Contraste - Fréquence.

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Ven 9 Avr - 16:32
Assit par terre, face à son lit, l’américain tirait lentement sur son morceau de tabac coincé entre son index et son majeur puis reposait son avant-bras sur son genou le temps d’inhaler ce poison. Délicieuse brûlure toxique. Un long soupire venait chasser ce nuage opaque de ses poumons encrassé alors que son esprit se perdait. Trop loin pour qu’il prenne le temps de capter une seule idée. Les choses changeaient dans sa vie. Vite. Plus vite qu’il ne l’avait jamais envisagé mais il était toujours là. Toujours lui. Tout semblait bouger autour de ses cheveux blonds et lui il attendait. Il attendait pas de miracles, juste que le temps passe dans ce silence de plomb. Un soupire vide faisait s’affaisser sa cage thoracique. Y’allait avoir des possibilités maintenant dans sa vie fade et amère mais il n’savait même pas c’qu’il pourrait en faire. T’es un déchet. Observant la fumée s’envoler de sa soyeuse, il captait du coin de l’œil l’écran de son portable s’allumer et remuer énergiquement. Un appel. Noah sûrement. Y’avait que lui qui l’appelait de toute façon. Ça faisait un moment qu’il l’avait pas vu d’ailleurs. Il savait même plus s’il l’avait prévenu pour son futur taff. Peut-être...

Dépliant son bras pour attraper l’objet, un temps de pause passait dans son crâne. C’était pas les quatre lettres qu’il avait l’habitude de voir.
Kris.
Redressant son dos contre le mur froid et s’en vie, ses genoux retombaient sur le sol pour le mettre en tailleur. Il hésitait. Regardant d’un œil vide cet écran illuminé avant de porter le combiné à son oreille après avoir fait glisser son pouce sur l’écran pour décrocher.

- Oui ?

Ça attendait pas de l’autre côté pour lui répondre. Une voix qu’il reconnaissait pour avoir été là à chaque fois où dans sa vie ça avait merdé ces derniers temps. Trop souvent... Mais rassurant.
« 300 balles pour la nuit. »
Il s’y était pas attendu à cette demande. Surtout pas après ce qu’il s’était passé la première soirée. Il paye pas pour coucher Kris. Normalement il en avait pas besoin. Mais l’américain ne cherchait pas plus loin. Déjà parce qu’il y avait trois chiffres et ensuite... Parce qu’il en avait pas envie. Chercher des raisons pour le comportement des autres il savait pas faire ça.

- Je t’envoie mon adresse.

Sans plus de cérémonie, Logan raccrochait et se retrouvait une poignée de secondes à contempler son portable. Pourquoi il avait dit ça ? Les gens ils venaient pas chez lui. À part Noah. Et deux têtes de plus depuis peu. Une impression de perte de contrôle frappait sa nuque mais le message était déjà envoyé. Trop tard. Il savait même pas combien de temps il avait devant lui et se retrouvait bête à regarder la ligne envoyée. Puis les messages d’au dessus. Fallait arrêter de penser. D’un mouvement, il se retrouvait à la verticale en tirant sur sa clope et embarquait son cendrier pour aller à la cuisine. Son jean retroussé laissait ses chevilles et pieds nus dévoilés, il avait un haut qu’était devenu trop grand avec sa perte de masse et ses cheveux étaient attachés à l’arrache, tombant plus que d’habitude. Y’avait rien à graille chez lui, juste de quoi boire. Pas de miroir non plus. Ni de décoration. C’était juste... Un toit sur sa tête qu’il maintenait propre par mauvais souvenirs de la crasse.
Le son loin d’être familier de sa porte captait son attention, il écrasait sa clope et enjambait la distance qui le séparait de lui, Kris pour ouvrir la porte.
A-Delta Lord
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Ven 9 Avr - 16:39

Fréquence.

