La matinée est pluvieuse, comme la plupart des fois où je vais courir au parc. De toute façon, il est si tôt que la brume est encore présente. Échauffé, je pars pour un bon dix kilomètres avec mes écouteurs dans les oreilles. La musique est tellement entrainante que j’ai couru plus longtemps, je n’aurai pas le temps de faire ma séance de sport au complet, au moins mes jambes me remercieront pour aujourd’hui. Après avoir regardé ma montre, je marche rapidement vers mon appartement pour voir ce qu’il reste dans mon frigo. Je porte la poisse ou quoi? Il n’y a presque plus rien pour ma boisson du matin et mon lunch du midi. J'ai dû jouer trop longtemps aux jeux vidéo hier soir pour oublier de passer à la supérette du coin. Fait chier. Je me mets une alarme tout de suite pour ne pas omettre qu’en sortant des cours je dois y aller, sinon je devrai commander une pizza et ce n’est pas le meilleur pour la santé. J'avance mon mixeur pour y casser deux œufs, trois cuillères de yaourt grecque, un peu de lait d’amandes et au final, deux fraises. Je dépose ma main sur le dessus pour ne pas tout faire exploser dans la cuisine et sors un verre. Tout en me déshabillant, je prends des gorgées et ramasse mes vêtements avec mes pieds.
Une courte douche, je cale le shake et cours une seconde fois dans la cuisine, mettant les quelques légumes dans un pot et dans une tranche de pain, du poulet émietté. Une orange s’ajoute et le tout est dans une petite boite à lunch, placée dans mon sac à dos. Faudrait pas zapper de mettre son uniforme Erik, idiot. Me retournant devant mon miroir, je lui souris et prends une montre au hasard, collier à mailles assorti. Ça suffit s’admirer, si j’arrive en retard au cours de Monsieur Collins il va me foutre une sanction pour cinq petites minutes. Je prends une pomme au vol et claque la porte de l’appart. Toujours aussi ponctuel, j’arrive d’avance en classe et ma place préférée est libre. Je survis pendant ces quatre heures interminables. J'avais beau essayer de ne pas fixer ma montre à chaque minute, il y avait une horloge directement au mur devant mes yeux. Quatre heures d’histoire avec un professeur qui parle d’un ton monocorde, qu’est-ce que c’est chiant. J'avais envie de dormir au lieu d’écrire quoi que ce soit sur un immeuble sans importance.
Je sursaute lorsque la cloche sonne. Enfin midi. Je dois retrouver Nash pour qu’on déjeune ensemble, comme à tous les mercredis. En plus il fait super beau, ce qui est assez rare dans ce pays. Je m’empresse de ranger mes cahiers dans mon sac et en sortant de l’amphithéâtre, je prends le chemin vers la cafétéria pour choper Nash, lui passant le bras par-dessus les épaules avec un gros sourire.
-Yo Nash, on mange dans la cour aujourd’hui? Il fait super beau pour une fois. Alors ton cours s’est bien passé?
Je suis sans doute le seul élève qui ne mange rien ici, ça fait engraisser toute cette nourriture. Juste l’odeur me répugne. On finit par prendre une table à quatre à l’extérieur, la seule restante. Juste pour embellir cette journée, il fallait me casser les couilles par un mec du club de foot.
-Comme c’est gentil, maman fait tes repas chaque jour? Et elle te laisse manger avec ton toutou.
-Commence par te trouver un vrai sport au lieu de faire chier les autres. Va mettre ton cul au sol, tu pourras bouffer de la pelouse comme à chacune de tes parties.
A-Delta Lord
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Jeu 27 Mai - 17:12
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Ft. Erik Adkins
J'avais pas de sport aujourd'hui. Journée plutôt banale, tranquille ; je ne me prends pas la tête et ça n'est pas plus mal. Du coin de l'oeil, je guette la potentielle présence de mon petit-ami non loin. Rien à droite, rien à gauche, c'est comme s'il m'évitait ces derniers temps. Quoiqu'on ne se captait jamais à l'académie, non, trop dangereux - pour moi, plus que pour lui -. Je ne voulais toujours pas qu'on nous voit ensemble : après tout, Zack était reconnu pour être l'une des victimes favorites d'Erik et Darren ... et moi par extension. Bah ouais, j'étais leur "super pote". Le troisième caïd de la bande et à ce titre, on ne me cassait pas trop les couilles. Pas du tout en fait. En plus ça va avec ma gueule de rookie. Du coup en cours, je dois faire semblant de ne pas écouter. Me balancer sur ma chaise. Surtout pas me mettre à côté de quelqu'un, surtout si la personne en question a l'air gentille. Toujours tirer la gueule et hausser un sourcil quand on me regarde, lancer un regard noir si on me parle. Oui, ça je sais faire : des années d'entraînement devant le miroir.
