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Rikers - La chute

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Dim 27 Déc - 2:16

Chute
Stab ―


Il y a mille ans entre hier et aujourd’hui.

Un millier d’années pour oublier qu’il existe seulement un hier et qu’il y aura un aujourd’hui. Et, pendant tout ce temps, Toni ne quitte pas le lit. Il ne se souvient même plus comment il y est arrivé en premier lieu. S’est-il laissé tomber, a-t-il parlé à quelqu’un juste avant ? Plus rien n’a d’importance. Il s’est fait dans l’obscurité une maison, qu’il ne veut désormais plus jamais quitter. Celle-ci est omniprésente, de l’encre sur ses prunelles, elles noient le caramel de ses yeux qui pleurent tous seuls. Ses doigts se serrent sur ces draps qui l’avalent et par instants son rythme cardiaque s’emballe. Un sanglot qui l’étrangle, il tire avec ses mains jusqu’à son crâne et se recroqueville de plus belle. Il n’y a pas assez de vide pour étouffer les mots qui hurlent dans sa tête. Il entretient une relation particulière avec ces derniers, ils sont là depuis assez longtemps pour que leur présence le rassure, mais ce qu’ils disent lui fait si mal qu’il voudrait s’arracher la chair avec les ongles. Et les mots surpassent tout, même le temps qui défile – ou qui ne défile plus –, ils ont tous les pouvoirs. Alors Toni ne sait plus si un jour est passé, deux, ou trois semaines.

Il y a mille ans entre hier et aujourd’hui.

Il est tombé dans ce lit et depuis, n’a plus cessé de chuter. Comme Alice, il ne sait si le trou est particulièrement profond ou si la chute est excessivement lente ; il a le temps de penser. Pourtant, l’homme n’est pas seul dans sa solitude, son co-détenu sera venu le trouver la veille. Et il aura senti ses bras rassurants pendant la nuit qui auront un peu écarté le sale remous de ses pensées. Cependant, il aura été incapable de se lever dans la journée, malgré les encouragements, les propositions, il repousse tout simplement Loco en s’excusant. Puis, il retourne à sa peine comme si c’était tout ce qu’il méritait. Peut-être qu’il le mérite au fond, il n’a pas souvent suivi la bonne voie. Il songe à la déception de sa mère, qui a vu disparaitre les deux hommes de sa vie, emportés au loin. Il se demande s’il l’a déjà fait pleurer, sa mère. Et la réponse est plus qu’évidente. Dans ces moments, même penser au vide spatial ne parvient pas à l’apaiser. Il y pense pourtant, parmi tout le tumulte que fait son cerveau. Il songe à ce sas qu’il pourrait finalement trouver, passer la sécurité, et puis …
La main descendue à sa gorge se serre, réveille une vieille douleur. Plus d’air.
C’est là qu’il rabat finalement le drap sur sa tête, le souffle court, étendant les bras le long de son corps. N’a-t-il pas un travail à faire ? Probablement. Il ne sait plus. Il n’y est pas allé aujourd’hui, ne sait pas s’il aura la force de se lever demain.

Il n’arrive plus à savoir s’il y aura un demain.
A-Delta Lord
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Dim 27 Déc - 2:18


La chute
Il y a mille ans entre hier et aujourd'hui.

Les heures se succèdent au gré du vent inexistant, seulement provoqué par les passages rapides des prisonniers autour de loin. Les taulards s'activent, se suivent rapidement pour aller à leur emploi respectif, se dirigent vers la cuisine ou prennent une pause dans les douches.
Et Stab ne bougeait pas.
Auparavant, oui. La journée n'était pas différente des autres. Sur Rikers Delta, les journées se suivaient au rythme des inscriptions de notre douce Jane. Le soleil paraissait loin, terriblement loin et la lune, absente. Ismaël aurait certainement tout donné pour sentir de nouveau la chaleur naturelle sur sa peau brunie. Et pourtant, aucun regret ne venait alourdir le timbre de sa voix. Aucune ombre ne ternissait le sourire éclatant qui brillait bien trop souvent aux abords de ses pommettes.
Jusqu'à ce qu'il s'arrête.
Les taulards continuaient leur course, le temps lui paraissait accéléré. Ou ralenti, il n'en était pas bien sûr.
Pourquoi il ne bougeait pas ?

La cellule devant laquelle ses pieds s'étaient arrêtés n'était pas la sienne. Il n'y avait jamais pénétré et pour cause, le territoire des Perros lui était interdit. Et le latino ne tenait pas à provoquer une guerre diplomatique entre son gang et celui de la forme immobile sur la couchette, non loin.
Enfin "immobile".
Si on excluait les sursauts des draps, les sanglots, la main qui saisit la gorge.
Combien de temps était-il resté à fixer Toni s'enfoncer dans sa propre souffrance ? Pourquoi personne ne semblait le remarquer ? N'y avait-il que lui qui le remarquait, ou les autres s'en fichaient juste ?
Un choc lui tira un grognement alors qu'un jeune s'enfuyait en courant, surement par trouille de s'en prendre une après l'avoir bousculé. Ça avait au moins eu le mérite de le ramener à la réalité. De lui faire reprendre sa route qui, au lieu de rejoindre la cour, trouva son but dans sa propre cellule. Sa paume vint envelopper un plastique brillant, avant qu'il ne fasse demi-tour.

Il n'avait pas bougé.
Pourtant Ismaël avait cru sentir passer des heures entre sa cellule et celle de Toni.
Toni qui sanglote sous son drap.
Toni que personne ne vient chercher.
Toni à qui il aurait pu briser la nuque d'une main, il y a seulement une quinzaine d'heures.

- ... Toni.

Stab ne se souvient même pas s'être approché, accroupit, avoir posé sa main large sur le crâne du plus petit. Ses doigts avaient doucement balayé le drap, puis les sillons rougis de sel et de tristesse.
Toni, ça aimerait répéter pour avoir son attention. Mais à la place, il se contente de chercher le contact visuel, vérifier qu'il l'entend, qu'il le perçoit.
Il aimerait demander ce qu'il se passe aussi, si quelqu'un lui a fait du mal. Mais Stab ne dit rien. Stab n'ouvre pas la bouche. Il est là, simplement, car c'est surement la seule chose qu'il puisse faire.

Feat Toni Vasquez
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Mer 30 Déc - 15:10
…Toni.

Il n’a pas les yeux fermés, pourtant, il ne l’a pas remarqué tout de suite. C’est une ombre floue tout d’abord, une silhouette qui se trouve déjà à ses côtés et c’est avec un temps de retard qu’il ressent ce contact sur son crâne, son visage. Il ne resitue pas la personne, pas tout de suite, il fronce les sourcils et ses méninges travaillent douloureusement. Il rejette le visage vers l’arrière dans un grognement pendant qu’il ferme les yeux. Sa main gauche frotte sa barbe, le reste de son visage avant de passer dans ses cheveux quand ça lui revient.

Stab.

Il ne s’est pas passé plus de quinze secondes mais c’est déjà beaucoup trop pour une si simple reflexion. Ses doigts redescendent alors, effleurent la tâche d’encre qui ceinture sa gorge, s’étire en de longues griffes sur sa peau.

Qu’est ce qu’il est venu faire ici.
- Qu’est-ce que t’es venu faire ici ?

Il y a une latence ente la pensée et la parole. Un brouillard épais qui empêche les ondes de passer correctement tandis que la voix, rauque, semble perdre toute émotion. Il rouvre alors ses yeux en se redressant sur ses coudes, légèrement. Son regard passe sur le visage d’Ismaël, croise le sien avant de finalement couler plus bas. Les prunelles caramel préfèrent fuir rapidement, mais, tout ce temps, il y a une sensation vague qui se dégage de lui, dans ses yeux qui regardent sans voir.

- Qu’est ce que… tu me veux… ?

Les paroles sont laborieuses, les mots se carambolent et ses épaules se mettent doucement à trembler ; il se rallonge. Est-ce que Ismaël est encore en colère pour … c’était quand ? L’autre jour ? Veut-il vraiment savoir tout ça ? Il se sent vidé de toute force, de tout courage. La tête posée contre son oreiller, il se sent s’enfoncer au sein de ce dernier. Le contact de Stab lui aura permis de remonter un instant, et le voilà qui menace encore de chuter. C’est un vertige profond qui le prend, le pousse à fermer les yeux de nouveau. Emprisonné dans cette lourde prison de chair, il se sent incapable de remuer.

Et si Stab était venu pour le terminer ?
Il n’a même pas la force de s’en offusquer.
A-Delta Lord
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Mer 30 Déc - 15:21


La chute
- Qu’est-ce que t’es venu faire ici ?

Ça murmure très bas alors que Stab sent le bout de ses doigts s'égarer ailleurs sur son visage, frôler la barbe piquante, s'attarder sur le carré de sa mâchoire. Toni est visiblement assez lucide pour le reconnaître ; une bonne nouvelle.

