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Contraste - Take it slow.

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Lun 26 Oct - 20:05

Take it slow.

654 mots

Ft. Bonifacio Castelli


Il en avait déjà vu, des écureuils. Touché, jamais mais Hugo avait suffisamment observé les animaux pour savoir que s'il se barrait à l'approche d'un être humain, c'était surement parce qu'ils ne voulaient pas être tripoté. Alors, jamais il n'avait essayé de connaître la sensation de la texture de la queue rousse et touffe contre sa paume abimée. Pareil pour les chiens qu'il croisait dans la rue, les chats, les oiseaux et les rares lapins et furets que des lycéens d'extrême drôle trouvaient drôle de promener en plein milieu d'une rue bonder juste pour attirer les regards sur elles.
Dieu que les gens sont cons.

Alors lorsqu'il avait trouvé l'animal blessé, son premier réflexe n'avait pas été de le déplacer mais plutôt d'essayer d'appeler le vétérinaire. Manque de chance, son portable était éteint dû à un manque de charge. L'objet ne figurant pas dans sa liste de priorité, il l'avait complètement laissé de côté pendant la nuit alors qu'il s'occupait de sa compagne. Compagne qui reposait bien tranquillement chez lui, sous les ordres du gentil vétérinaire.
Cela dit, vu la situation, ce n'était pas plus mal.
Le punk était resté là à fixer la petite forme à la patte collante de sang pendant bien cinq minutes avant de se décider à bouger, les points brunes sur sa tête encore lourdes d'eau et les poils dressés sur les bras à cause du frisson qui l'animait. L'absence de tee-shirt commençait à se faire sentir. Pourquoi on le lui avait volé en fait ? Il n'avait suffit que de dix minutes dans la mer - à 10 degrés la mer, sinon ce n'est pas drôle - pour qu'on lui embarque un de ses vêtements.
Hugo avait froid. Mais l'écureuil était blessé, il fallait l'envelopper dans quelque chose. Son blouson ferait l'affaire.
Quant à savoir ce qu'il allait en faire à présent ... c'était une autre histoire.

Le vétérinaire était certainement occupé et sincèrement, il ne se souvenait même plus comment y aller de là où il était. Si sa mère rentrait et trouvait un animal sauvage chez elle, elle allait hurler. De là, le punk se sentait un peu perdu.
Son regard fut attiré par l'imposante bâtisse non loin de lui et la lumière fut : le gars là, qui l'avait récupéré, il avait l'air d'aimer les animaux ! En tout cas, il aimait bien Pearly de ce qu'il avait vu. Peut-être qu'il saurait s'occuper d'un écureuil. Peut-être. De toute manière, il n'avait pas d'autre possibilité.

Le punk ne connaissait pas les horaires de sorties des étudiants de l'académie, encore celles du professeur qu'était l'italien. Professeur de quoi d'ailleurs ? Il n'en avait pas la moindre idée.
Tout ce qu'il savait c'est que les regards qu'on ne cessait de lui lancer maintenant qu'il était adossé à l'un des murs d'enceinte de l'académie, commençaient sérieusement à l'agacer. Les températures avaient chuté ces dernières semaines et en ce début de soirée, il fallait bien avouer que le lycéen aurait préféré se caler sous sa couette dans sa grande solitude, plutôt que d'être là à retenir d'une crispation sévère, le moindre tremblement qu'aurait pu laisser apercevoir son corps.
Putain de pays.
C'est bon, il commençait à être grumpy.

- Hey. Les putes c'est pas ici. Rhabille toi si tu veux pas avoir de problème !

Noir le regard, il pouvait pas faire plus violent niveau fusillade. Comme s'il prenait plaisir à être à moitié à poils à cet endroit, en plein automne. Putain de bourge. Putain de regard hautain. Putain de chercheurs d'emmerdes qui commençaient à venir le chauffer, qui le tendaient, qui l'incitaient à frapper.

notes.
A-Delta Lord
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Mer 11 Nov - 16:49
Take it slow


Bone finit de classer ses derniers documents. Quand il les remet dans la glissière, le fond de café qui gît dans la tasse frémit comme une petite marre d’eau brune. Ça va faire un moment, là ; un moment qu’il bosse ici, assez pour que son espace de travail commence à prendre les couleurs de sa présence. Alors une tasse ou un thermos à café, délaissé dans l’angle du clavier, c’est un incontournable. Il y a le paquet de cigarettes aussi, dissimulé dans un tiroir. Les grains de tabac blond ont commencé à envahir les interstices du vinyle abîmé. Le pull sur le dossier de la chaise, et envahissant lentement la surface du bureau, les baguettes qu’il a gardées de la fois où le corps enseignant a commandé des sushis, un jeudi, on ne sait jamais, ça pourrait servir, il aime bien le poisson, il y a sa montre, deux calculettes - étrange, pour un littéraire, feront remarquer les autres, mais justement, les mathématiques, ça n’a jamais été son credo, alors il a besoin de renfort pour les évaluations des étudiants -, un cadre toujours vide - non, pas vide, il y a collé des post-its de choses à faire -, une, enfin deux, piles de livres, et des livres encore, écroulés, trois signets, dont un confectionné à la va-vite avec une facture de restaurant, un chargeur de cellulaire, une écharpe, et la liste s’allonge, s’allonge… bientôt, Bone sera enseveli sous cette deuxième vie qu’il a ici, au bureau, c’est ce qu’un des collègues lui a ronronné, sagace, et l’italien n’a pas eu d’autres choix que de lui accorder raison.