C'est la fin du cours. Je traîne ma carcasse fatiguée d'avoir trop révisé la veille : bah oui, le désavantage de ne pas écouter en cours c'est de devoir compenser chez soi. Leevan ne comprend pas. Mais c'est parce que lui, il s'en fout d'avoir l'attention des gens. C'est pas son but premier, même pas le dernier en fait. Pour lui tout ce qui compte c'est notre petit chat et ... Kris je crois. Enfin, je l'ai entendu dire son nom une fois, je crois même qu'il est déjà passé à l'appart' quand j'étais pas là mais ... Bref, c'est pas mes affaires.
- Yo Nash, on mange dans la cour aujourd’hui? Il fait super beau pour une fois. Alors ton cours s’est bien passé?
Un sourire en coin tranche mon faciès de blasé ultime alors que je lève les yeux sur le poids contre ma nuque. Erik, le retour. Il est dans un bon jour et moi aussi : on a toujours pas eu de problème alors pour l'instant, je suis ... content de le voir. Je vais juste mettre de côté tout ce qu'il fait que je n'approuve jamais à l'intérieur de moi, ces choses auxquelles je participe pour pleurer dessus la nuit, seul dans mon lit. Mais c'est mon pote, c'est comme ça que je dois être : un dur de chez dur, un mec un vrai, un caïd ! Ça fait des mois que je lui fais croire que je fais du hip hop et que c'est pour ça que je suis en danse, je ne vais pas tout gâcher maintenant. Au fond, j'ai surtout peur de devenir la cible de ses coups et de ses insultes : je sais que ce sera le cas. Ma couverture ne doit jamais être brisée. Heureusement, Erik n'est pas trop difficile à berner.
- Go. Et non, c'tait chiant à mourir comme d'hab'. Toi ? Je jette un coup d'oeil par-dessus mon épaule, Darren n'est pas avec toi ?
La troisième terreur du groupe : il est aussi horrible qu'Erik quand il le veut, même si c'est pas trop lui qui propose les idées. Je l'aime bien, je sais qu'il m'aime bien mais je sens que ... plus le temps passe et moins il est dupe. Ses prunelles pèsent sur ma nuque, parfois, quand je ne regarde pas et que je laisse mon visage s'attendrir sur une chose trop délicate pour l'homme que je dois être. Y a qu'une seule table de libre : directement, je m'assois dessus et pas sur les planches de bois rénovés qui servent de banc. Je sors mon sandwich, ma bouteille d'eau et croise une jambe sur l'autre avant de lever les yeux vers le footeux vraisemblablement assez stupide pour mal s'adresser à Erik. Le vrai moi est déjà angoissé à l'idée de devoir affronter une telle brute. Mais l'image de caïd se lève directement pour venir se planter à seulement quelques millimètres du visage de l'autre.
- T'es tendax aujourd'hui Steve ... Ta copine t'as pas sucé c'matin ? Haussement de sourcil provocateur, - putain je vais me faire défoncer, Erik sort moi de là -, Ah oui normal : c'était ma queue dont elle s'occupait.
Gros sourire railleur alors que j'étais littéralement en train de me pisser dessus mais qu'à l'extérieur, rien ne se voyait : acteur, c'était une bonne perspective de carrière aussi, non ?
Peut-être qu’une autre personne se foutrait de comment s’est passé son cours mais moi, ça m’intéresse. Je n’irais pas à lui demander s’il s’est cassé un ongle en dansant, on reste des mecs. On n’est pas du tout dans le même cursus, ça nous empêche pas d’être meilleurs potes. Certes, on n’a jamais eu de cours ensemble alors on se rencontre plus souvent les fins de semaine ou justement, aux pauses déj’. Si le professeur nous endormait pas en fermant la lumière pour voir ses vieilles photos en diapo, les élèves porteraient plus d’intérêts. Un jour on en entendra un ronfler et il ne saurait même pas pourquoi. Si ce n’était pas une obligation aussi pour notre diplôme, il perdrait carrément son boulot. Mais bon, c’est sûrement grâce à lui que je suis joyeux de revoir Nash en ce moment, affichant mon beau sourire. Et Darren, l’acolyte comme le rival, si je me souviens il m’a envoyé un texto hier soir.