- Qu’est ce que… tu me veux… ?

Le Perros s'était redressé quelques secondes à son contact, son corps très certainement révolté de savoir aussi prêt l'auteur des marques sur sa gorge. Les marques ... Ismaël n'avait pas remarqué avoir serré autant. Cela dit, pour soulever un homme, même lorsqu'il n'est pas si grand au final, il faut bien ancrer les doigts dans la chair. Comme ce fut le cas il y a quelques heures.
D'une main lourde, le détenu repousse son vis-à-vis au creux de ses draps avant de tendre une main hésitante pour frôler les bleus du bout des doigts. Si le latino ne se considérait pas comme quelqu'un de violent, l'afflux sanguin lui prouvait bien le contraire. Il aurait pu cogner, arracher ou déboîter une épaule mais à la place, il avait préféré assoir sa domination en maintenant son corps en hauteur.

- Ça va pas hein ? Bien sûr que ça va pas, regarde le. Elle est stupide ta question, ¿Es por lo de ayer?

Son murmure coule d'une inquiétude silencieuse sur la joue du plus petit alors que dans le plus grand des silences, Stab retire sa main pour croiser les bras sur la couchette. Se retrouver assis sur le bord aurait certainement été plus confortable, mais d'une part, il ne voulait pas faire peur à Toni et de l'autre, il n'avait pas envie de se faire agresser par un gars extérieur qui le penserait en pleine attaque.
Ce serait stupide, d'ailleurs.
Mais Stab faisait parfois des choses stupides.

- No quería hacerte daño.

C'était de la pure défense, rien de plus. Même dans son incroyable calme, le latino ne pouvait pas décemment se laisser marcher sur les pieds comme ça. Toni avait déconné, il avait répondu. Ça aurait dû s'arrêter là et théoriquement, le Perros aurait simplement du mal le regarder pendant quelques jours avant de succomber à la tentation de venir jouer aux cartes avec lui. En tout cas, ils n'étaient pas censés se retrouver dans cette situation, avec un Vasquez à l'état de légume, et un Garcia qui n'était pas forcément friand de la verdure.
Le plus petit ne réagissait pas, que très peu en fait. Y avait juste ses yeux, rougis d'un trop plein de larmes qui vagabondaient de temps à autre mais Stab n'aurait pas su dire s'ils étaient curieux, résignés ou simplement accusateurs. Finalement, il finit par déplier les jambes pour s'assoir à même le béton de la chambre ; en tailleur, son épaule arrivait à celle de Toni qui était toujours allongé, lui. Ses doigts s'animèrent d'hésitation, faisant rouler le papier argenté entre eux avant de le lever à la hauteur du visage du "malade".

- Tiens. Le chocolat, ça remonte le moral.

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Mer 30 Déc - 23:15

Chute
Stab ―


Hier ? C’était vraiment hier ?

Ça lui semble si loin et si proche tout à la fois. Il essaye d’y réfléchir mais le vertige apporte la nausée avec sa marée. Il se mord la lèvre inférieure, la fait rouler sous ses dents tandis que son souffle se fait plus court. Non ça ne va pas, c’est clair. Mais il n’est pas en état de s’énerver pour ça, encore moins d’être sarcastique, il lui faut déjà un certain temps pour comprendre tout ce que lui dit Ismaël.

Il finit par rouvrir les yeux pour croiser le regard de l’autre homme et être parcouru d’un profond frisson. Les mots s’enchainent au ralenti dans sa tête. Il. Ne. Voulait. Pas. Lui. Faire. Mal. Toni serre les dents, sa mâchoire qui crisse et se crispe, la ligne si droite qui menace de se tordre. Il a envie de parler, quelque part. Quelque chose qui remonte comme une envie de vomir. Stab a le temps de bouger, de s’asseoir, pendant qu’il lutte et serre les poings. Un nouveau frisson le traverse, il a si froid et regrette déjà d’avoir abaissé son drap. Le souffle s’emballe et ses prunelles fuient les yeux pour se poser sur le sachet argenté qui se présente devant son visage. Il fronce les sourcils d’incompréhension, il ne voit pas que ce que blond essaye de faire.

- Qu’est ce que …

Et c’est comme des flammes sur ses lèvres, dans la pulpe de sa bouche. Une syllabe, un regret. Mais il remue légèrement la tête, essaye de se reprendre, de s’accrocher à quelque chose.

- …Pourquoi …tu fais ça…

Ses yeux s’embuent encore, il passe l’avant-bras contre ceux-ci, frottant doucement. Un reniflement, un souffle qui se coupe comme dans un hoquet. Ismaël est trop … il est trop gentil. Après ce qu’il s’est pensé, et dans ses pensées floues, il se dit qu’il devrait le détester, que c’est ce qu’il mériterait.

- …Gracias…

C’est une expiration tremblante, un poing qui se ferme de plus belle. Il voudrait disparaitre, ne pas faire face à cette interaction. Il veut que le drap prenne vie et l’étouffe, que tout s’arrête. Pourtant les choses vont mieux qu’il l’espérait, il ne devrait pas se sentir aussi mal.
Il ne devrait pas être triste.
Il ne devrait pas se sentir aussi seul.
Il n’a aucune raison pour tout ça.

Lentement, il se tourne sur le côté, vers le grand. Du bout de ses doigts, il effleure le papier avant de le prendre, le posant sur le bord du lit. Il observe la matière brillante pour ne pas regarder Stab.

- …Gracias.

Qu’il répète d’une voix un peu plus posée avant de rester silencieux un instant. La joue posée contre l’oreiller, sa respiration se calme un peu, le regard voilé de brume.

- C’est … pas toi.
Une pause.
- C’est pas toi … c’est pas à cause d’hier, c’est juste …

Mais c’est déjà trop, ses lèvres se pincent tandis qu’une boule se forme au fond de sa gorge. Il avale sa salive avec difficulté. Il a l’impression que les bruits ambiants sont étouffés, il en oublie les détenus, les gardiens qui passent, de temps en temps, devant la cellule.

- …Je suis juste comme ça.

Il l’est. Ou bien, il y a peut-être une incidence. Ça ne vient pas seulement de Stab même si ça lui aura porté un coup. Faible. Se tatoue sur sa gorge. Il n’a pas été capable de se battre, pas même capable de porter un coup. Et avant ça, il y a eu cet autre incident qui, du simple fait d’effleurer sa pensée, lui donne la nausée. Sale. Se cicatrice sous sa peau. Il n’avait rien prévu de tout ça, il avait même oublié que ça pouvait arriver.
Petit à petit, ses jambes se replient pendant qu’il se tord sur lui-même. Un haut-le-cœur le secoue.

- …J’ai merdé Stab … j’ai merdé…

Mais ça il le sait. Il n’aurait même pas dû le frapper.

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Mer 30 Déc - 23:18


La chute
Le plus petit est perdu, il le sent mais préfère le laisser un peu avec ses pensées avant de se remettre à parler. Histoire qu'au minimum, il arrive à les remettre dans l'ordre. Tout est clair et rien ne l'est en même temps; Stab n'entend plus le bruit de course des détenus dans le couloir adjacent. Il ne perçoit plus non plus les murs de la cellule dans laquelle il est. Lieu dangereux, repère du chef des Perros qui pourrait très bien provoquer un incident diplomatique s'il le trouvait là. Il ne voit que Toni. Toni et ses yeux humides, Toni et le tremblement de sa mâchoire, Toni qui cherche à comprendre sans réussir.

- …Pourquoi …tu fais ça…

La question lui tire un mince sourire et pourtant, il n'y répond pas.
Ismaël se contente de pousser un peu plus la barre enveloppée d'aluminium dans sa direction, comme un gage de paix. Il avait été sincère : si son but avait été de faire du mal au Perros, celui-ci ne serait pas sur pied à l'heure qu'il est. Peut-être même qu'il ne serait plus à bord du vaisseau.
Le corps étendu se tourne doucement vers lui et le remerciement lui fait doucement hocher la tête, comme unique réponse. "C'est normal", il aimerait souffler, sauf que ça ne l'est pas. Daryl lui arracherait les yeux s'il passait devant la cellule. Sa voix serait glaciale et elle raisonnerait, sombre entre les cloisons.
Mais Daryl n'était pas là.
Loco non plus.
Il n'y avait que. Il n'y avait que Toni.

- C’est … pas toi. C’est pas toi … c’est pas à cause d’hier, c’est juste … …Je suis juste comme ça.