773 mots

Ft. Logan Taylor

Le grésillement du lampadaire avait tout pour lui rappeler celui qui subsistait dans sa tête. Le visage endormi de Zack lui avait rappelé à quel point le temps était passé, les disputes immatures avaient fusé et la vie lui avait balancé des tables dans la gueule. Des tables, des chaises, des briques et de l'acide. Tout pour un ratio équilibré de bonheur et de joie de vivre.
L'équilibre est fragile. Instabilité malheureusement loin d'être éphémère ; y avait que dans ses bottes au sens propre, que Kris se tenait droit. Droit sous le lampadaire. Le lampadaire qui grésille. Qui grésille comme dans sa tête.
Merde.
Il a toujours pas bougé.

Son blouson lui parait bien vide, si ce n'est le poids de son portefeuille qui pèse à gauche, et celui de son cellulaire, sur la droite. Il aimerait avoir l'envie, ressentir le désir, le besoin de jouer, de trouver, chercher, battre la pulsation musicale et s'amuser à celui qui embrasserait le plus dans la soirée. Mais non. C'est vide dans son ventre, dans sa tête, dans son coeur. Son esprit est emprisonné très loin derrière, sous des montagnes de décombres calcinés, une montagne de cendre étouffante et impénétrable dont il faudrait mille ans pour se débarrasser. Il crie de loin, mais lui-même ne s'entend pas.
Il perçoit juste la proposition ; un essai, un seul de faire naître un éclat de vie qui ne serait pas qu'une avance mécanique. Ses pas ont commencé à avaler le parvis sans qu'il s'en aperçoive et sa main, a composé le numéro qu'il ne se savait pas avoir retenu. Ça sonne, une tonalité puis une autre ; est-ce qu'il dort ? L'arrière-lui l'imagine pourtant bien fixer l'écran en se demandant s'il doit répondre ou non. L'avant-lui, ne se fait pas cette réflexion. Ne pense même pas à se la faire.

- Oui ?

Ça a décroché.

- 300 balles pour la nuit.

Ça a lâché sans réfléchir.

- Je t’envoie mon adresse.

Ça raccroche.
Et sur le pavé numérique du guichet de la banque, Kris tape le montant et son code, avant de récupérer ce que la machine se mit à vomir. Un message d'une ligne s'affiche et le citadin tourne simplement les talons en direction de la rue indiquée.
Sur son chemin, il croit capter des fréquences venues d'un autre monde. Devant l'immeuble, le grésillement s'épaissit, encore plus au fur et à mesure qu'il monte les escaliers, qu'il dépasse les étages ; quand il arrive face à la porte, c'est insupportable. Un brouhaha qui ne semble pas vouloir s'arrêter, qui l'empêche même d'entendre son propre toquement contre le bois. Son poing serré autour des billets attend dans son blouson. La porte s'ouvre, découvre le blond plus maigre que mince, ses immenses yeux océans et la lueur inquiète qu'il y perçoit.

Ça grésille plus.