-Tranquille en classe. Si Collins avait pas une voix de vieux de 90 ans aussi, on n’aurait pas tous envie de se barrer quand la cloche sonne. Darren a quelqu’un à rencontrer ce midi pour un club je pense, on est le duo.
Assis sur le dessus de table, je prends le banc et on sort chacun nos plats. Perso je me serais vraiment passé de la provocation mais avec la réplique de Nash, je me suis presque étouffé avec mon poivron. Même si j’avais voulu retenir mon rire, c’était impossible. Sauf qu’il était court, parce que l’autre connard a cru qu’il pouvait s’en prendre à un de mes proches. Non mais franchement, il se croit digne de n’importe qui? Aussitôt son poing dans les airs, je me lève pour agripper son poignet. Je n’ai pas eu le temps de le pousser au sol, ni de faire quoi d’autre pour ne pas attirer les regards curieux. La plupart des étudiants sont présents et je dois me tenir hors des situations troubles. Zyeutant les alentours, peu de personnes semblent s’attarder, sauf ses quatre sous fifres. Il est assez débile pour aggraver sa condition; ce con aurait dû partir, voilà. Mes jambes passent par-dessus le banc pour me retrouver dos à lui, puis j'attrape son autre bras, avec deux neurones on sait jamais. Nash n’est pas touché, c’est le principal.
-T’as vraiment du culot d’oser toucher ne serait-ce qu’un de ses cheveux devant mes yeux. Alors là, puisque je suis de bonne humeur, tu as deux options. Soit tu dégages immédiatement, soit je te défonce la gueule au point que plusieurs de tes potes devront te ramener le cul à l’infirmerie.
-Ça va, lâche-...
-Ferme ta gueule sale gosse, j’ai pas terminé. Puisque tu voulais t’attaquer à Nash, c’est lui qui décide.
Ma tête tourne vers l’arrière une deuxième fois mais différemment, pour bien faire craquer les os de ma colonne. Je n’avais pas prévu une bataille aujourd’hui. Ce n’est pas l’envie qui manque, toutefois ça ne peut pas arriver chaque jour, à défaut d’avoir plus d’ennemis que d’amis. Le désavantage d’être le trio de brutes de la fac, c’est se faire emmerder au moment où on n’est pas disposé à frapper qui que ce soit de moins intéressant. Je connais déjà la réponse de Nash. Il ne cherchera pas le conflit avec autant d’élèves autour de nous, dont la moitié - si ce n’est plus – a maintenant le souffle coupé. Je presse davantage les poignets de Steve derrière son dos, lui-même serait déjà parti parce qu’il sait de quoi je suis capable. Malgré ma certaine force à peaufiner, je suis plus indulgent lorsqu’il s’agit de Nash. Il est plus diplomate physiquement, par contre ses paroles peuvent être tranchantes comme les miennes. Ces derniers temps je le trouve plus perdu, alors on verra sa réaction dans quelques secondes.
- Tranquille en classe. Si Collins avait pas une voix de vieux de 90 ans aussi, on n’aurait pas tous envie de se barrer quand la cloche sonne. Darren a quelqu’un à rencontrer ce midi pour un club je pense, on est le duo.
J'avais dû ravaler un pouffement pour le transformer en ricanement. Erik adorait cracher moqueusement dans le dos de ses profs. Ce n'était pas très gentil, surtout avec tout le travail qu'ils avaient, de jour comme en soirée mais je doutais qu'un gosse de riche comme le brun en ait la moindre connaissance. Ou quelque chose à faire, tout simplement. Lorsqu'il évoqua le troisième membre de notre trio, je lui lançais un regard vague, assez équivoque : Darren, c'était un peu le même genre d'Erik, peut-être un chouilla plus ... agressif ? Plus dans les coups, moins dans le sarcasme qu'il maniait pourtant relativement bien. Je devais bien avouer que parfois, ça m'inquiétait. Parce que si Erik n'avait encore aucun doute sur moi, j'avais l'impression que parfois lorsque mon attention était fixée ailleurs, le blond arrivait à déceler les minces erreurs que je pouvais encore faire. Alors qu'il ne soit pas là, tant mieux.