Sans avoir besoin de se regarder dans une quelconque surface réfléchissante, Ismaël se sent plisser légèrement les paupières, froncer les sourcils de façon pensif alors qu'une barre vient rider son front à la peau jeune, toujours tendue. Cela faisait deux ans qu'il était ici. Ils étaient arrivés en même temps. Et si Stab avait bien remarqué que parfois, les choses n'allaient pas, il avait décidé de ne pas s'y attarder. Parce qu'ils étaient en taule, parce qu'ils étaient dans l'espace loin de leurs familles, parce que même si Toni sortirait un jour, son boulot à Rikers était loin d'être le meilleur. Si sa carrure à lui avait été différente, qui sait à quoi il aurait servi. Peut-être même que le bras-droit des Némésis aurait décidé de ne pas le récupérer.

- …J’ai merdé Stab … j’ai mer/ - Hey.

La voix lourde du latino s'élève en coupant les sanglots qui menaçaient de revenir tacher l'oreiller.

- C'est bon. C'est pas grave, d'être comme ça. Ça va aller.

Le matelas s'affaisse sous le poids de sa paume large, alors qu'il se surélève légèrement au-dessus du Perros. Et de là, la courbure de sa nuque s'accentue, alors qu'il vient chasser sa tristesse humide du bout des lèvres, aspirant quelques larmes, posant sa douceur sur son front au final. Quelques millisecondes, c'est ce qu'il a bien voulu lui offrir comme réconfort avant de quitter sa peau des lèvres. D'un doigt, il pousse mieux son offrande dans sa direction avant de lui accorder un sourire plus tranquille.

Empieza por comer. No te quedes así. ¿ No estás solo, verdad?
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*Commence par manger. Faut pas que tu restes comme ça. T'es pas tout seul, je me trompe ?
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Sam 9 Jan - 20:32

Chute
Stab ―

Il se fait couper la parole et tant mieux, avant de s’emballer. Il rompt cette tension sourde, tremblante, empêche Toni de sangloter encore. C’est toujours comme ça quand il est à cette frontière ténue, sur le bord du précipice. Il tend les bras et c’est comme si une barrière venait à disparaitre, le laissant s’avancer dans le vide. Mais ça, c’est jusqu’à ce qu’il entende les mots d’Ismaël, une main posée sur son épaule.

C’est pas grave. Ça va aller.

Il aimerait que ça aille, Toni, il veut que tout s’arrête. Il se doute que les autres ne sont pas comme lui, il n’a jamais eu vent d’un autre détenu qui peine parfois à bouger et communiquer comme lui le fait. Et s’il n’est pas seul, il ne sait pas ça. Mais peut-être qu’il en saurait plus s’il cessait de refuser fermement de parler au psychiatre de la prison. Il ne veut pas entendre ce qu’il a à dire, ne veut pas se faire manipuler par de jolis mots. C’est gens ne lui veulent pas du bien, il en est assuré. Pas comme Stab. Ça n’a aucun sens, ils se sont battus, c’est un Némésis, mais il est plus enclin à croire sa bonne fois qu’un homme en blouse blanche. Au moins il sait que lui n’essayera pas de l’endormir, d’être quelqu’un qu’il n’est pas.

Le mouvement d’Ismaël lui fait lever le regard vers lui et il retient un souffle au geste, ferme un œil là où le contact est le plus proche. C’est doux, beaucoup trop, ça fait mal. Les gestes tendres lui tirent des aigreurs, je mérite pas, un écho qui vient le hanter. Des mots qui s’entrechoquent dans sa tête, puis, il rouvre son œil, tourne un peu plus sa tête vers Stab, et regarde la barre que ce dernier approche de lui. Avale difficilement sa salive.

Finalement, il se redresse sur son coude, à moitié relevé et il attrape enfin l’objet. Il le regarde dans sa main, hésite, lève un œil vers Ismaël. Son sourire lui fait tout drôle, il ne parvient toujours pas à soutenir le contact visuel et son regard se rabaisse sur sa main alors qu’il déchire le papier argenté.

-…Non … je le suis pas.

Tout seul. Il pince un sourire maladroit, crispé. Il abaisse le papier sur la barre et la porte à ses lèvres, mord dedans. C’est… diablement agréable. Ils n’ont pas souvent accès à des douceurs comme du chocolat entre ses murs alors il savoure de plus belle ce sucre qui envahit ses papilles. Un frisson le prend mais cette fois-ci, ce n’est pas de froid. Ça lui fait du bien et il songe qu’il ignore quand a été son dernier repas. La veille ? Non, il était trop énervé pour manger. Alors le jour d’avant ? ça lui parait si loin, encore, toujours. Néanmoins, il tend la barre chocolatée vers Stab pour lui en proposer un bout.

- Je …comprends toujours pas … ce que tu fais là.

Un éclair de lucidité lui fait froncer les sourcils.

-…Quand Loco va revenir…

Et il regarde vers l’extérieur de la cellule avec une drôle de sensation sur la nuque, une fine tension. Il a l’impression d’avoir un copain que ses parents n’approuvent pas et qu’il ne pourrait voir qu’en secret. C’est ridicule. Mais c’est assez pour lui flanquer un nœud dans l’estomac.

- Bref …Gracias d’être là…quand même.
Il n’était pas ingrat à ce point là.

A-Delta Lord
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Sam 9 Jan - 20:33


La chute
-…Non … je le suis pas.

Bien sûr, qu'il ne l'était pas. C'était le principe d'un gang, de ne pas être seul. La moitié de la prison si ce n'est plus, avait décidé que la solitude en ces lieux était mauvaise, et qu'il fallait se serrer les coudes pour survivre. Une pensée étrangement raisonnable, mais à laquelle le latino n'avait pas adhéré. Si ici, la plupart était prêt à mourir pour leur chef de clan, pour lui, il n'en était rien. Le meurtrier ne s'était placé sous la bannière des Némésis que par désir de rester proche de son vieil ami.
C'était tout.
Défendre leur honneur et leur boss ne signifiait rien pour lui. Il ne se revendiquait même pas comme étant l'un des leurs et mieux encore, Ismaël savait pertinemment que sa présence n'était pas appréciée. Simplement tolérée. Encore quelque chose dont il n'avait rien à foutre. Seul Daryl lui important.

Et pour l'instant, Toni.
Toni qui se redressait pour défaire le papier d'aluminium et mordre à pleines dents dans la barre de chocolat. Ses traits se décrispèrent momentanément, alors qu'il prenait un plaisir évident à dévorer la gourmandise. D'une poussée du bras, le latino se souleva pour venir s'asseoir sur le bord de la couchette qui s'affaissa légèrement sous son poids. De l'oeil, il suivit chacun des mouvements du Perros, prenant gare à ce qu'il ne fasse rien tomber, suivant les mouvements de ses dents, de ses lèvres, de sa mâchoire, de sa main aussi. Satisfait de le sentir davantage ancré dans la réalité qu'il y a quelques secondes, bien que toujours bien loin d'en atteindre le bord.

- Je …comprends toujours pas … ce que tu fais là. … Quand Loco va revenir…

Oui, quand il va revenir.
Il serait parti avant. Du moins, il l'espérait, Stab n'était pas là pour provoquer un nouveau conflit entre son clan et celui du blessé. Son pouce repoussa légèrement le poignet de Toni vers sa bouche comme pour lui intimer de manger l'entièreté de la gourmandise, alors qu'il jetait rapidement un coup d'oeil en arrière. Histoire d'assurer ses arrières. Quant au remerciement, il vibra de sa gorge à son thorax, lui faisant tourner de nouveau la tête dans sa direction alors qu'un léger sourire fleurissait sur ses lèvres.

- Je serais parti. T'inquiète.

Mais je veux rester un peu encore. Un peu avec toi. C'est bien, là, avec toi. En plus tu pleures plus.
Les sillons avaient creusé ses joues, cernés ses paupières basses de noir. Un air soucieux glissa sur le visage du détenu, alors qu'il l'observait finir son cadeau. Ou presque. Le chocolat s'était suffisamment écaillé pour laisser une paillette brune au coin de la bouche du plus petit.

- Pff ... no se mueve. Murmura-t-il en tendance son index pour récupérer la minuscule tâche.

Il l'amena à lui en riant doucement, goûtant la douceur du sucre avec un mince sourire de satisfaction. Une chaleur lui resta sur la pointe de la langue, alors que les prunelles de loup calme se levaient en direction de son vis-à-vis pour gronder, très bas, avec prudence :

¿ Te sientes un poco mejor ..?
Feat Toni Vasquez
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Dim 17 Jan - 0:23

Chute
Stab ―

Il sera parti. Il ne veut pourtant pas le chasser ou le faire fuir.
Il aime bien l’avoir là, pas sûr que ce soit parce que c’est lui ou bien juste sa présence. Pourtant il y a toute cette autre partie de lui qui veut le voir disparaitre. C’est plus étouffé à présent, relégué en arrière-plan. Qu’il s’en aille et qu’il le laisse seul, se débattre dans le néant. Heureusement qu’il l’étouffe, cette envie sombre, qu’il y arrive. Ça le rend peut-être un peu plus agréable. Passable, son état déplorable. C’est un brouillon dans sa tête, bourdonnement lointain dans ses oreilles, il est un peu plus là, présent, mais c’est comme s’il était attaché à cette ombre dans son dos. Pantin à peine articulé, qui peine à lutter contre les fils qui transpercent sa chair.