Mais Kris n'entend plus rien non plus. C'est comme reprendre conscience d'une partie de l'univers, seulement une. Une qui jadis avait été couverte de bleu. C'est comme si son âme avait retrouvé un corps.
Rapidement, le silence devient de trop ; rapidement remplacé par le bruit des pas qui s'activent, du corps jeune poussé contre le mur, coincé par celui plus âgé, de la porte qui claque et des feuilles vertes qui tombent sur le haut de l'armoire. Y a un bruit blanc derrière. Un sifflement d'arrêt cardiaque qui emprisonne le temps entre leurs lèvres qui se frôlent, se cherchent sans se prendre. Les avants bras durement cognés contre le mur pour encadrer le corps de Logan, l'italien n'entend plus que le sang qui accélère son propre coeur - ou c'est le sien qu'il perçoit, le loup n'est pas sûr -.
C'est long. C'est court.
Y a tout et y a rien à cet instant.
Kris n'a même pas conscience d'avoir fait tomber son blouson, ni d'avoir fermé les yeux, encore moins d'avoir enfermé son souffle dans la bouche humide du mannequin. Il ne perçoit que le poids dans ses bras qui gonfle ses biceps, que la prise des jambes autour de sa taille, que la recherche piétinante de la chambre, du lit sur lequel il pourrait l'allonger sans chercher à fuir le baiser qu'il lui donne ou qu'il lui a pris. C'est trop tard pour s'excuser ; l'âme au bord des lèvres, le loup manque de se liquéfier sous l'électrochoc qui refait partir son coeur.
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A-Delta Lord
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Sam 24 Avr - 16:16
La porte s’ouvrait et d’un coup le temps se figeait. L’immobilité rigidifiait ses muscles face à ce visage loin d’être inconnu, des souvenirs pas si loin qu’il repoussait d’un battement de cils. L’américain détaillait l’italien qui remplissait l’encadrement de l’entrée de son appart. Ne sachant même pas comment réagir face à cette interruption dans sa soirée silencieuse. Est-ce qu’il allait bien au moins ? Des battements contre ses tympans, un souffle au fond de la gorge qui restait calme malgré les points d’interrogation dans son crâne. Juste dans son crâne. Son visage il exprimait rien lui. Jamais. Enfin presque... Parce qu’il voulait oublier avoir versé des perles salées, avoir rit aux éclats et gémit à s’en briser les cordes vocales quand son organisme avait été empoisonné.

Ça se regardait sans agir, il savait pas combien de temps, jusqu’à ce que ses ailes ressortantes se cognent dans un bruit osseux contre le mur qu’il avait quitté. Que la porte claque et se verrouille d’un même temps et même son. C’était proche, trop proche et juste à côté, les billets abandonnés pour lui étaient bien vu. 300 balles. Ce soir il serait ce que voudrait l’adulte de lui. Pourtant son rythme cardiaque s’accélérait alors que ses pupilles qui se dilataient ne quittaient pas celles de son homologues, plongées dans cette proximité où leurs souffles se mêlaient. Cette chaleur qu’il avait quémandé jusqu’à en pleurer, à supplier, il se surprenait à vouloir la ressentir. De nouveau. Mais il refoulait tout ça.

Puis c’est la chute. Une perte de contrôle.

Ses pieds qui quittaient le sol se retrouvaient croisés dans le bas du dos du métis, ses mains se cramponnaient à sa nuque, frôlant ses fils sombres et ses billes perdues dans la rapidité du moment se trouvaient couvertes de ses paupières. Il débranchait son cerveau. Répondait au baiser qui l’aurait figé si y’avait pas ça en jeu. C’était plus facile de se dire que c’était pas lui, de se cacher derrière des excuses. Pourtant y’avait une chaleur qui venait ronger ses reins pour les faire se réchauffer. Il perdait toutes les brides de sa réflexion et le matelas se retrouvait sous son dos, le loup entre ses cuisses qui ne le lâchaient pas. L’une de ses mains quittait cette nuque pour passer dans son dos, sous son haut et redécouvrir ce touché. Putain... Ça se cramponnait sans lâcher ses lèvres, valsant à leur rythme dans des soupirs qui accusaient ses expirations lourdes. Ses doigts courraient dans les cheveux de Kris et les serraient légèrement autour de ses phalanges. Ses encéphales en sous régime ne cherchaient aucune explication, la paume dans le dos de l’adulte lui remontait son haut pour lui l’enlever. Pas de face... Pas de baiser... Et en même temps ça chantait si tu m’lâches j’vais crever.
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Sam 24 Avr - 17:18