Tu pars ?

La voix de Judith, qui s’arrête en passant devant la porte ouverte. Le brun lève les yeux vers elle en enfilant sa veste, en y glissant ses clefs, son portefeuille. Son regard interroge. La femme pose sa main manucurée sur le montant du mur.

On a réunion dans vingt minutes.

Merde. Bone finit d’attacher son trench, regarde derrière pour la forme. Il avait oublié. Mais il ne va certainement rebrousser chemin maintenant, ça l’emmerde. Alors il fait semblant que c’était prévu ; ce départ nonchalant.

Oui, je ne pourrai pas y participer. Il s’arrête à la hauteur de Judith, pose une main chaude sur son épaule et lui glisse un sourire poli, un brin trop enrobant, peut-être. Elle a deux fois son âge. Tu pourras me faire un topo demain ?

Il replace son col, les lèvres peintes de la femme s’étire brièvement. Elle a une petite lueur cynique et intelligente dans l’oeil. Comme toujours.

Pas de soucis, mais tu sais, c’est toujours la même chose. Tu ne manques rien. Sauf le thé et les scones, ça en fera plus pour moi.
Voilà, Bone répond sans hésiter, claquant rapidement des doigts avant de la désigner d’un index appréciateur. Quelle perspicacité, cette femme.
À demain !

Elle roule les yeux au plafond, lui envoie la main avant de continuer, les talons claquant avec assurance sur le parquet.

C’est frais, dehors. Le vent, lorsqu’il souffle, pique légèrement la peau des joues, soulève les feuilles mortes. Bonifacio trace vers le parking, les yeux baissés vers la poche de laquelle il tente de retirer son démarreur à distance. Les piaillements des gosses, c’est pas ce qui le déconcentre, généralement. Alors vraiment, y’a que deux choses qui lui font relever la tête : quand on l’appelle par son nom, pour le saluer, la plupart du temps, et les insultes.

Hey. Les putes c'est pas ici. Rhabille-toi si tu veux pas avoir de problème !

Ses billes sombres sont happées vers le haut, puis se placardent sur les deux têtes de cons en uniforme qui ricanent de la pertinence de leur trait d’esprit.

Tout un vocabulaire, la voix de Bone claque platement comme il dévie déjà de sa trajectoire, se rapprochant des jeunes. Ils lèvent vers lui un regard faussement indifférent, tandis qu’il baisse le visage vers l’objet de leurs moqueries ; son coeur manque un battement.

Bah monsieur… l’un d’un commence, avec cette voix insupportablement nasillarde d’un jeune qui cherche à se justifier.

La ferme ou je t’en colle une.

Ça, il ne l’a pas réfléchi. Les deux étudiants figent, d’abord frappés par le ton de voix tranchant de l’italien, puis dans la seconde qui suit, Bone peut voir le flot d’interrogations qui déferlent sous leur cornée. Leur en coller une comme un coup de poing ou leur en coller une comme une heure de colle ? Prudemment, ils semblent opter pour la deuxième option, lui laissant le bénéfice du doute. Bonifacio les fixe, soutenant leur incertitude d’un oeil froid et souverain.

Ils rebroussent chemin, le visage parcouru de tics suspicieux.

Lui se tourne vers Hugo.

Hugo.

Qu’est-ce que tu fous ici ? Il demande, la voix un peu blanche, empreinte d’une tension trahissant à la fois sa surprise, son agacement, et sa joie, peut-être, dissimulée, de le croiser. Il y a beaucoup d’autres questions qui se projettent à l’avant de son crâne, comme des balles à blanc. Pourquoi t’es à moitié nu putain, c’est quoi ce truc que tu tiens contre ton torse, elle est où Pearly, tu m’attendais pas quand même ?

Bone veut le toucher. Il hésite ; sa main s’arrête près de son épaule. Il baisse les yeux vers le petit animal qu’Hugo a entre les mains. Ça lutte entre l’envie de l’inviter dans la voiture, pour se réchauffer, pour le substituer à la vue des étudiants curieux, et celle de s’attarder à la bête.

Dans le doute, Bonifacio se redresse légèrement pour retirer son manteau et le passer sur le dos d’Hugo. Le geste enveloppe, protecteur, alors qu’il jette un regard vers le parking et sa bagnole, à quelques mètres. Il revient vers l’animal. Mais qu'est-ce que...

… T’as quoi là, c’est un écureuil ?



A-Delta Lord
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Mer 11 Nov - 16:50

Take it slow.