Il ne bouge pas, comme demandé, cligne des yeux à cette main qui s’approche de son visage, ses doigts qui récupèrent quelque chose sur le bord de ses lèvres. Figé, en le voyant récupérer le chocolat pour le gouter. Stab a un quelque chose de félin dans ses mouvements, mais c’est lui qui est comme ça tout simplement. Grand fauve qui pourrait l’écraser, il pense à la veille – la veille ? –, comme il aurait pu le briser si facilement. Il l’aurait mérité, il le méritait. Son regard se voile un instant quand il se perd dans ses pensées, sa gorge se fait sèche, serrée. Stab ne devrait pas être là, pas parce que Loco pourrait mal le prendre, pas parce que cela ferait naître de plus belle une tension entre leurs gangs, mais il devrait en avoir après lui. C’est Toni qui l’a provoqué après tout. Cela lui fait entendre les mots de l’autre avec un temps de latence.

- Mh ?... Ah ouai ouai … ça va mieux ouai…Gracias.

Encore une fois, il le remercie, il a l’impression de ne faire que ça. Il baisse les yeux en papillonnant des cils, fuyant le regard du blond. Il pose le peu qu’il reste de la barre sur le bord du lit et se passe une main dans les cheveux, ébouriffant ses boucles quand il atteint la partie non rasée de son crâne. Tout bas, il grogne, sa voix n’est plus aussi rauque qu’au début, c’est à force de parler. Sa main passe ensuite de son crâne à son visage, frottant sa barbe dans un léger crissement.

- Dis …

Il prend le temps pour parler, s’exprimer reste une plaie, si difficile. Il a l’impression d’avancer à contre-courant au beau milieu d’un torrent, qu’il pourrait se faire faucher à chaque instant.

- …Tu … m’en veux pas ? … Pour l’autre jour.

Ou hier. Ça reste flou. Tourné sur le côté, il repose sa tempe contre le matelas. Il ne regarde pas Ismaël, il fixe le vide devant lui.

- Je l’ai bien cherché et … et …
Son souffle se coupe une seconde, besoin de prendre une plus grande inspiration.

- Et …tu débarques comme ça, avec du chocolat …je comprends pas.

Il se pince les lèvres et grimace un petit sourire amer.

- Est-ce que je devrais … essayer de te frapper plus souvent ?

Un souffle, un rire silencieux. Stab voulait-il quelque chose ? Parce qu’il n’avait rien à lui offrir, outre ses services dans le cadre du gang. Est-ce que c’était intéressé ? Toni a dû mal à y réfléchir, lui il fait les choses sur un coup de tête, il prévoit rarement à l’avance. Désintéressé, il l’était, mais la prison essayait de lui inculquer de nouvelles choses, qu’on a rien sans rien. La leçon peinait à entrer cependant.


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Dim 17 Jan - 0:26


La chute
- Mh ?... Ah ouai ouai … ça va mieux ouai…Gracias.

Le perros est lent. Il semble ailleurs.
Ça le fait se questionner, Stab, et en même temps il préfère ne rien dire, ne rien demander. Même sans l'avoir directement sous les yeux, il ressent bien l'état précaire dans lequel se trouve le plus petit ; forcer les portes serait une profonde erreur, même sans être psy', il peut s'en rendre compte.

- Dis … Tu … m’en veux pas ? … Pour l’autre jour. Je l’ai bien cherché et … et … Et …tu débarques comme ça, avec du chocolat …je comprends pas.

Perdu, le gamin. Ça provoque un truc, dans sa tête. Une petite lueur qui vrille, qui attend, qui se tend d'un coup. A l'affut d'un nouveau mouvement. Il était pas là pour ça, Stab, à la base. Il était là pour s'excuser, pour pas que l'autre continue à se sentir mal. Mais l'hésitation, ça lui donne une allure candide qui l'atteint malgré lui. Le chien des Némésis sent son regard s'aiguiser, particulièrement lorsque son vis-à-vis tente une trace d'humour.

- Est-ce que je devrais … essayer de te frapper plus souvent ?

Il rit, il essaye du moins. Ça lui serre la poitrine, à Stab. Qu'est-ce qu'il se passe là ? Pourquoi il a l'air si triste ? Pourquoi il pue le mal être à ce point ? Alors qu'il n'est pas seul, alors qu'il n'est pas là pour toute sa vie ? Les sourcils du latino tressautent, se froncent et reviennent à la normale. Il n'a pas trop la réponse à cette question mais le silence, c'est pas son habitude. Alors pour le combler, sa nuque s'arque de nouveau mais cette fois ce n'est pas son front qu'il vise. Ismaël dépose un baiser doux sur les lèvres du détenu, quelques millisecondes seulement, avant de se reculer, un sourire renard en coin.

- J'avais juste envie. Un coup d'oeil en arrière et il hausse les épaules, J't'en veux pas, mais j'recommencerai pas trop si j'étais toi. J'avais juste pas envie qu'tu restes seul dans cet état. Puis ... t'aimes ça non ?

Et pour imaginer ces mots, il désigne le papier d'aluminium d'un coup de menton simple. Comme s'il pouvait parler d'autre chose.

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Ven 29 Jan - 19:23

Chute
Stab ―

Il est là, dans son hilarité misérable. S’accroche à peine à sa blague pourrie, prêt à se laisser tomber. La lumière a un instant de faiblesse, juste une demi-seconde, à peine un clignotement. Ismaël s’est baissé lui, mais il ne lui embrasse pas le front non. Toni clignote aussi, tout juste un instant, son être s’éteint pour mieux repartir et il bloque sur ce baiser qu’il ne mérite pas.

Jamais il ne le mériterait.

Est-ce que c’est quelque chose dont Stab a juste envie aussi ? Le caramel de ses yeux coule sur la silhouette fauve, s’empêtre dessus. Il dégouline, se colle à la ligne de sa gorge qui se perd sous sa mâchoire avant de remonter sur cette dernière et se perdre sur ses lèvres. Consciencieusement, Toni évite les yeux, refuse de les croiser parce qu’il sait qu’il pourrait s’y noyer. Ismaël est beau, c’est un fait indéniable. Il a ce quelque chose de droit quoiqu’un peu sauvage. C’est un charme qui pourrait bien être son genre, ça, Toni n’en doute pas.

Mais il avait perdu le droit d’avoir son avis sur la question il y a deux ans, lorsqu’il était entré chez les Perros.

Lentement, il se redresse, relevant sa tête après coup, comme un pantin cherchant l’équilibre ou bien, la force de remuer tous ses membres. Il s’assoit, les bras étendus derrière lui pour se projeter, puis relève le nez.

- …Ouai…c’est bon. J’aime bien.

Mais il le regarde par le dessous ses cils, ne parvient pas à réellement lui faire face. Il se hisse sur ses bras et s’assied correctement pour ne plus avoir à se soutenir, sous le drap, il croise l’une de ses jambes sous l’autre. Sous la lumière crue des néons, son torse et ses bras sont constellés de petites griffures claires. C’est qu’il a eu de la chance lors de son accident, rien de plus grave que ça. Même son visage, malgré ses cicatrices, a pu être grandement épargné.

- Hé …

Toni se penche à peine quand il lève la main pour, doucement, la poser sur la joue d’Ismaël. Il exerce une légère pression sur celle-ci, lui faisant à peine tourner la tête. Fragile, ses prunelles se lève et effleure le regard de l’autre homme. Il s’est rapproché à présent, expire son haleine au chocolat contre lui.

- …Je t’ai pas donné mon accord pour ça.
Et il fait passer son pouce sur les lèvres du blond. L’instant en suspens, Toni finit par souffler du nez en appuyant son front contre celui de Stab, avec un sourire, l’air de quelqu’un qui sait qu’il a dit une connerie. Pendant ce temps, il entend encore sa voix. C’est comme quelqu’un qui respire sur sa nuque.

Combien en ont déjà profité ? Combien en profitent encore ?

Mais Stab n’est pas comme ça, c’est ce qu’il essaye de se dire. C’était sûrement juste comme ça, rien de prémédité, rien derrière la tête. Pourtant il y pense, c’est plus fort que lui. Il a envie de lui dire qu’il ne fait plus ça.

Tu en as besoin ?

Et merde.