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597 mots

Ft. Logan Taylor

Pas de face. Pas de baiser. Pas de tendresse.
Kris avait décidé d'envoyer valser loin d'eux, toutes les règles imposées par le blond. Il s'en voudrait plus tard. Tant que le plus jeune ne le repoussait pas, il considérait pouvoir prendre ce qu'il voulait.
Jeune.
Putain qu'il était jeune, il s'en rendait compte maintenant. Quand lui croulait sous le poids des années, qui le rapprochaient sans vergogne de la limite tendue qu'était la trentaine, Logan s'épanouissait à peine dans ses premières années d'adulte. L'italien avait l'impression de lui voler sa jeunesse. Sangsue agrippée à sa gorge, à boire à sa lèvre de jeunes années qui le quittaient désormais. De jeunes années dont il n'arrivait pas à guérir. Que le temps passait vite.
Que le temps passait fort.
Que le temps passait mal.
Oui. Mal. C'est ce qu'il avait, Kris. Mal.

Mal du passé, mal du pays, mal de lui-même. Depuis quand ne s'était-il pas retrouvé ? Le loup hurlait toujours, à l'intérieur de son ventre, mais il le sentait loin, si loin. Loin de ses yeux, loin de sa peau. Elle frémissait pourtant, à fleur de râles, dès que les ongles de Logan se l'appropriait. C'était si loin tout ça.
L'insouciance et les sourires. Les amis, les amours comblés, ratés, déchirés. Kris s'écroulait sous le poids d'années qui auraient dû être les plus belles. Sous les coups durs, un déferlement de violence qui n'avait pas attendu qu'il se remette de l'épreuve précédente. C'est là, appuyé contre les lèvres de plus jeune que lui, les mains rapides et précises de l'habitude défaisant des vêtements superflus, qu'il se fait face.
Une tempête a déjà tout balayé dans sa tête. Elle a coupé sa respiration, renversé tous les meubles, provoquée des mouvements hagards.
Kris ne sait plus qui il est.
Ses mains sont enfoncées des deux côtés de la tête du blond, appuyées contre un matelas qu'il n'a pas conscience d'avoir rejoins. Là, à fixer des lèvres qu'il n'a pas conscience d'avoir quitté. Essoufflé.
Logan pleure. Est-ce qu'il y a été trop fort ? Il aurait certainement dû attendre, lui demander son accord, comme il le fait toujours. Logan pleure, de sa hauteur, l'italien voit le sillon salé qui a glissé de sa pommette vers sa tempe. Et dans la profondeur de ses yeux bleus, c'est là qu'il se voit. Le miroir. Le visage défait. Le sourire bas, les paupières inférieures brunies.

Logan n'a pas pleuré.

Il le sait parce que c'est du haut, que vient de s'écraser une nouvelle goutte sur la peau pâle du mannequin. Il le sait parce que les sensations de son corps lui reviennent peu à peu et que, là, c'est la respiration qui lui manque. La gorge serrée d'une pulsion rythmée par sa tachycardie, le motard doit se forcer à déglutir, mais n'arrive qu'à émettre qu'un plaintif gémissement étouffé.

Pourquoi maintenant ?
Pourquoi il faut que ce soit devant Logan ?

Fais chier. Ça hurle dans sa tête alors qu'il fond de nouveau sur sa bouche en espérant faire disparaître de son esprit, la moindre vision ou la moindre trace de question qu'il aurait pu avoir à son égard. Sa main gauche agrippe sa nuque pour la soutenir légèrement, alors que l'autre vient découvrir de nouveau les vallons dont est fait le torse nu de son amant.