730 mots

Ft. Bonifacio Castelli


Elle était visible, la veine qui pulsait lentement contre la tempe du plus jeune, qui ressortait petit à petit, gonflait comme gonflaient ses artères d'une respiration lente et profonde. Il les fixait par en bas, ces jeunes adultes pour la plupart plus vieux que lui qui voulaient jouer aux caïds. Etaient-ils stupides ? Assurément parce qu'à moins d'être myope, il n'y avait pas moyen de s'approcher d'un gars à moitié à poil en pleine journée et dont le torse reflétait la vie de violence qui était la sienne : une arcade recousue à la va-vite sur laquelle le sourcil n'avait pas pu totalement reprendre sa place, des bleus qui constellaient son torse, des cicatrices à l'intérieur de ses avant-bras tendus d'une colère contenue. Une colère qui commence à gronder, très bas, tire un mouvement de recul à ses futurs assaillants suivit d'un tic moqueur de la bouche.

- T'es un clebs ou quoi ?

Ses crocs le démangeaient, il était à deux doigts, à deux doigts de bondir arracher une oreille à la force de sa mâch ...

- Tout un vocabulaire.

Hugo ne bouge pas, tendu comme un arc, fixant par en-dessous la carotide qui vient se mêler au groupe. L'ambiance se fait plus lourde et même inconsciemment, le lycéen comprend que l'adulte a une certaine autorité parmi ses élèves. Parce que quand sa voix claque, ils ont un mouvement de tension plus visible, plus volontaire qu'avec lui et finissent par s'éparpiller comme une masse de pigeons dans un parc.

- Qu’est-ce que tu fous ici ? Ca accuse presque, du moins Hugo en a l'impression. Son propre regard se pose sur la bestiole dans ses bras, ignorant le frisson qui prend d'assaut son échine à un coup de vent plus dur, puis à la lourdeur du manteau sur ses épaules, … T’as quoi là, c’est un écureuil ?

D'une torsion de la nuque, le punk vient poquer le col du manteau de son museau, aussi surpris que curieux de le trouver sur ses épaules, qu'attentif à l'odeur qu'il s'en dégage. Il fait moins froid, là, même s'il n'aime pas cette manière si naturelle qu'a le plus vieux de prendre soin de lui. Personne ne prend soin d'Hugo, parce qu'Hugo n'a pas besoin d'aide.
Sauf aujourd'hui. Mais c'est pas pour lui, c'est pas pareil. Et si le chien aimerait montrer les crocs, se rebeller un peu face à la protection, la chaleur qui se diffusait contre sa peau ainsi que l'aide qu'il s'apprêtait à demander l'en dissuada. Ce n'était pas le moment de faire l'idiot, Bonifacio pouvait très bien le laisser dehors, à s'occuper d'un animal bientôt crevé.
Le tremblement n'était pas calmé : il était intervenu, faisant croire une certaine personne à ses assaillants alors que ce n'était finalement que le reflet d'un brutal désir de leur arracher la mandibule basse. Mais il l'ignore, se concentre sur l'angle du visage du professeur si propre sur lui. Lui, il détonne dans le décors, d'une certaine manière il en a conscience. De l'autre, il fait comme si de rien n'était. Le punk devait rassembler toutes ses forces, faire tourner ses méninges rapidement pour trouver comment formuler correctement sa demande : c'était loin d'être aisé mais il le fallait. Pour cette fois du moins.
Et puis, Hugo avait toujours une dette envers l'autre, il en avait d'autant plus confiance maintenant.

- Oui. Ca murmure, déglutit, prend une profonde inspiration pour se calmer et relève la profondeur de ses prunelles vers le visage du châtain, Il est blessé. Je ne peux pas le rapporter chez moi et ... le vétérinaire est ... Son regard fuit, s'attarde sur le groupe qui le regarde au loin en chuchotant, le mal aise dans la nuque. Ca lui donne des envies de violence encore. Tout est plus simple quand c'est violent. J'ai besoin d'aide.

La politesse, Hugo, la politesse.
Et pourtant, il a le vague sentiment que s'il te plait, ne suffirait pas.

- Je règlerai ma dette. Comme tu voudras.

C'est clair et honnête, son regard planté dans le sien. Ca ne saurait souffrir d'aucun mensonge.
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A-Delta Lord
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Dim 17 Jan - 22:21
Take it slow


Ça bouge. Hugo bouge. Son nez vient frôler le col du manteau, comme pour humer l’odeur de cette attention. Bone est toujours aussi fasciné par la vie qui l’anime, même subtile, autant que par cette rigidité parfois lointaine s’emparant de son corps fuselé. Il déplace la lumière, son monde penche un peu mieux, oblique, tranquille. Et les soubressauts, presque tendres, d’un tremblement nerveux, s’apaisent dans son ombre. L’italien sent son front, ses yeux, sa nuque chaude. Colère latente, contre ce qui tend encore les muscles glacés du brun. Une envie douce et animale de le serrer contre lui. De le réchauffer, de le protéger, de le dissimuler à la vue. Il ne bouge pas.

Oui, il est blessé. Il ne bouge pas. L’animal. J'ai besoin d'aide. Il dit ça alors que son regard a dévié sur les deux garçons, plus loin. Bonifacio regarde, lui aussi. Juste des mioches. Faut qu’il se calme, pour qu’Hugo se calme aussi. Il n’a plus vingt ans, il ne peut pas se laisser atteindre comme ça, et encore moins par des morveux pas même sorti de chez leur mère.