Et puis voilà l'autre blaireau et ses provocations auxquelles il faut bien que je réponde. Soyons honnête, le rire de mon ami ne me rassure pas et l'approche de la brute me fait presque me pisser dessus. J'allais encore perdre quelques dents, j'le sentais. Enfin, ça c'était sans le geste chevaleresque du brun qui arrêta Steve dans son élan (ouf). Je n'aurais pas besoin d'un dentier tout de suite.
- T’as vraiment du culot d’oser toucher ne serait-ce qu’un de ses cheveux devant mes yeux. Alors là, puisque je suis de bonne humeur, tu as deux options. Soit tu dégages immédiatement, soit je te défonce la gueule au point que plusieurs de tes potes devront te ramener le cul à l’infirmerie.
J'étais vraiment partagé entre le "VAS-Y ERIK DEFONCE LE" et le "Mais il faut pas se battreeeeuh ...". Ajouter à la fin de cette phrase un smiley qui pleure.
- Ça va, lâche-...
- Ferme ta gueule sale gosse, j’ai pas terminé. Puisque tu voulais t’attaquer à Nash, c’est lui qui décide.
Ouais voilà, ferme ta-/ quoi ? Hein ? Pardon ? Mais pourquoi c'est moi qui dois prendre ce genre de décisions ? Bah oui quoi, c'est TOI qui es en train de lui défaire les deux épaules. Pas moi ! Moi j'ai juste insulté sa copine (et ce soir je pourrais faire trois prières pour m'excuser, la pauvre elle m'a rien fait et en plus elle doit supporter ce genre de type ...) ! Pour ma réputation, je ne pouvais pas juste laisser passer ça. Et puis ça paraîtrait suspect aussi mais ... en même temps, je n'avais vraiment pas envie d'augmenter le poids de la culpabilité que je traînais comme un boulet depuis déjà plusieurs jours. Ok Nash, keep calm, take a deeeeeep breath and think. Think. Think.
Ok, j'ai, got it ! M'armant de ma voix la plus glaciale, je forçais mon corps à approcher d'un pas tout en peignant un faux sourire qui illustre parfaitement ma fausse colère et ma fausse méchanceté :
- En temps normal j'aurais bien voulu qu'on te pète les deux bras. Mais je n'avais pas envie qu'ils me choppent seul avec ses potes pour casser ensuite les miens ...... Mais vu que je suis d'humeur indulgente ... Et que putain, j'ai pas envie de me faire détruire par le proviseur, il fait déjà suffisamment peur comme ça, j'en ai déjà cauchemardé plusieurs fois, J'vais simplement prendre ça.
Une seconde plus tard, ma main s'enfonçait dans sa poche pour en sortir son porte feuille que je vidais de tout son liquide. Besoin d'argent ? Pas du tout, c'était juste pour le "plaisir" de le déposséder devant tant d'étudiants. Lâchant l'objet par terre en prenant bien soin de le vider dans le même temps, je lâchais un coup de menton à l'adresse de mon compagnon.
Retenant ses deux poignets derrière son dos, il s’agitait comme une mauviette apeurée. Je riais, oui, parce que ses amis reculaient pas à pas en pensant que je ne le remarquerais aucunement. Un peu plus et ils se chiaient dessus. Tout ce qu’on entendait, c’était la voix de Nash et les autres étudiants qui mangeaient du pop-corn devant le spectacle. Je sais, je devrais le lâcher maintenant pour qu’il puisse partir sans laisser d’incident majeur. Ce serait un énième tour au bureau du directeur et je me ferais taper sur les doigts, encore. Je ne vais quand même pas lui sectionner un membre vue la situation ou plutôt l’endroit où on se trouve, mais j’attends la réaction de Nash. Il va se défiler ou faire une connerie? On ne va pas attendre pendant toute l’heure de pause, qu’il se décide à la fin. Je le fixe du regard avec un sourire sournois, vraiment, il va toucher son argent sale de gosse de riche? Des billets de 20, de 50 livres tombent au sol, ainsi qu’une carte de crédit dans le cabaret contenant des pâtes au fromage. Oups. Et un autre objet, évidemment inutilisé pour l’instant.