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A-Delta Lord
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Jeu 27 Mai - 15:32
Dans l’appartement du blond il n’y avait plus que le bruit de leur souffle raccourcis, des vêtements qui se froissaient sous leurs gestes, des battements sourds de muscle cardiaque. Plus rien autour n’existait sauf cette chaleur, le poids de ce corps contre le sien, de ces lèvres auxquelles il répondait au moindre de leurs baisers. Leurs hauts avaient été balancés plus loin dans la pièce, abandonnés sur le sol pour que leurs peaux entrent en contact dans des frôlements et pressions qui faisaient grandir ce désir ardent en lui. Au sud de lui aussi. C’était pas souvent ça, voire jamais quand il travaillait.
Ses doigts gardaient des mèches sombres emmêlés autour de ses phalanges pour les serrer et ses ongles courraient le long de ses muscles dorsaux. Comme s’il voulait se fondre en lui, mourir contre ses lèvres, disparaître au creux de ses bras. Dans son crâne c’était le silence, il se laissait aller aux gestes de cet homme en oubliant le reste du monde, de lui même. Plus qu’un corps sans âme. Sans traumatismes.

Une goulée d’air venait remplir ses poumons à cette séparation, une pause dans ce qui s’approchait d’une passion dévorante. Le jeune avait à peine remarqué le changement de pièce, de position, tout était allé trop vite et naturellement. Ses paupières restaient basses, sa respiration plus lourde jusqu’à sentir une goutte froide tomber au coin de son œil. Étrangère. Elles se soulevaient lentement et ses iris clairs tombaient sur le visage du bel hidalgo.
Blessé.
Mal.
Ça vibrait le long de sa nuque alors qu’il desserrait peu à peu la prise sur ce dos sombre, sans un mot, et que sa paume se glissait sur la joue du métis. Son pouce caressait une perle salée pour la faire disparaître de ce visage. Une douceur dans ses gestes dont il ne connaissait pas l’origine. Les mots, il les avait pas pour consoler. Rien ne lui indiquait quoi faire, il savait pas. Alors il fermait juste les yeux pour répondre à ce baiser, caressant ses lèvres des siennes, des prémices de question en tête, sans réponse. T’as mal Kris ? Il demandera pas. Son corps frissonnait sous les caresses, hérissant le fin duvet de sa nuque et lui n’ôtait pas sa main de la joue brûlante, laissant son pouce s’y balader et entre deux baisers, il soufflait d’un murmure calme.

- I’m here.

Comme si ça allait changer quelque chose. Il était personne, personne pour Kris, qu’une pute qu’on payait pour ne pas avoir à se soucier du reste. Qu’un objet qui servait à assouvir des fantasmes sans craindre d’être jugé. Mais là il sentait pas sa soumission liée aux billets, le collier invisible de son infériorité ne l’étranglait pas.
Kris allait mal. Malgré son indifférence aux événements qui pouvaient lui arriver, l’inverse n’était pas forcément le cas. Encore moins quand c’était une personne qui l’avait soutenu et aidé quand il se noyait dans sa merde. Le coude opposé au membre qui caressait la joue de son amant s’appuyait sur le matelas pour le redresser un peu. Sans lui imposer son regard, venant à son oreille pour laisser l’adulte se cacher des yeux de l’américain.

- Breathe.

Un autre aurait eu des gestes réconfortant, lui aurait demandé de s’ouvrir, de lui parler pour servir d’oreille attentive. Pas lui. C’était pas naturel de faire ça pour lui. Il disait pas non plus qu’il pouvait prendre tout le temps dont il avait besoin parce que c’était la nuit de l’italien, ils en feraient ce qu’il voudrait. Mais deux minutes de pause, c’était pas interdit.
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Jeu 27 Mai - 16:02

Fréquence.

537 mots

Ft. Logan Taylor

I'm here, ça vibre le long de la nuque de l'italien.
C'est comme l'ouverture d'une brèche, l'écartement de cette même faille pour ne laisser qu'une plaie béante au milieu du thorax. L'entrée d'une grotte vide. Sans cailloux lumineux. Sans lac spirituel. Le néant total.
Boum-boum. Peut-être pas, finalement. Très loin dans la grotte, caché derrière un amas de rochers.
Boum-boum ... boum-boum ... Ça murmure trop loin, mais si près à la fois.