Il revient sur le visage du punk, est happé par ses yeux sombres et francs.

Je règlerai ma dette. Comme tu voudras.

Ça lui fait une drôle de sensation. Quelque chose comme un coup de chaud, mais aussi un agacement certain.

Allez, lève-toi, il gronde simplement en s’éloignant, pour l’inciter à le suivre autant que pour s’éloigner de cette voix grave vibrant encore dans ses tympans. Il n’est pas capable de lui dire ; déconne pas, y’a pas de dette. Mais y’en a pas. Vraiment. Bone est incapable de le lui dire.

Il glisse sa main dans sa poche, déverrouille à distance la voiture. Les phares crachotent une lumière jaune sur les feuilles mortes du stationnement.

J’y connais rien avec ces bestioles, je te préviens, qu’il ajoute en refermant sa portière, lorsqu’Hugo est assis à sa droite. Son regard glisse sur la petite chose toujours immobile dans les mains du brun. Elle respire. Apeurée, ou apaisée ? Les deux, peut-être. Tranquillisée par la certitude du danger, et du fait qu’elle n’en réchappera pas. Puis ce sont les mains du jeune qu'il regarde. Les veines, les tendons sont la peau. Les doigts longs. Bone a brusquement envie que cet imbécile d’animal vive, juste pour voir Hugo sourire. Il démarre en prenant une inspiration profonde, souffle engloutit sous le bruit du moteur.

Il est heureux de le voir. Il est incapable de le montrer. Lentement, il se détend, roule ses épaules vers l’arrière, accuse le contraste de l’air chaud poussé par la voiture contre ses biceps avec celui de l’air froid du dehors ayant rampé sous sa chemise.

… il est où, ton haut ?

C’est tout de même une question légitime, ça. Bone lui lance un regard par le rétroviseur central. Pas que ce soit particulièrement déplaisant de voir son trench s’ouvrir avec indolence sur son torse nu, mais... et ta cheville, ça va mieux ?


A-Delta Lord
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Dim 17 Jan - 22:22

Take it slow.

973 mots

Ft. Bonifacio Castelli

- Allez, lève-toi.

L'ordre a sonné, rauque et violent, un glas calme dans la tempête silencieuse qui menaçait d'abattre sa colère sur les étudiants qui le regardaient plus loin. Putain de riches. Putain d'adultes.
Hugo n'aime pas les adultes, mais Hugo tolère Bone pour une raison qu'il ignore et qu'il ne cherche par ailleurs pas à connaître. C'est peut-être par dette - pourtant, la simple idée qu'on puisse lui venir en aide et faire ressortir de lui une quelconque faiblesse, tiraille ses nerfs -, peut-être juste aussi que l'attitude du professeur l'appaise. Ce qui n'aurait aucun sens.
Le littéraitre sous ses airs de faux-calme a l'odeur de la violence. Personne ne trompe l'odorat du punk, lorsque ça parle par effusions sanglantes.

Les phares sur sa droite cligotent et sans attendre, le lycéen se laisse entraîner à la suite du plus vieux, d'un pas rapide, pressé de s'en aller. Echapper à ces regards insistants qui abattent mille sentances sur cette nuque raide qu'ils ne connaissaient en aucun point.
Putain d'autres.
Hugo déteste ça, les autres.

- J'y connais rien avec ces bestioles, je te préviens. Le moteur gronde et les pavés face à la carrosserie viennent se faire avaler par les roues, ... il est où, ton haut ? ... Et ta cheville, ça va mieux ?

Ça fait beaucoup de questions. Surtout d'un coup.
Hugo a l'impression que ça fait des jours qu'il n'a pas ouvert la bouche - c'est peut-être le cas ? Qui sait, même semble avoir du mal à se souvenir de ces trous noirs -, alors il hésite, laisse son oeil lent traîner sur la vie qui se bat entre ses bras. Ses biceps se contractent légèrement alors qu'il ramène un peu plus la petite bête dans sa chaleur, pliant davantage le blouson sur elle, toujours avec cette peur latente de l'abimer. De la casser. Le punk à chien à l'habitude de briser tout ce qu'il touche, c'est d'ailleurs pour ça que si la curiosité s'anime en permanence dans ses prunelles sombres, ses poings restent indéniablement crispés et enfoncés au fond de ses poches.
Comme ça aurait été le cas maintenant, si seulement, ils avaient été disponible. Mais s'ils l'avaient été, le polonais ne se serait pas tenu à demi-nu devant l'académie renommée de Lifelam. Et il n'aurait pas attiré l'attention sur lui et par extension, sur le professeur qui aurait certainemetn des explications à fournir par la suite. Mais Hugo ne pense pas à ça. Parce que l'esprit d'Hugo ne va pas aussi loin.

- Je sais pas. Disparu. Sa jambe se tend un peu, s'étire, fait rouler l'articulation de la cheville avec un air circonspect. Mieux. Oui.

