait qualifié encore, de plaisant ou de douloureux. C'est différent quand c'est quelqu'un d'autre. Son corps se tend, aimerait s'échapper à la prise mais l'esprit trop tortueux d'Icare le maintient. Le cerveau défoncé n'écoute pas les cris d'alerte de sa gorge qui brûle.
Et puis l'arrêt. Ça chauffe vite, fort, c'est une sensation qu'il ... apprécie.

- Icare… Douce mélodie à ses oreilles. Son bassin s'appuie contre celui du blond. Il peut se sentir dur déjà et se savoir dans cet état l'excite davantage. Je peux vraiment ?

...
Ahh ...
Sa poigne se referme dans les fils blonds bouffe moi avec brutalité alors qu'il le colle de nouveau contre sa blessure bouffe moi sans se soucier de lui faire mal ou bouffe moi non. Et déjà, il sent que ses hanches ne sauront pas rester en place, que sa gorge se tend d'impatience et que ses yeux roulent en arrière d'une extase qu'il ressent jusqu'à ses lèvres.

- Bouffe moi.

TW : gore, nomnom de gens

Tu sais que tu lui fais mal. Il n’y a pas besoin de gémissements ou de cris. Ca ne peut pas être indolore, et pourtant tu serais incapable de t’éloigner par toi-même. Tu cherches comme excuse qu’Icare te bloque de son corps, et ta main qui n’est pas vissée sur sa nuque cherche le milieu de son dos pour s’y poser. Tu gémis, toi, en le sentant dur contre toi. L’idée de l’exciter a du mal à s’implanter dans ton cerveau. C’est sûrement la morsure, le manque, la position. Mais ça reste toi, le déclencheur, et tes ongles délicats se plantent dans sa peau comme pour marquer ta propriété.

Ton copiaule.

Ta bouffe.

Il te fait mal, avec sa brutalité, sa hâte, et tu es incapable de protester. Tu as le nez dans ses chairs, là, à la bordure entre peau et muscle. Ta bouche s’ouvre, tu attends l’autorisation et quand elle arrive… Tu l’inspire, d’abord. Tu t’enivre de son odeur trop forte. Tu ouvres à nouveau la gueule, grande, béante, et tu t’arrêtes pourtant.

Dans son dos, tes mains se rejoignent pour trifouiller ton poignet droit. Là, quand tu retires le bracelet en caoutchouc pour le balancer, c’est ton dernier frein qui se fait la malle. Ta langue sort de ta bouche, impudique quand elle se pose sur la limite agrafée. Et c’est là que tu attaques ta proie ; c’est une agrafe que tu coinces entre tes dents pour l’arracher sans plus de précautions. Il saigne. Ca devrait t’écoeurer. Avec les ans, tu as pris goût à la viande cuite plutôt que crue.

C’est plus enfantin, plus bestial. Ca n’a plus le pseudo raffinement qui te semblait important.

Peut-être parce que tu n’as pas envie de le tuer avant ; peut-être parce qu’il n’est pas un inconnu, qu’il y a autre chose. Quand tes dents râclent le musle pour tirer la peau, quand elle se décolle, tu arrêtes de penser. Ca pisse le sang, rapidement, et tu te fous d’en mettre sur ton menton. Tu as un mouvement de cisaillement… Et tu le mâches.

C’est fort. Intense.

Personne t’avait jamais nourri volontairement. Personne savait. Personne aurait accepté.

C’est nouveau, le sentiment de possessivité qui t’étreint ; quand tes mains glissent, jusqu’à ses fesses, pour le tenir fermement contre ton bassin. Quand tu mords dans le muscle à vif, malgré le sang, malgré sa douleur, dans l’espoir d’en arracher un bout. Tes doigts malaxent, tes dents scient sciemment. Puis tu tires, tires. Tu relâches, observe. Quelque part, tu songes qu’il faudrait pas qu’il ait trop besoin d’aller à l’infirmerie. Tu dois dissimuler ça, pas laisser de jolies marques de dents là où il peut pas se faire de morsure. Mais c’est si bon, d’être tout contre lui…

“Dis qu’t’aimes ça…”, ronronnes-tu doucement en le lapant. “Dis qu’j’te fais pas peur… ”