J’obtempère à la demande de mon pote, ce serait dommage que ce con me foute ses supplices au visage. Et par-là je parle de postillons. Sa colère est palpable, je la sens dans sa sueur et ses veines gorgées dû aux poings fermés. Ça m’amuse. Ce n’est pas le fait de son ébullition qui me fait rire, mais il sait que c’est moi qui vais gagner au final. Il ne m’arrive pas à la cheville, toutefois il s’essaye encore. Perdant un jour, perdant toujours. Juste pour faire chier une dernière fois, je me penche à son niveau pour prendre la fourchette de métal et la plante directement au milieu du sachet carré qui contient un préservatif.
-J’espère que la pute payée par ton père n’a pas de MTS. Allez dégage tu obstrues ma vue.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les cinq imbéciles se sont éclipsés, laissant la somme de quarante livres partir au vent. Sans trop de dommages, rien d’extravagant, on peut manger tranquille. Malgré mon maigre déjeuner, ces déserteurs m’ont ouvert l’appétit. Je croque dans mon sandwich, comme si rien ne s’était passé.
-Bien joué Nash! Je te sentais ramollir ces temps-ci mais je vois que tu as toujours la bonne réplique. Pourquoi tu ne choisis pas un cursus qui t’intéresse? Chaque fois tes cours semblent t’emmerder plus qu’autre chose. Je sais qu’on ne parle pas souvent de ce genre de sujet ensemble, toi et moi, mais ça ne me gêne pas d’en discuter. J'ai toujours respecté tes choix tu sais, si la danse ne t’attire plus tu as encore le temps de changer. Je suis pas juste violent dans la vie, j’ai des qualités comme des défauts.
Il a toujours eu son attitude badboy, de nonchalance et de je-m'en-fous, je l’ai apprécié dès le début. Va savoir pourquoi, on s’entend bien, ce qui fait de lui un membre de ma famille. Nos regards se croisent, j’attends sa réponse en mâchant une carotte.
A-Delta Lord
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Sam 16 Oct - 18:08
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Ft. Erik Adkins
Tout le bordel que j'avais sorti d'une main hyper tendue pour ne pas paraître tremblante tomba dans le plat dégueulasse en dessous de nous. Super. Mais j'avais pu récupérer quelques trucs : hors de question que je foute ma main là-dedans ... Oui, j'avais peut-être un petit problème avec la propreté, oui ...
- J’espère que la pute payée par ton père n’a pas de MST. Allez dégage tu obstrues ma vue.
Un préservatif troué et une réplique cinglante plus tard et les quatre idiots se barrent la queue entre les jambes alors que je laisse tout ça là pour retourner m'asseoir sur la table. Putain, j'ai mal au dos un peu. Et j'ai faim d'ailleurs. C'est l'heure de manger ! Lançant mon regard de caïd méchant à ceux qui nous regardaient encore avec un peu trop de curiosité - ou de frousse, voire de dégoût, allez savoir. Quoique ce dernier point me piquait un peu et me donnait envie de baisser les yeux -, je me hâta d'ouvrir mon déjeuner pour croquer à pleines dents dedans. A mes côtés, Erik reprit place avant de mordre dans une carotte. Et d'ouvrir la bouche. Ce qui ne m'arrangeait pas trop, surtout avec ce qu'il commença à me dire :
- Bien joué Nash! Je te sentais ramollir ces temps-ci mais je vois que tu as toujours la bonne réplique. Pourquoi tu ne choisis pas un cursus qui t’intéresse? Chaque fois tes cours semblent t’emmerder plus qu’autre chose. Je sais qu’on ne parle pas souvent de ce genre de sujet ensemble, toi et moi, mais ça ne me gêne pas d’en discuter. J'ai toujours respecté tes choix tu sais, si la danse ne t’attire plus tu as encore le temps de changer. Je suis pas juste violent dans la vie, j’ai des qualités comme des défauts.