S'il avait pu sortir ce matin là, traîner dans la brume juste pour taper dans une balle, c'est que c'était certainemnet en court de réparation. Encore maintenant d'ailleurs.
Le crâne habitué à être maltraité vient s'enfoncer dans l'appui tête qui l'avale presque entièrement et lentement, le gosse sent ses paupières papillonner. Ce n'est pas le moment de s'endormir mais Hugo accuse le contrecoup ; la chaleur de l'habitacle, le confort des sièges, tout ça après la baignade dans l'eau gêlée, le vol de ses vêtements, la découverte de l'écureuil, la course, l'envie de se dresser, répliquer, mordre.
Mordre.
La pointe d'une langue vient goûter la courbure abimée des lèvres du rookie alors que d'une respiration profonde, il sent le vêtement lourd caresser sa poitrine. Ça lui procure un frisson, un de plus ; il remonte le long de sa colonne vertébrale pour prendre d'assaut cuir chevelu et mâchoires. Hugo remue, une ondulation des reins pour s'en débarrasser, visiblement inconfortable.

L'écureuil couine.
Ça attire son attention vers le bas, alors que sans qu'il ne se rende compte, ils arrivent à destination.
Cette route, il la connait - un peu du moins - pour y avoir été baladé à moitié écorché par la vie et les coups qu'elle continait de lui balancer en permanence dans. sa. putain. de gueule.
Mais là c'était différent. Pourtant, le pavé casser à un endroit, les quelques touffes d'herbes qui filtraient entre les gravillons et surtout les volets blanc de la petite maison bien rangée le tire dans d'autres souvenirs. Plus agréable. Une belle nuit, un beau repos. Des brides de rêves lointaines. Une petite sortie au parc le matin, Pearly qui s'amuse - ça y est, sa belle lui manque -, lui qui frappe, Bone qui rit.
Le crac, aussi.
Discrètement, le punk jete un oeil en direction de l'arrête nasale du professeur. Droite. Pas de bosse. Est-ce qu'elle avait toujours eu cette forme ? Le lycéen n'en est pas bien sûr, son attention n'a pas assez traîné par ici, plutôt sur ses yeux, ces yeux et sa carotide. Surveiller, viser les points sensibles, attaquer.
Un chien de combat, musclé et entraîné.

La voiture se gare, l'animal couine de nouveau. Un oeil avisé aurait pu apercevoir l'inquiétude qui transparaissait au travers des prunelles du polonais, d'un vif éclair qui ne tarde pas à disparaître. Un peu mais pas trop. Mais il n'y peut rien Hugo ; trop sensible aux animaux.

- J'pense qu'il a pas grand chose. Mais seul, il s'en sortira pas.

La portière s'ouvre, claque, le punk rattrape vivement le trench avant qu'il s'écroule au sol. Lève sa gueule méfiante de clebs battut en direction de la mâchoire du plus vieux. Il est grand ce con.
Pas stressé. Pas de carotide qui pulse.
Là, au soleil, c'est moins son domaine.

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Dim 17 Jan - 22:22
Take it slow pt. 2


Bone sait qu’ils parlent le même langage. Au fond, en creux, en filigrane, une langue du corps, de l’instinct, qui gomme l’âge, le sexe et toutes les autres modulations se foutant bien de ce qu’on a dans les entrailles. C’est peut-être pour ça qu’il se sent comme il se sent lorsqu’Hugo est là, assis tout près, dont l’air revêche et le silence morne n’affecte pas même son humeur à lui, la sensation que ça lui fait de le revoir.

L’italien pose des questions. Trop de questions. Il le sait, il le sent. Le jeune prend du temps à avaler quoi que ce soit, et lui, il vient de tout lui foutre dans le gosier. Il soulève les épaules et les relâches dans un soupire discret, fixe la route. Patience.

Il sait pas, le brun, pour son haut. Disparu, qu’il a joute. Bonifacio hausse un sourcil, affecte dans un silence posé la réception de cette réponse pour le moins typique, il commence à s’y faire, du jeune adulte.

Et la cheville, sinon, elle va mieux. Monosyllabes sécurisantes. Le professeur hoche du menton, une fois, lui décoche un rapide regard par le rétroviseur central. Bon… c’est déjà ça. Il tourne sur une verte, tente un autre regard, tout compte fait. Voit les paupières du punk s’alourdirent. Puis ses épaules ondulent pour se défaire du manteau chutant entre le siège et ses reins.

Ça fait un petit bruit dans ses bras. Bone se tend.

Retiens-le, j’veux pas d’un écureuil qui saute partout dans ma voiture, il gronde doucement, achevant cette intervention inutile d’un bon sang… soupiré avec fatigue. Qu’importe, ils sont presque rendus. Les quais sont vides, la plage parcourue d’un ou deux joggeurs téméraires. Bone stationne la voiture devant la maison aux volets clos.

J'pense qu'il a pas grand chose. Mais seul, il s'en sortira pas.

Bone sort sans rien dire, barre les portes.

Près des quais, l’air est toujours plus tempéré. Une éclaircie baigne l’avant de la maison dans un soleil bas d’après-midi. Ça va, je commence à m’y connaître en patte cassée. Léger sourire en coin. Il le dépasse, frôlant sa nuque d’un regard, pour déverrouiller la porte. Il accroche les clefs dans le portique, lâche un tu peux prendre une des boîtes de carton près de l’entrée pour lui faire un nid pendant qu’il file à la salle de bain chercher une serviette.