Le sud brûlant, dressé de façon mécanique ; au nord, que la glace. Peu à peu, les sensations reprennent leurs droits et Kris sent : le souffle contre sa bouche, la texture tiède de la main de Logan, l'enfoncement bas du matelas. Il ne voit le monde qu'à travers un filtre brouillé qui rapidement se défait ; ses joues sont humides, la main du blond également, son nez menace de couler dans le même temps. Et puis le paysage change : c'est contre la clavicule de Logan que son front s'appuyer. Il y renifle, pour tenter autant de retenir le liquide que pour essayer d'embrumer son cerveau de son odeur. Rien n'y fait. L'odorat est perdu. Le goût aussi ; sa langue sur la gorge offerte semble dépourvue de toute papille gustative.

- Breathe.

J'essaye. Sa respiration hoquète. Et un long frisson prend possession de sa colonne vertébrale.
Le corps long, Kris se sent tomber sur le côté, entraînant dans sa chute son partenaire. Les jambes emmêlées comme deux amants en perdition, le museau coincé sous sa tête, une prise dans son dos qu'il pense sûre, mais qui se découvre être légèrement tremblante. Le loup coule, trace de nouvelles limites à son univers : un monde qui ne se compose que de ce lit - les murs sont trop loin, les meubles trop flous - parce qu'au fond il n'y a que lui ; Logan.
La fatigue reprend ses droits. C'est à ce moment là qu'une étincelle de raison se réveille : il est bourré, au milieu de la nuit chez un gars qui n'est pas son ami. Ça fait beaucoup de merdes pour la personne correcte qu'il est censé être. Censée. De toute manière, il n'a jamais réussi. Comme preuve de sa culpabilité, les billets qui gisent surement par terre après leur passage en coup de vent. Ses paupières papillonnent. Il sent la gaule du plus jeune contre sa cuisse. Et il aimerait lui faire du bien, surement, mais c'est comme si son corps n'était plus capable du moindre mouvement. Un simple remoud pourrait lui tirer une nausée plus violente que par temps de tempête.
Il aimerait parler aussi. Pourtant Kris reste immobile ; peut-être a-t-il arrêté de respirer. De prendre. De donner.
L'adolescent est arrivé à saturation, il est temps de sauvegarder la partie. Ici, c'est son point de sauvegarde, parce qu'il n'a rien trouvé d'autre de mieux ce soir. C'est pas un problème pourtant - Logan est bien, très bien même -, alors l'italien ne bouge pas. Ne dit rien. Ne respire plus plus.
Endormi ou mort ?
Le blessé se voit jouer à la roulette russe.

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Sam 26 Juin - 22:49
Alors que lui s’apprêtait à jouer, à se cacher derrière le masque de la pute, face à lui c’était vrai. D’une véracité à en couper le souffle. D’une souffrance qui ne trichait pas. D’une peine qui secouait le corps de l’adulte, laissant l’enfant contre lui docile. Suivant les gestes, la légère roulade sur le côté, la prise fébrile sur sa peau. La sienne se serrait sur son partenaire nocturne, remontait une main dans ses fils sombres pour s’y perdre et le laisser se noyer contre son corps pâle.

Rien.

Y’avait rien qui débarquait dans son crâne aux rouages rouillés comme solution. C’était même pas sûr que l’italien en voulait une. Il serait allé voir ailleurs sinon. Quelqu’un de plus utile que lui. On ramasse pas quelque chose de cassé avec un objet fêlé. Ça fonctionnait pas comme ça la vie. Mais le souffrant il avait pourtant pas l’air de vouloir partir. Il était juste là, réchauffant le corps amaigri comme par le passé.
S’il avait pu, le blond n’aurait pas craché sur une recherche internet pour savoir quoi faire dans ce genre de situation, mais il pouvait pas vu la position. Ses deux bras sur le corps chauds. Leurs jambes nouées presque avec complicité. L’excitation retombante avec le rythme cardiaque chutant. C’était de nouveau le silence dans l’appartement. Et le calme venait reprendre sa place entre ces murs nus, à peine interrompu par les bruits de la ville endormie.