Sans rien ajouter, son souffle capture celui de Stab. Sa main descend à sa mâchoire, sa poigne l’enserre doucement. Les dents s’entrechoquent dans le geste un peu brute, maladroit. Il a fermé les yeux, la perspiration sensible. Et dans le contact, il vient à le mordre sans chercher à lui faire mal. Il capture sa lèvre inférieure entre ses dents, tire tout juste dessus avant de le relâcher, se reculant à peine en relevant les paupières. Ses doigts se font plus légers, glissent sur le menton avant de caresser la gorge de leurs extrémités. Ils pourraient rester comme ça, Toni le sait, il le sent dans l’air même si quelque chose crépite. Ce n’est pas le néon, plus maintenant. Il finit pourtant par reprendre la parole.

- … Je te promets pas de pas recommencer.
Qu’il parle de coups ou de baisers.
-… Mais je vais essayer, ouai.

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Ven 29 Jan - 19:46


La chute
Il phase, c'est normal après ça.
Ismaël n'avait pas le droit, il le sait, mais il avait envie, juste une fois, alors c'est pas grave - c'est pas grave n'est-ce pas ? -. Toni ne dirait rien. Et si il disait ? Si il lui en voulait, si Loco rentrait dans la pièce, et si, et si et s-/.

- …Ouai…c’est bon. J’aime bien.

La barre. Quoi d'autre ?
Stab a senti le regard intéressé couler contre sa peau. Ça a éveillé ses sens, son intérêt - son appétit aussi -. Pourtant, c'est pas la première fois. Mais là c'est proche, tout proche ; il pourrait le dévorer si l'envie lui prenait. Personne ne le saurait, ou presque. Ça lui plairait ? Toni évitait de croiser son regard, alors le fauve ne pouvait que supposer sans véritablement confirmer ses hypothèses. Mais il ne l'avait pas frappé, même pas repoussé. Aucun dégoût ne trahissait son visage. Mais le détenu savait aussi qu'entre ses murs, on devenait très rapidement un excellent acteur.

Lorsqu'Ismaël se perd en réflexion, ses pupilles ne peuvent s'empêcher de vogueur au gré des mouvements de son interlocuteur. Ça lui donne un air voyeur, pas forcément adapté à la situation. Son cerveau perçoit la respiration, l'hérissement des poils, la tension aussi, puis la détente. Les constellations pâles laissées par la vie. Mais l'organe ne traite pas l'information, il ne la relaye même pas mais c'est pas grave. C'est pas grave parce que le perros ne tarde pas à l'extirper de ses pensées profondes, dont le latino ne se souvient même plus dès l'instant où il reprend pied avec la réalité.
Proche. Contact. Doux.
Les trois seuls mots qui lui passent par la tête, lorsqu'il se rend compte que l'autre homme s'est rapproché. "Je suis désolé", il est incapable de savoir s'il les a soufflé, ou simplement pensé très fort. Le terrien boit son souffle à même ses lèvres, capte les mots, sent une pointe de culpabilité. Non, il n'avait pas à faire ça. Il allait s'excuser d'ailleurs. Mais après. Quand le front de Toni ne serait plus contre le sien. Quand son pouce arrêtera d'exprimer sa tendresse à même sa lèvre inférieure. Quand l'attaque l'aura quitté pour ne laisser que le feu sur sa bouche quémandeuse. Un baiser volé puis rendu, avec la férocité d'une panthère. Toni mord, Ismaël soupire. Toni réclame, Ismaël ouvre la bouche et donne. Le rapport de force s'est inversé mais le Némésis ne sent pas le besoin de le retourner, ni d'arracher la paume pressante qui le maintient.

Ça va, il aimerait dire.
Mais il préfère encore profiter de leurs respirations plus courtes et du pic chaud dans son estomac.

- … Je te promets pas de pas recommencer … Mais je vais essayer, ouai.

Petit con. La taquinerie étire un sourire renard sur la gueule du prédateur. Y a personne, toujours. Y a toujours personne. Toujours seuls, toujours tranquilles.

- Essaye pas.

Ça souffle en tendant la pointe de sa langue pour taquiner l'orée de la bouche du plus petit. Il préférait largement ça : remplacer les coups et la colère par la chaleur de la tendresse.
Et l'envie.
Stab n'avait jamais caché son désir à l'égard du perros. Mais se payer un trou, c'était pas son genre. Et il n'était pas assez con pour penser que ses années de service n'avaient pas laisser quelques failles. L'attaquer sur ce front serait traître et à son sens, irresponsable. A force de se hisser vers lui, le titan avait fini par s'asseoir mieux sur le bord du matelas, sa lourde présence penchée sur son vis-à-vis, une main à côté de sa hanche. Couverte des draps mais qu'il frôle tout de même du pouce. A fixer ses failles, il allait finir par s'y blottir. Toucher de nouveau ses lèvres et y poser la moiteur d'un sourire calmé. Plus en confiance.
Un peu moins plein de culpabilité.

- Si c'est pour ça, j'veux bien accepter.

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Mer 24 Fév - 21:19
Il pourrait mal le prendre, comme beaucoup d’autre, ce genre de contact à rendre fou. Cette langue qui vient le taquiner, titiller ses sens, son estomac frétille. Il n’est pas sûr qu’il peut encore vraiment se contrôler. Est-ce qu’ils ne sont pas déjà allés trop loin ? Pourtant, la limite s’éloigne encore, encore et toujours, elle recule comme une ombre furtive. Et la bouche du blond s’appuie encore contre la sienne, son cœur s’envole, s’emballe dans le creux de sa poitrine.

- Tu sais … y’en a qui t’auraient cogné pour moins que ça.

Ce n’est pas seulement parce qu’ils sont en prison mais ça joue forcément. Ironiquement, les langues se délient aussi, certains se devinent une nouvelle sexualité derrière les barreaux, mais ça ne se fait pas ouvertement, non ça ne se fait pas. Alors, les baisers ne sont pas gratuits, la tendresse, ça s’achète et Toni pourrait bien se demander ce que va lui couter cette douceur que lui offre l’autre homme. D’autant plus qu’il ne la mérite pas, pas après ce qu’il a fait. Ses doigts sont descendus contre le torse de Stab pour mieux remonter, effleurer son épaule et se poser sur sa nuque, doucement, juste une caresse au début, avant d’appuyer un peu. Ouai, il y en a qui se seraient offusqués d’un tel geste, qui seraient devenus violent, mais pas Toni. Même s’il n’est pas de ce bord-là, ça ne l’avait dérangé. Il n’y voit pas d’importance, seuls les gens comptent.

Et Stab, à l’instant, il vaut quelque chose.

Dans son appui, ses lèvres caressent celles du grand blond. Ses yeux se ferment à moitié, il pense encore à cette limite, celle qu’il ne faudrait pas franchir mais elle s’efface tandis qu’il embrasse cet homme qu’il frappait encore la veille. Celui qui lui a amené du chocolat alors qu’il veut juste mourir sous ses draps ; aucun sens. Un battement de cil, comme les ailes d’un papillon et Toni se perd un peu plus. C’est mal. Sa langue va chercher un contact plus intime et ses doigts se glissent sur l’arrière de son crâne, se mêlant à ses cheveux clairs. Il souffle contre lui et sa respiration chaude s’emballe. Son autre main s’accroche à la combinaison orange de Stab, il ferme le poing sur lui et tire un peu sur ses vêtements. Qu’est-ce qu’il fait ? Quelque chose qu’il va regretter ?

- … Stab…

Qu’il souffle contre ses lèvres, et il le regarde par-dessous les cils, levant les yeux vers lui. Il a l’impression d’être fait de verre, un verre soumis à un son assez strident pour le faire vibrer. C’est une note de musique ténue, elle tient dans l’air fébrilement. Il ne sait pas s’il sera assez solide pour assumer, c’est comme s’il pouvait se briser à tout instant. Ça y’est, il a oublié qu’on risque de les voir.

Il ne sait plus où il en est.
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Mer 24 Fév - 21:36


La chute
- Tu sais … y’en a qui t’auraient cogné pour moins que ça.

Il sait. Il sait lui, qu'il commence à glisser, à déraper même - mais merde, c'est doux dans son ventre et cette tendresse, ça lui a manqué mine de rien -.
Alors il évite juste la remarque, fuit d'un nouveau baiser que lui accorde le Perros. Que lui réclame, le Perros. Et son coeur fond, tout doucement, sous la caresse nouvelle de sa langue contre la sienne. Sous l'humidité d'un baiser pas assez chaste pour l'empêcher de se pencher davantage. Son pouce s'est égaré contre sa hanche, regrette de ne pas pouvoir profiter de la chaleur directe de sa peau ; mais passer sans remord sous le drap, ça pourrait lui faire peur et la peur, c'est tout ce qu'il ne veut pas voir dans les yeux de Toni à cet instant.
L'envie, la tendresse, les suppliques éventuellement, mais pas la moindre once de frayeur qu'il pourrait lui inspirer.

Stab, ça murmure tout bas.