Ça revient avec le minimum nécessaire pour s’occuper d’une petite bête blessée, dont un peu de ouate (chaleur ? Confort ? Bone y sait foutrement rien aux écureuils, mais ça ne peut pas faire de mal), et un bouchon trouvé on ne sait où et rempli d’eau fraîche. Il pose le tout dans la boîte, fixe l’animal avec un certain malaise.

… Et s’il se met à gambader partout dans la maison, hm ? J’sais pas, Hugo, j’sais pas…

Il se frotte le cou, se dirige vers le réfrigérateur. Et ça bouffe quoi, tu sais ? Mate sur internet.

Il se souvient brièvement d’un petit oiseau récupéré sur le bord de la chaussée par son frère et lui, plus jeune. C’est Livio qui l’avait veillé presque toute la nuit. Livio a toujours été le plus sensible. L’instinct un peu brut, c’est à Bonifacio que s’est revenu. Mais ça n’a jamais été assez pour leur père. Il a jeté l’oiseau dans la poubelle, sans autre forme de cérémonie, le matin venu, en déclarant sèchement : il est mort. C’était tout.

Encore heureux qu’on n'aie pas de chat… Bone s’adosse au comptoir et observe les gestes méticuleux du punk, tout attentif à la créature miniature dont il s’est proclamé responsable. Ça lui fait une drôle de sensation. De le voir là, lui, si craintif, agressif, se métamorphoser en quelque chose de doux, de complètement absorbé dans sa tâche.

Les rayons du soleil entrant par la fenêtre font des reflets cuivrés dans ses mèches sombres.

… il boit ? l’italien finit par demander en se rapprochant, curieux malgré lui.


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Dim 17 Jan - 22:22

Take it slow.

514 mots

Ft. Bonifacio Castelli


- Retiens-le, j’veux pas d’un écureuil qui saute partout dans ma voiture. Bon sang…

Hugo n'a pas bougé, mais l'intervention a eu pour effet d'ouvrir un peu plus ses paupières, de réveiller l'esprit qui s'alourdissait lentement sous la chaleur de l'habitacle. Sa prise s'est resserrée autour du corps faible et il lui a lancé un coup d'oeil en coin. Embêté, il a l'air. Un peu. Au pire, il pourra toujours repartir si l'impression se fait trop fort.
Le moteur s'arrête, l'auto' se fige et le froid balaye son visage. Le punk frissonne. Sa colonne vertébrale s'est hérissée sur les dernières pointes, d'un courant électrique qu'il justifiera par tout, sauf par l'ouverture de la demeure du professeur.

- Tu peux prendre une des boîtes de carton près de l’entrée pour lui faire un nid. Il dit.

Alors le lycéen s'exécute sans un mot, avec l'oubli de la politesse qui scotche sa bouche. Le carton n'est pas très grand, mais ça suffira. C'est mieux, même : les bords sont hauts, l'habitacle est étroit. Comme ça, l'animal évitera de trop bouger et pourra se réchauffer d'autant plus vite. Il l'y dépose, dans son manteau toujours, sous la voix embêtée de l'adulte. Hugo lui jette un coup d'oeil par-dessus son épaule ; ça se fixe sur les mouvements lents et hésitants du professeur, qui remplit tout de même la boite. Bonifacio n'est pas doué avec les animaux, ni très à l'aise. Y a pas besoin d'une grosse analyse pour s'en rendre compte.
Sauf qu'Hugo, il fait davantage confiance aux gens que les animaux aiment bien et qui les aiment en retour. Mais Pearly avait déjà montré son appréciation du plus vieux donc ... validé.

- On peut partir.

Lui. L'écureuil. S'ils l'embêtent trop, par leur présence.
C'est pas agressif. Ça sonne pas comme un reproche, mais le lycéen n'a pas envie de s'imposer. Son portable dans une main malhabile - il ne l'utilise que peu et ça se voit -, il cherche frénétiquement de quoi nourrir la petite bête. Des fruits, des noix, des graines ... les aliments les plus facile à atteindre.
A la question, les prunelles sombres du jeune s'abaissent en direction de la fourrure.

- ... Oui.

Pas vivace, l'animal, mais c'est déjà ça. Puis ça l'empêchera de fuir partout dans la maison.
Refermant le carton, le punk se redressa avant de passer une main sur son torse, jusqu'à l'arrêter d'un grattement pensif contre son abdomen.

- Hm ... J'vais lui en acheter.