Puis ça devenait très discret contre son torse. Abaissant lentement la nuque, pour ne pas brusquer l’animal blessé, le cadet posait ses iris sur ce visage qu’il avait pourtant souhaité ne plus jamais croiser. C’était tellement paisible que s’en devenait troublant. Une main revenait prendre sa place sur cette joue, la caressant, passant de la pulpe de ses doigts aux ongles quand il entrait dans la crinière presque noire sous le manque d’éclairage de la pièce. Ses gestes ressemblaient à de la tendresse, de la délicatesse.
Il faisait quoi quand il avait mal comme ça lui ? Il buvait. Il se renfermait sur lui même et se laissait presque crever dans un coin tel un chien. Pas une bonne idée de proposer ça donc.
Jaugeant l’être contre son torse, il en venait à vérifier que sa cage thoracique se soulevait toujours pour s’affaisser dans une danse lente et régulière. Que le souffle venait encore faire frissonner sa peau. Attentif, qu’il était devenu Logan. Mais sans mot à sortir. Y’avait rien d’autre que sa présence qui essayait de montrer à l’italien qu’il était là, qu’il partirait pas. Que même si ses épaules étaient trop maigre, elles le soutenaient. Un soutient qui ne posait pas de question sur l’origine de ce besoin.

J’suis là. J’bouge pas.
A-Delta Lord
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Sam 26 Juin - 23:39

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401 mots

Ft. Logan Taylor

De fil en aiguille, il avait sombré.
Entre la chaleur du corps du mannequin, la douceur que lui apportait ses doigts, le lent balancement de sa poitrine soulevée par sa respiration, tout ce combo en plus de la fatigue qui menaçait de déloger chacune de ses articulations l'avait tiré plus bas. Trop bas. Kris ne s'était pas senti s'endormir. En fait il n'avait rien senti du tout. Son cerveau s'était mit sur off, l'italien avait dévié dans un autre monde ; le néant. Il n'y avait rien pour lui, de plus terrifiant que le néant. Et pourtant, aujourd'hui, ce soir, il était d'une délivrance salvatrice. Ou peut-être était-ce le plus jeune qui le serrait à corps perdu, comme s'il l'avait toujours aimé, comme s'il avait toujours été là à l'attendre.
Aucun rêve n'avait prit le relais afin d'alléger ou de briser encore plus sa confiance. Le vide, le silence.
Quand le tatoueur revint à la réalité, ses prunelles fixaient le visage endormi du blond. C'était comme si son corps était revenu depuis déjà quelques minutes, alors que son esprit peinait à reprendre ses droits, le contrôle de l'ensemble de muscle et de chair qui le constituait.

Logan dormait, paisiblement. La respiration apaisée, les cils longs et bas caressant le bombé de ses pommettes. Il ne l'avait pas lâché, lui non plus. C'était donnant-donnant ; maintenant qu'il l'avait lui aussi tenu une nuit, ils ne se devaient plus rien l'un à l'autre n'est-ce pas ? La conscience du blond en serait très certainement soulagée. Mais pour l'instant, il ne pense pas ; il ne réfléchit pas. Son esprit est blanc, tiré à terre par la lumière de l'aube qui filtre par le carreau. Ils n'ont pas dormi longtemps, mais c'est bien suffisant. C'est assez pour se relever, rentrer chez lui. Laisser Logan en paix.
Et puis, un mouvement oculaire lui indique que lui non plus, n'est plus si loin dans ses rêves. Il revient, dévoile deux iris bleutées, cernées. Kris attend, quelques secondes suffisantes pour le contempler ; il se penche. Frôle ses lèvres, offre un baiser, un mince sourire de remerciement. Pas un mot de plus, alors qu'il se lève, récupère d'une main lâche ses affaires.
La porte s'ouvre et se referme.


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