- Toni ...Ça répond par automatisme.

Par désir. Celui de sentir les deux syllabes dures cogner ses dents, accroître la chaleur qui l'appuie contre ses lèvres, le renverse doucement sur le matelas. Assailli par le besoin infernal de l'étouffer sous sa présence. Et dans sa tête, Stab sait qu'il pourrait laisser au latino toute la place. A cet instant, y avait plus que lui, plus qu'eux.
Presque.
Des bruits de pas claquent trop vite derrière la grille et le Némésis sent ses muscles dorsaux se tendre. Ça va pas être possible, ça. S'il a besoin de voir le colocataire et boss du châtain arriver, il ne peut pas se résoudre à laisser n'importe qui entrevoir leur intimité. Alors d'un mouvement lourd, il se détache pour se relever, entraînant le drap avec lui.

- Te voy a prestar esto.

Il grogne un peu, en allant rapidement accrocher le drap. Ça le dérange, cet espace entre eux, ça le brûle. Ce qui titille encore plus son oeil, c'est de voir Toni, allongé sur son lit, à le fixer de loin. Le regard encore un peu hagard, la respiration hésitante. Ça lui fout un coup à l'estomac, Stab ; alors il ne se retient pas de réduire à néant de nouveau, la distance avec le plus jeune. Ses mains s'enfoncent des deux côtés de ses hanches tandis qu'il retrouve ses lèvres sans lui laisser le temps de protester ; pour l'instant, elles sont à lui, et le latino pourrait mordre de frustration si on les lui enlevait. Sucrerie qu'il aime couvrir de tendresse.

- Por favor, no llores más ...

Parce que ça ne lui donne qu'une envie : lécher ses larmes et descendre lui tirer des centaines de gémissements pour lui faire oublier sa tristesse. Et descendre, il ne peut pas s'en empêcher. Mais harnacher par le minimum de retenue que la bête sait conserver, il ne fait qu'arrêter un halètement sur sa gorge exposée, qu'il s'applique enfin à couvrir de baisers.
Juste ça, pour essuyer sa tristesse.

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Ven 12 Mar - 20:22
C’est une chute, lente, toute différente mais semblable à l’abandon. Comme sous le drap, planté au creux du matelas à s’oublier progressivement. Laisser petit à petit des parts de lui-même s’égrainer dans le néant. Il était prêt à ça, à cette lassitude vide qui l’aurait fait se désagréger. Mais Stab change la donne sans vraiment la modifier, varie l’angle, offre un nouveau point de vue. Au final, Toni se perd toujours, sauf que cette fois-ci, c’est pour mieux s’évaporer entre les bras du blond.

Il n’a plus de larmes, pas sur ses joues du moins, mais le sanglot enserre toujours sa gorge. C’est une masse qui appuie contre sa glotte et envahit l’espace, lui laissant tout juste de quoi respirer. Et quand Ismaël se recule après avoir soufflé son nom, son souffle à lui reste coupé. Le drap vole dans un jeu d’ombres et de lumières tandis que Toni reste tendu sur la couchette, les mains appuyées derrière lui. C’est comme s’il y avait un élastique étiré à son maximum entre eux, vibrant et sensible. Le colombien capte le regard de l’autre homme et un frémissement vient traverser sa nuque, faire dresser ses cheveux sur sa tête. Il sait déjà que ce drap étendu enverra un message, que des détenus parleront après l’avoir vu, ce besoin d’intimité qui veut tout dire. Est-ce que le pire viendra du fait que Stab est un Némésis ? Ou bien se diront-il simplement qu’il a enfin repris du service ? Mais c’est déjà trop tard, il ne sait plus quand exactement ils ont franchi cette limite invisible. Au premier baiser ? Quand il lui a offert du chocolat ? Ou bien dès qu’il s’est adressé à lui qui se noyait sous son drap ?

Alors, quand Ismaël revient vers lui, il inspire et son souffle vient s’échouer contre ses lèvres. C’est un choc brut sur lequel Toni s’écorche et sa main va s’accrocher à la nuque musclée. Non, Toni ne pleure plus tant que Stab est là. Il rejette son visage vers l’arrière quand la bouche du blond descend et ses yeux papillonnent, brillants. Ses doigts remontent dans les cheveux clairs d’Ismaël et il appuie sur lui d’une pression un peu trop ferme pour son état, l’incitant à poursuivre son avancée.

- … No pares.

Le message est simple, clair, concis. Sa poigne s’accroche à ses cheveux et il se mord la lèvre inférieure, faisant rouler celle-ci sous ses dents. Il ne pleure plus mais ses cils sont humides tandis qu’il ferme les yeux, de ses lèvres s’échappant un lourd soupir de contentement. Il n’a jamais su ce qu’il faisait, et ce n’est pas mieux en cet instant. Sous ses paupières, dansent des points lumineux et, sur l’épiderme, un millier de picotements pernicieux.

Il reprend son souffle comme s’il se trouvait en apnée, soudainement, le torse qui se soulève. Ses yeux se rouvrent et sa main lâche les cheveux d’Ismaël pour rejoindre sa jumelle sur ses épaules carrées et tirer sur les vêtements. De là, il repousse la combinaison orange en l’abaissant jusqu’à ses hanches. Puis il attrape le débardeur du blond pour le faire passer promptement par-dessus sa tête. C’est une bêtise, friandise pendant qu’il passe ses doigts sur son torse, à laquelle il ne peut résister. Ensuite, il se rallonge à moitié, appuyé sur ses coudes derrière lui, laissant tout l’espace nécessaire à Stab, quand bien même l’air vient à manquer entre eux. Sans honte, il l’invite à le rejoindre pleinement sur la couchette étroite. Impudique, puisque la lumière crue des néons ne laisse rien au hasard. Au moins, Toni a l’impression de vivre d’une certaine manière. C’est une autre sorte de perdition, qui sait si elle est meilleure.

Mais il est prêt à se noyer entre ses bras.
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Ven 12 Mar - 20:23


La chute
- … No pares.

A deux doigts de gronder sous la supplique, mais non. Il se retient, in-extremis. Parce que Stab ne veut laisser aucun souvenir d'agressivité à Toni. Parce que Stab ne veut lui faire entendre que de la tendresse, que de la douceur, que des caresses et rien d'autres. Alors il ravale sèchement, harnache fermement le fauve qui n'a qu'une envie à cet instant : le dévorer.
Sous ses lèvres, le détenu sent fondre son protégé. Ça fait du bien à son âme, de ne plus avoir à sécher ses pleurs et de simplement pouvoir remplir ainsi, son coeur. Ça vient embrumer doucement son cerveau, le rend idiot, idiot de ses actes, idiot de la présence du drap qui informe, idiot de cette envie de confirmer l'information de la naissance des gémissements de Toni. Mais pour l'instant, c'est à lui que ça échappe. C'est lui, dont la pomme d'Adam vibre soudainement d'un léger râle.
C'est sensible, là, il aimerait murmurer à l'encontre de la prise dans ses mèches. Le tiraillement fait naître un millier de frissons qui achèvent de réveiller son bas-ventre ; ça a coulé dans ses reins, subitement, dégouliné vers son pubis et activé une ondulation mécanique des hanches.

- Dime que quieres. Ça ronronne directement contre sa gorge.

Et puis ses doigts se desserrent ; le perros relâche sa prise et pendant un dixième de seconde, le blond craint d'avoir de nouveau provoqué ce sentiment de peur. Mais le tissu lourd qui tombe sur ses hanches lui prouve bien vite le contraire. Son débardeur tombe au sol, alors qu'une chaleur le prend au torse et que, redressé sur ses mains, Ismaël dévore des yeux cette façon qu'a Toni de le toucher. Cette façon qu'il a de le regarder. C'est naturel, c'est curieux.
Ça lui plait.
Sa paume se fait rassurante lorsqu'elle se saisit de la sienne pour la presser un peu plus contre son poitrail. Touche, si tu veux. Touche moi. Découvre moi.
Il était là pour lui, après tout. Aujourd'hui, c'était à lui de lui offrir ce plaisir qu'il sentait creuser entre ses côtes, au simple effleurement du brun.

- ... Mierda ...

Il laisse échapper en fondant de nouveau sur la bouche si désirable, du plus petit. Leurs crocs s'entrechoquent, une seconde, avant que le fauve ne s'oblige à se ralentir. Tous ses muscles se contractent, tandis qu'une main impatiente fait son trajet sous le haut du détenu pour le repousser ; juste de quoi lui permettre d'attaque son torse d'une morsure douce sur chaque pectoral. Plus bas, il se sent durcir mais n'en laisse rien paraître. Seule une légère pression de la cuisse entre celles du latino le trahit ; cette fougue qu'il continent à grande peine.
Mais il est si beau aussi, Toni, si désirable avec ses yeux rougis par les pleurs, si tendre dans sa façon de l'accepter contre lui. Ça fait monter dans sa cage thoracique, cette envie d'honorer son corps plus qu'il ne l'a jamais été.