Parce que l'idée même de piquer un fruit à l'italien lui cognait à l'arrière du crâne : une dette en plus, ça commençait à faire beaucoup. Et le brun n'en avait pas grand chose à foutre de devoir se balader à moitié à poils pour ça. D'ailleurs, il se défit du manteau du propriétaire des lieux pour aller le pendre au porte-manteaux.
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Sam 20 Fév - 18:15
Take it slow pt. 2


Il le regarde. Ça fait un moment, maintenant. Il regarde la lumière bleue, celle de l'écran de son cellulaire, se réverbérer sur les traits durs, mais encore si jeunes, de son visage sévère. Absorbé. Il regarde la ligne de la mâchoire, l'enchevêtrement précis des os fins et des muscles de son visage étirer une expression figée, concentrée, jusqu'à son front, jusqu'à ses yeux sombres, voilés par deux rangées de cils serrées. Il regarde le grain de la peau, le vallon de ses joues, l'arête de son nez, la chute de sa bouche - sa bouche close, détendue, sa bouche qui ne s'ouvre pas très souvent, par où grondent à peine quelques paroles toujours un peu tendues, pressées, comme s'il fallait dire mais vite, sans déranger, sans trop se dévoiler. Bone regarde Hugo, et il se perd, se perd dans le vague silence d'une tâche en train de s'accomplir, d'un temps imparti en train de s'écouler sans lui. Il se perd sur la jeunesse d'Hugo, sa réserve, sa disponibilité, son retrait, ses secrets. Il s'en sent loin, soudain. De l'autre côté d'une porte de verre qu'il est capable de toucher, mais pas d'ouvrir.

Il a dit On peut partir, c'était quand, avant qu'il baisse la tête vers son cellulaire, après ? Est-ce qu'il a levé les yeux, quand il a parlé. Bone est suspendu au silence qu'il étire, délibérément, qui parle pour lui ; pas envie de lui dire de partir, pas envie de lui dire de rester - il regarde encore, il regarde le torse nu, la peau qui s'est figée dans un frisson permanent, entre les pans du manteau ouvert. Il fait frais, dans la maison. Il se détache. Se concentre sur l'animal. Ça boit.

Hm ... J'vais lui en acheter.

Il lève le menton. Croise le regard du jeune punk avant qu'il ne se détourne pour se départir du manteau. Acheter quoi ? Des fruits, des noix ?

Pas la peine, j'ai probablement tout ce qu'il faut.

C'était sec, un peu, non ? l'Italien frotte sa main sur son bras, une fois, va vers les armoires. C'est comme s'il parlait d'autre chose. Il ne sait pas trop. Hugo, il a cette façon de s'évader tout en venant à lui, cette façon de venir à lui tout en lui échappant. Ça lui démange les mains, les bras. Il attrape des graines de tournesol dans l'armoire, puis des baies dans le frigo. Tu peux rester.

Pourquoi ça sonne si insupportablement suppliant. C'est dans sa tête, à Bone. Il a eu une longue journée, il est fatigué. Il pousse les baies sur le comptoir, vers Hugo, en accrochant rapidement son oeil.

… Tu veux manger, toi aussi ? Une invitation à souper. Il bouge pas, pourtant. Il commence rien, ne fait pas cette série de gestes qui contraint l'invité à accepter, à rester. Bone lui laisse toute la latitude qu'il sent dont il a besoin, la liberté nécessaire, de se mouvoir, de refuser, d'hésiter. Il le regarde seulement, refait le même chemin sur son visage, calmement. Qu'est-ce que t'aimes, ça finit par demander avec douceur, dans le silence qui s'installe, incitation légère, bienveillante, à baisser les boucliers.


A-Delta Lord
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Sam 20 Fév - 18:17

Take it slow.

622 mots

Ft. Bonifacio Castelli


- Pas la peine, j'ai probablement tout ce qu'il faut.

C'est un rappel à l'ordre, ça fige le punk, le chien plutôt, la main en l'air et qui tourne un oeil avisé en direction du nouveau cheminement de l'individu.

- Tu peux rester.

Ça c'est pas pareil. C'est plus une question, il aurait certainement pu s'en rendre compte d'ailleurs s'il se penchait un peu plus sur l'affirmation. Absence de pointe d'interrogation, on dirait une demande mais lui, il lit pas les sous-textes. Il sait même pas ce que c'est.
Mais Hugo il est pas très littérature. Il est pas très social. Il est pas très rien en fait.

- … Tu veux manger, toi aussi ?

L'animal s'est approché, à petits pas timide seulement, très lentement. Tout dans la prudence, la retenue à l'échine, comme s'il tenait sa propre laisse de cette main qu'il garde un peu en arrière. Aux nouveaux mots, l'adolescent se fige - non, jeune adulte mais dans sa tête, y a du retard -, comme prit en flagrant délit. Et il tombe, sous les prunelles acérées du faucon, un peu cernées par la fatigue mais toujours aussi attentives. S'il n'était pas déjà à moitié nu, le punk se sentirait complètement déshabillé. Bonifacio aurait pu lui enlever la chair rien qu'avec la pression visuelle qu'il lui mettait ; il doit retenir un grognement.

- Qu'est-ce que t'aimes ?

C'est bizarre.
La tension s'évade, lentement. Mais la question reste en suspens dans sa tête.
Hugo déglutit. Avale sa salive sans avoir la moindre idée de pourquoi, ce soudain besoin de déglutir. Il n'a toujours pas bougé, alors son index vient s'appuyer sur le plan de travail, devant les baies que lui a sorti le plus vieux. Il ne remue pas, fauve paresseux qui l'observe se mouvoir ; à l'arrière de l'oeil, ça le dérange un peu, Hugo, mais il dit rien. C'est de la reconnaissance pour lui, de ne pas montrer immédiatement les crocs.