Tendu. Ramollir hein ... à tous les coups c'était Darren qui lui avait fait la réflexion. Merde, ça me faisait chier qu'ils pensent ça. Parce que c'était totalement vrai : j'étais occupé ailleurs donc forcément j'y pensais pas à ces trucs et ... et puis merde, fais pas gaffe, hausse juste les épaules comme si tu te foutais de ce qu'il disait et ... voilààà, un bon détournement d'attention ça. Parfait. Quand à la suite, je dus retenir une grimace. J'avais longtemps caché à Erik la vérité à propos de ma filière, restant juste vague en disant "sport" mais il avait fini par découvrir le pot aux roses et ... ne s'était curieusement pas moqué. Bon. Il ne savait clairement pas que moi mes préférences c'était la danse classique mais ça, il n'avait pas à le savoir. Lui dire que j'aimais le hip-hop c'était largement suffisant. Le seul vrai style de danse qui pouvait toujours te faire passer pour un bonhomme.
Il me fixe, putain ... je sais que je suis obligé de répondre ou ça va paraître suspect.
- C'pas ça, j'suis juste fatigué. Puis j'ai la flemme de changer de filière, ça fait un moment que je suis engagé là-dedans, j'vais finir sinon ça n'a aucun sens. Hm d'ailleurs, rien à voir mais la dernière fois en passant dans le couloir des sciences j'ai entendu des bruits suspects venant d'une des salles si tu vois c'que j'veux dire. Sauf que c'était le soir donc tout était censé être fermé ... s'tu vois c'que j'veux dire.
Attirer l'attention sur un sujet plus fun. Un élève et un prof ? Deux profs ? Whatever, c'était mieux que de s'intéresser à moi.
- Puis j'ai vu double-face la dernière fois qui traînait avec une gueule de dépressif aussi. En fait ils ont tous l'air dépressifs, c'est même plus drôles de leur foutre les jetons, th.
C'est vrai qu'Hater avait l'air un peu triste ces derniers temps. Mais pas que lui d'ailleurs ... Jungo aussi, Zack ... n'en parlons pas ... 'Fin c'était pas trop la joie par ici.
- Et toi Erik, ça va en vrai ? Deviens pas dépressif ou suicidaire hein, j'ai la flemme de venir t'empêcher de sauter d'un toit moi. Ricanais-je en reprenant une bouchée de mon repas.
Ses paroles me faisaient tiquer. Si je n’avais pas voulu être en gestion d’entreprise, faire une double licence à m’en briser la santé, j’aurais changé de cursus ça ferait longtemps. Lui, la flemme. Quelque chose cloche c’est certain, mais quoi? Je suis capable de réfléchir par moi-même sauf que, Nash a toujours été abstrait quand je lui pose des questions plus précises sur sa vie. Au début ça ne me gênait pas, toutefois après trois années d’amitié, ce serait normal de se confier un peu plus, non? C’est pas comme si je lui demandais un sacrifice, juste de s’ouvrir à moi, son pote quoi. C'est beau la violence, les vannes, les stupidités qu’on se dit lorsqu’on est ensemble et les fins de semaine de jeux vidéo, il est plutôt lunatique depuis quelques mois. J'aimerais juste comprendre ce qu’il se passe dans sa tête, l’aider. Je suis jamais passé dans les locaux de danse ou d’arts, ils sont à l’autre bout des miens et je n’ai pas le temps de m’y rendre; perte de temps. Personne ne lui oblige à rester quant à moi, qu’il fasse ce qu’il veut, si ça lui fait plaisir de se défouler. Qu'il choisisse la claquette ou du street dance, je m’en fous. Un petit haussement d’épaules, mais ça me laisse suspicieux.
-Comme tu veux.
Ce qui se passe dans ce pensionnat ça a toujours été louche. Enfin, la moitié des mecs sont gays, ou je-ne-sais-quoi. Il n’y a que moi qui suis normal? En même temps, ce n’est pas la testostérone qui manque dans une école d’hommes. Je regarde autour de la cour, oui, faut dire que les choix ne sont pas limités. En plus d’être sur une île, les potins se font vite entendre. La politique de la fac se veut que les élèves ne sortent pas avec les enseignants. Après si c’est deux profs...ça me fait rire, Nash aurait dû regarder de plus près mais bon, c’est plus drôle être dans le mystère.
-Je sais pas ce qui est plus drôle de se faire prendre sur le fait? Deux profs ou avec un élève? Peut-être même avec le secrétaire en manque de sexe à nous voir se pavaner dans les couloirs?