- ... Eres magnifico

Il souffle, à l'orée de son pubis. Plus doux, plus attentif, le némésis pose une marque de crocs sur la peau délicate de l'abdomen qui se soulève au fur et à mesure des respirations. Et, les prunelles plantées dans celles de son vis-à-vis, il saisit le bord du sous-vêtement gênant du bout des dents, pour l'entraîner avec lui dans sa chute.
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Ven 9 Avr - 20:32

Chute
Stab ―

On a déjà secoué Toni. On lui a attrapé les cheveux, on a fait plier ses genoux pour qu’ils s’écrasent sur le sol dur, on a appuyé son visage tantôt contre des corps, contre des murs. Et il a eu peur, Toni, plus d’une fois il a craint pour lui, pour son intégrité. Il était protégé par le gang mais pas totalement sauf. Cette peur était le prix à payer pour qu’il se sente au moins un peu en sécurité. Et de bien des manières, Stab pourrait lui rappeler ça, que son corps a cessé de lui appartenir il y a quelques années maintenant, que tout se paye et que leur échange n’a rien d’innocent.

Pourtant Toni n’a pas peur.

Peut-être parce que ses sens sont endormis par les miasmes du mal-être, ou bien parce que les gestes du blond ne trouvent pas de sens en son esprit. C’est inattendu, et étrangement bienvenu. Alors ce que veut Toni, rien n’est sûr. Probablement qu’ils soient seuls, vraiment seuls et qu’ils ne craignent pas d’être surpris. Il veut que le monde s’arrête et qu’ils soient les seuls à tourner. Et les mots d’Ismaël roulent sous sa peau, provoquent au moins un millier de frisson. Est-ce que c’est sa voix qui fait ça ou bien Toni qui serait bien trop réceptif à celle-ci. Comme une pile dont les bornes opposées s’activent machinalement. Le courant passe et se répand sous l’épiderme, active les muscles et contracte ces derniers. C’est peut-être pour ça que, lorsque sa main glisse sur lui, une sensation fantôme lui picote irrémédiablement les doigts.

Ou Ismaël fait partie de son imagination et il l’électrise. C’est juste trop beau pour être véritablement vrai.

Stab jure et leurs bouchent se heurtent de nouveau, se fondent l’une dans l’autre. Toni se sent littéralement fondre, perdre consistance, il disparait, d’une certaine manière. Il coule vers un néant où il ne se trouverait plus que le blond et lui. Si bien que c’est avec un voile brumeux qu’il sent l’autre remonter son haut, quitter ses lèvres et mordre ses pectoraux. Appuyé sur ses coudes, il le voit faire et il le voit descendre petit à petit sur son corps, toujours plus bas, tandis que sa vision se trouble. Mais pas de larmes, plus de larmes. C’est un flou artistique, qui mélange les formes et les couleurs. Les mots viennent le frapper de plein fouet, un compliment auquel il ne s’attend pas. D’habitude, les autres viennent et prennent ce qu’ils veulent, personne ne prend vraiment le temps de lui parler, encore moins de le complimenter. Alors, seulement, Toni sait ce qu’il veut :

« Te quiero a tí. »

Avec des mots qui peuvent porter à confusion, il le sait. Mais son cœur bat la chamade dans son torse avec tant d’allégresse et de reconnaissance qu’il ne peut pas mieux remercier Stab d’être là, avec lui. A lui faire partir ses larmes et alléger le poids de son cœur. Le faire se sentir vivant, et important. Et dans un sens, tout n’est pas faux, il a toujours eu cet espèce d’attirance pour le colosse. Que les choses se passent bien entre eux ou non. Une affection latente qui patientait depuis tout ce temps quelque part, cachée. Qui n’attendait plus que d’être saisie à un moment pour se dévoiler.

Se dévoiler comme sa peau apparait, tandis que son sous-vêtement tombe, laissant la chaleur de son épiderme à nu. Une nudité qui n’a plus rien à cacher, pas même son ardeur gorgée par la tension et l’excitation. Et Toni se sent retenir son souffle alors que sa main revient glisser dans les cheveux clairs de l’autre homme, saisir ses cheveux et appuyer légèrement sur son crâne. La seule chose qu’il regretterait c’est que dans leurs positions, il ne peut pas profiter du corps de Stab pour y faire courir ses mains. Ainsi il se sent étrangement à sa disposition, comme un plateau offert en cadeau. Une pensée qui le fait légèrement trembler. C’est plutôt lui qui a l’habitude de s’occuper du plaisir des autres et maintenant que les rôles sont inversés, son cœur bat si fort que ça lui fait mal.

« Ismaël …»

Cela fait très longtemps qu’il ne l’a pas appelé par son nom, ça n’est peut-être même jamais arrivé. C’est une supplique intime, un appel. Toni est désarçonné parce qu’il se passe mais pourtant, il n’a pas envie que ça s’arrête.

Il en veut plus.




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Mer 14 Avr - 17:42


La chute [+18]
- Te quiero a tí.

Ça démarre, dans le ventre d'Ismaël.
Cette chaleur languissante, ce désir latente. Toute l'énergie qu'il n'a pas mais a envie de mettre dans son souffle, juste pour caresser d'aussi loin et d'aussi prêt qu'il peut, celle de l'être alangui sous lui. Offert, à nu dans tous les sens du terme. Vulnérable. Et ça, il ne peut pas cacher que ça lui plait, de sentir ses défenses qui tombent. Ça l'électrice, cette seule pensée, ça réveille une pression au fond de sa cage thoracique. Il a envie de l'entendre chanter une symphonie, conter de nouveau plaisir au rythme de ses halètements.
Parce que son murmure a laissé en lui, une trace.
Le double sens de l'envie, le double sens de l'angoisse.

- Ismaël ...

Il le sent fondre sous le frôlement de ses lèvres, l'effleurement contre son abdomen et la prise des crocs, qui contribue à le libérer de la pression d'un bas gênant.
Sa tempe s'appuie contre la cuisse frémissante du plus jeune alors que, d'en bas, il le contemple dans son intégralité. Son regard accroche les prunelles brumeuses et refuse de les lâcher. Même lorsque ses lèvres entre en contact avec la peau chaude du désir dressé, même lorsqu'il laisse tout le loisir à sa langue découvrir le goût, la chaleur, la sensation de la pulsation contre elle. Partir de sa base pour remonter avec une lenteur qui souffle qu'ils ont tout leur temps, jusqu'à son gland qu'il finit par englober. Une paume large vient se caler contre les reins tendus du Perros, lui intimant de les creuser pour pouvoir davantage s'enfoncer dans la cavité humide qui l'accueille avec un plaisir non dissimulé. L'avoir dans sa bouche, contre son corps, sous ses yeux, c'est une sensation bien plus divine que ce qu'il voudrait bien admettre.

Au-dehors, il perçoit une vague agitation qui s'en vient puis s'en va mais ses sens sont concentrés sur ce qu'il a devant lui. Son esprit, ne s'ouvre que pour capter les moindres réactions de Toni ; plaisir, gêne ou douleur, Ismaël adapte les pressions de sa langue aux traits de son visage.

- Toni ...

Ça susurre du bout des lèvres en attaquant sa croupe à pleines mains, distrait malgré tout par l'usage de sa langue sur le membre long, centre de toutes ses attentions. Et tant pis pour les gémissements, tant pis pour le lieu et le moment : il veut seulement le sentir se tendre, trembler puis se détendre à la suite de sa jouissance.

- Déjame hacer.

Je m'occupe de tout, profite simplement.
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Ven 28 Mai - 15:01
La cellule bouge, tourne, change sous ses paupières. La lumière vacille, le colombier pourrait le jurer. La lueur des néons n’est plus aussi forte qu’avant, atténuée, étouffée comme si on vient de poser un drap dessus. Noir. Rouge. Devant ses yeux, les couleurs dansent, une explosion de tons lorsque les lèvres de Stab viennent caresser la chaleur de son corps tendu. Maintenant qu’il est nu, il ne ressent pourtant pas la fraicheur de l’air. Il a l’impression que les barreaux de la cellule sont redevenus un mur, que le système d’aération a cessé de fonctionner. Il fait soudainement si chaud, si chaud pour lui qui avait néanmoins bien froid il y a peu de temps. La température a grimpé d’un cran, tout d’un coup. C’est une implosion au creux de son corps, une vague brûlante qui se répand sous sa peau. Ses doigts se serrent sur les mèches claires par fines pressions, des à-coups au rythme du souffle chaud qui s’empare de lui comme une respiration de l’enfer. Le diable expire directement dans sa gorge, emplit ses poumons de son air empoisonné mais, ce n’est pas quelque chose qui le repousse. Non, ça a des allures d’effluves envoutantes, ce n’est pas bien mais Toni en veut plus.