Double face? De qui il parle? J’ai pas souvenir d’avoir nommé Jungo ou n’importe qui de ce nom-là. Je cogite, rien ne sort sauf Taylor, le dernier dont j’aurais démoli le visage si quelqu’un ne m’avait pas arrêté.
-Bof, ça dépend qui tu croises dans tes couloirs. Je sais pas de qui tu parles avec ton double face, mais je suis tombé sur Allen il y a pas longtemps. Enfin, c’est surtout lui qui m’ait frappé l’épaule. Il était carrément défoncé et j’étais seul dans l’allée alors, on s’est battus. Un suppléant m’a agrippé le poignet avant que je lui casse la gueule pour de bon, il m’a aussi pété le nez.
Il rit mais bizarrement, je la trouve pas drôle sa blague. Pourquoi je serais dépressif? C'est vrai que je me surmène tout le temps à cause de mes études et les sports pratiqués sauf que je suis pas au bout du rouleau. Ma famille et mes amis me soutiennent, j’ai un rythme de vie sain alors pourquoi moi. C'est lui qui commence à me faire douter et j’arrête de manger, j’ai plus faim. Celui qui parle du suicide est souvent celui qui en est atteint. Sérieux, je le fixe directement dans ses prunelles.
-Pourquoi moi? Ma vie va très bien, c’est toi qui me fais flipper en ce moment. Ça va? On peut aller en parler ailleurs si tu veux, il y a plein de monde ici. Je suis sérieux, dis pas des conneries.
A-Delta Lord
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Jeu 20 Jan - 19:26
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Ft. Erik Adkins
- Je sais pas ce qui est plus drôle de se faire prendre sur le fait? Deux profs ou avec un élève? Peut-être même avec le secrétaire en manque de sexe à nous voir se pavaner dans les couloirs?
- En vrai j'sais pas, j'suis pas sûr mais je crois que y avait au moins un prof' de maths. Genre le chauve là ... je crois ? Je sais plus, j'ai pas vraiment maths dans ma filière moi, ahah.
Il voit pas de qui je parle ? Mais ce n'était pas lui qui ... ah non, ou alors c'était Darren, ça ce n'est pas impossible par contre. Enfin bref. Par contre, quand le prénom d'Aller arriva dans la conversation, mon visage s'assombrit et mes muscles se tendirent violemment. Oulah ... calme toi Nash, calme toi.
- Bof, ça dépend qui tu croises dans tes couloirs. Je sais pas de qui tu parles avec ton double face, mais je suis tombé sur Allen il y a pas longtemps. Enfin, c’est surtout lui qui m’ait frappé l’épaule. Il était carrément défoncé et j’étais seul dans l’allée alors, on s’est battus. Un suppléant m’a agrippé le poignet avant que je lui casse la gueule pour de bon, il m’a aussi pété le nez.
Pas étonnant venant de mon ... copain. Copain en break ? Presque en break ? Je déglutissais discrètement avant d'aviser l'arrête nasale du brun et de répondre :
- Mais ça va ? J'veux dire ... t'as plus de pansement donc c'est réparé j'imagine ?
Visiblement ça n'avait pas l'air trop douloureux en tout cas.
- Pourquoi moi? Ma vie va très bien, c’est toi qui me fais flipper en ce moment. Ça va? On peut aller en parler ailleurs si tu veux, il y a plein de monde ici. Je suis sérieux, dis pas des conneries.
Ah ça ... Nash gratta rapidement sa nuque avant de regarder vers un couloir. Erik devenait un peu trop ... perçant ces derniers temps. C'était de plus en plus dur de s'échapper.
- Nan tout va bien. Pourquoi ça irait mal ahah. J'suis un peu fatigué et y a un ... repas de famille assez important qui se prépare mais j'ai carrément pas envie d'y aller. 'Fin bref tu connais les bails. Ah ... j'avais oublié que je devais passer à la mairie, j'ai ma carte d'identité à refaire. Putain ça va encore être chiant ça ahah, super. On se voit plus tard ?
Et sans attendre sa réponse, je cognais tout doucement son épaule avant de lui faire un signe de la main et de filer dans la direction opposée, la boule au ventre. Putain, qu'est-ce que tu fous Nash ... à t'enfoncer dans un terrier qui n'a pas d'autre sortie ...
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