Malgré lui, ses cuisses tremblent légèrement. Sa vision se trouble alors qu’il peine à soutenir le regard d’Ismaël. Si brûlant, une langue chaude contre sa peau, contre son âme, qui le fait si facilement défaillir. Les mots du blond résonnent avec un écho dans sa tête. Ses oreilles ne fonctionnent plus aussi bien, il n’entend plus que lui et rien d’autre. Comme une radio réglée sur une station précise, juste sa voix, les frottements de sa peau, de ses cheveux. Et Toni ne perçoit pas les bruits de pas au-dehors, qui se rapprochent, qui viennent vers, eux. Il n’y a plus qu’Ismaël qui compte, il n’y a plus de monde autour d’eux.

Son cœur s’emballe, irrégulier.

« …'maël...»

Ce n’est pas normal pour lui de se laisser faire, pas de cette manière. C’est Toni qui s’occupe du plaisir des autres d’habitude, et même si l’habitude commence à se faire lointaine, c’est toujours comme ça que les choses ont été. Mais ce n’est pas si mal de se laisser aller pour une fois, le colombien a bien moins de volonté que d’ordinaire, il se laisse glisser sous les attentions de Stab, rejette son visage vers l’arrière en fermant les yeux, rompant le contact visuel. Pourtant, même sans celui-ci, il ne se sent pas s’apaiser, au contraire, le fait de se retrouver dans le noir lui fait de sentir plus sensible. Plus réceptif au toucher au blond. Sa tête s’enfonce dans son oreiller, sa respiration se fait plus forte tandis qu’il accepte les choses, la situation. Il se laisse aller sous les doigts d’Ismaël, la chaleur de sa langue. Il pose le dos de son poing fermé contre ses lèvres.

« ...Mh...»

Un gémissement qu’il étouffe. Tant mieux, qui sait qui pourrait les entendre. Peut-être un autre détenu, ou bien, celui à qui appartiennent le son des pas qui se rapprochent. Bientôt, la personne passera devant la cellule, à moins qu’elle ne s’arrête. Ce serait gênant, mais c’est toujours un risque comme un autre. Un risque auquel Toni ne songe plus. Il s’est laissé emporter dans une brume de langueur, de chaleur, enfermé dans une nouvelle sorte de prison.

Une dont Stab a la clef.
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Ven 28 Mai - 16:06


La chute [+18]
Il s'harnache au fond de lui même pour ne pas le dévorer dans son entièreté. Sous lui, il sent les muscles longs de son amant se tendre, se détendre, quémander davantage en s'arquant un peu plus encore. Et ça murmure au fond de son crâne qu'il lui reste une chance de s'enfuir avant l'irréparable - personne ne les a encore vu, ils pourraient tout aussi bien être en train de négocier -. Mais c'est trop dur et au fond il ne veut même pas essayer de s'écarter.

Alors sa prise se fait plus forte, ses caresses plus insistantes, ses aspirations plus franches. Tout est fait pour l'amener au bord de l'extase, peut-être même directement dedans : Ismaël ne veut pas s'arrêter là, mais un pressentiment vient lui chuchoter de mauvaises choses à l'oreille. Le danger les guette, même de là où il est, il s'en rend compte. Alors il prie, silencieusement.
Il prie pour que le perros finisse dans sa bouche avant que le cliquetis de la grille ne retentisse. Il prie pour pouvoir se redresser, essuyer sa bouche, rabattre la couverture sur le colombien. Plus que tout, le latino n'a aucune idée de s'il aura le temps de quoique ce soit. Et déjà la grille s'ouvre. La couverture tombe.
Ismaël s'est retourné, cachant à demi le corps encore alangui de Toni, son torse qui se soulève rapidement, son ventre qui se creuse d'une tension encore présente.

- Garcia, c'est pas ta cellule.

Sourire aimable, le némésis s'est relevé, toujours protégeant le plus petit du regard de l'intrus, sa main traînant non loin de la couche.

- J'étais venu voir s'il allait bien. Il avait l'air mal-/

- T'es infirmière maintenant ?

C'est vrai qu'une jupe plissée et une grosse seringue pourraient lui aller mais ... Pourtant, le prisonnier ne ravale pas son sourire, seulement sa parole. Il jette un coup d'oeil en arrière, une œillade qu'il espère rassurante. Mais dehors, déjà, on les a entrevu. Déjà, Stab sait qu'il s'est enfoncé dans une merde noire et que son supérieur l'attendra de pied ferme. Déjà il sait que les perros allaient vouloir de lui plus que de simples excuses. Mais se foutre dans la merde, c'était définitivement sa capacité première : réfuter ça, c'était ignorer une partie de lui mais le clebs n'était malheureusement pas du genre à s'ignorer ...
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Mar 27 Juil - 14:51
Un millier d’étoiles.

Un millier d’étoiles dansaient sous ses paupières closes, dans un rêve trop beau pour être vrai. Ils ne pouvaient pas faire ce qu’ils faisaient mais dans ce monde-ci, tout était possible. Stab qui est doux avec lui, et gentil, qui lui offre des cadeaux, qui passe le voir. Tout autant de choses bien trop tendres pour leur quotidien froid et réglementaire. C’est une échappatoire, l’espace d’un instant, Ismaël a ouvert une porte et Toni n’est pas assez fort pour se détourner de la lumière. Elle l’attire, comme le néon, un pauvre papillon. Mais il ne peut pas dire qu’il déteste ça, ce serait mentir, et le prisonnier est un bien piètre menteur.

Il pourrait dire que ce n’est pas sa faute, qu’il n’est pas dans son état normal et ce serait vrai. Dans les profondeurs dans lesquelles il se noie, il ne va pas repousser la main tendue, quel que soit son propriétaire. Désespéré, c’est le mot. C’est désespéré quand ses doigts s’accrochent aux cheveux blonds de l’autre homme. Il est au bout de tout quand il étouffe ses grondements gémissants.

Et lorsqu’une explosion solaire ravage son corps, il n’a pas le temps de se perdre dans les douces volutes de chaleur qui emplissent et engourdissent ses membres. Déjà, Stab a rabattu le drap sur lui et le brun papillonne des paupières, perdu. Pas moins d’une seconde après, le gardien entre et Toni se redresse en tirant le drap contre lui.

Mierda.

Il s’occupe de rapidement remonter son boxer le long de ses cuisses pour le remettre en place. Le cœur tambourine comme un fou dans sa poitrine, Stab se trouve entre eux et Toni craint la façon dont la situation va tourner. Dans sa tête, les mots tournent, se répètent : Qu’est-ce qu’on a fait.

Il peine à réaliser à quel point ils ont dérapé. Mais le maton semble avoir un point de vue très clair sur la situation. Les affaires de gang ne sont pas étrangères aux gardiens, et ils sont bien au courant des amitiés et rivalités qui font vivre Rikers comme les veines d’un corps. Un Némésis chez un Perros, d’autant plus dans la cellule du chef, il y a de quoi attiser un certain interêt.

« Il allait partir. Il part d’ailleurs maintenant. »

Toni se redresse un peu mieux et appuie une main dans le dos du grand blond. Il presse doucement, mais il voudrait que ce soit d’une certaine fermeté. Malheureusement pour lui, ses membres sont gourds, à cause de son état, mais aussi de ce qu’ils ont fait. Alors, il s’écrase un peu contre Stab.

« Gracias. »

Qu’il mime de ses lèvres en silence. Le gardien attendra que le blond sorte avant de le suivre. L’homme tire d’ailleurs sur les draps accrochés aux barreaux pour l’en déloger.

« Toi, Vasquez, remets ça en place ! »

Le maton lance le drap sur Toni qui le rattrape maladroitement.

« Entendu ! »

Et il se lève avec ses jambes tremblantes. Il va s’occuper de remettre le drap sur son lit. Du coin de l’oeil, il regarde Ismaël partir et un agglomérat de sentiments l’envahit. Il se sent … redevable. Coupable aussi. Ses yeux glissent sur son lit et s’arrête sur la barre chocolatée à moitié entamée. Il l’attrape et la porte à ses lèvres, tape un croc dedans. Une inspiration profonde cache un sanglot. Pourquoi fallait il qu’il soit si sensible quand il est comme ça.

Alors, il se perd à rêver d’une situation où tous deux ne seraient pas en tord. Il réfléchit à comment Loco prendra la nouvelle, parce qu’il sait qu’il finira par l’apprendre.

Tout ça lui donne envie de se recoucher.

Il mord une nouvelle fois dans le chocolat.

Non, en fait, ça va mieux que plus tôt. Mais il sait qu’il ne pourra jamais correctement remercier Ismaël. Lui qui l’a accompagné dans sa chute.

Leur chute.
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