Il aimerait bien tourner les talons mais ça fonctionne pas : cloué au sol par la douceur latente et la paresse qui flotte dans l'atmosphère, le lycéen se sent incapable de prendre ses jambes à son cou. C'est comme si l'ambiance pesait sur son propre système nerveux. Ses muscles se détendent, mais ça a pour effet d'activer son cerveau ; qu'est-ce qu'il se passe ?
Son propre estomac murmure un appel à la morsure.

- ... J'mange tout.

Je sais pas ce que j'aime.
Si, le chocolat il aime bien. Mais ça fait pas grand de le dire et c'est pas comme si on pouvait s'en nourrir.
Enfin, les phalanges abimées butent contre le tupperware qu'il saisit vivement avant de reculer vers l'entrée, sans quitter des yeux le fauve fatigué. Il s'agenouille, pose la nourriture dans la boîte de l'écureuil. Fixe toujours Bonifacio avec cette méfiance latente à l'arrière de l'iris.
Il a pas confiance, Hugo.
Mais son corps frissonne un peu moins de froid, sa nuque ne s'étire plus de l'inquiétude de voir dépérir le petit être à fourrure. Et c'est seulement maintenant que, oui, il se rend compte d'à quel point il a faim. Ses ongles courts grattent vivement son biceps opposé, y laissent une déchirure à trois lames vives. Aucune douceur envers son propre corps, ce gamin.

- ... Tu aimes quoi toi ?

Marmonne le clebs entre ses crocs un peu secs, qui se rapproche de nouveau du plan de travail tout en prenant soin de laisser une distance de sécurité entre eux.
notes.
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Sam 3 Avr - 19:27
C’est pas dans ses manières, à Bone ; de laisser venir, de donner l’espace nécessaire pour reculer, rôder, se rapprocher. Généralement, il prend. Il s’impose, chasse, arrache. Il ne cherche pas la douceur, tout au plus une espèce de langueur un peu trompeuse dans laquelle se vautrer pour faire semblant, pour pallier à la violence qu’il sait donner. Mais avec Hugo, pas de ce jeu là. Pas d’ombres, pas de simulacre. Le regard sombre du punk l’a poignardé un peu trop justement, ce soir là, sur la grève. Impossible de faire chemin inverse, après avoir été aussi bien aperçu.

Bone l’observe s’approcher du coin de l’oeil. Pas de réponse, mais pas de refus non plus.

J'mange tout.

Oh, vraiment. Il sourit. C’est fin, ravalé, ça se détourne dans l’ombre que la fenêtre, au-dessus de l’évier, ne parvient pas à éclairer tout à fait. Le jeune prend les baies, s’éloigne précipitamment vers sa petite bête à protéger. Se protéger. C’est ça, qu’il fait. Ça traverse l’italien, avec lenteur. Toute cette méfiance, cette distance calculée, ces paroles retenues. Et lui, il fait attention de ne pas l’effrayer. Aucun geste brusque, aucun mot plus haut que l’autre.

Il se demande si Hugo arrivera à apprivoiser un peu son écureuil, et si lui, il arrivera à apprivoiser...

Tu aimes quoi toi ?

Bone referme la porte du congélateur, dépose la boîte de carton sur le comptoir avec une moue amusée. De la pizza. Faire affront à la vraie cuisine italienne, que ça répond du tac-o-tac, décomplexé, en allumant le four. Quoi, quand c’est la fin de la journée, qu’il est crevé du taff et qu’il y a plus grand chose dans le frigo, Bone fait pas la fine gueule.

Promis, je me débrouille pas mal derrière les fourneaux, mais là… il lui sourit une dernière fois avant de se détourner, sous-entendus avortés. Il s’éloigne, monte les escaliers deux à deux, rapidement, pour aller lui attraper un de ses hoodies. Il revient, le lui tend doucement.

… Tu vas finir par attraper froid, pour qu’il le prenne, pour qu’il l’enfile, met-le, s’il-te-plait.

Il revient vers la cuisine pour mettre la pizza dans le four. Toute la maison est calme. Il entend l’écureuil gratter le coin de la boîte… il mange ? Hm. L’italien allume la machine à café pour se faire un espresso court.

J’irai te porter, après. Pas si tu veux. Bone ne veut pas le laisser rentrer seul ; c’est pas un quartier mal famé, mais près des quais, le soir, ça peut vite se remplir de bizarres. On n’est jamais trop prudent - et surtout avec Hugo, qui semble doué pour s’attirer les emmerdes. T’es dans quel coin ? Il lui jette un coup d'oeil. Le hoodie est un peu trop grand, ses épaules flottent, plus étroites, sous le tissu sombre.
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Sam 3 Avr - 19:28

Take it slow.

648 mots

Ft. Bonifacio Castelli


- Faire affront à la vraie cuisine italienne.

C'est de l'humour. Il sait, Hugo, dans la forme mais pas dans le fond - ça ne le fait pas rire parce qu'il ne capte pas en quoi c'est drôle -. Pourtant, il comprend que c'est de l'humour, parce que Bonifacio aime faire des blagues. Et ça déjà, c'est un gros progrès. Parce que l'animal s'est suffisamment imprégné de la présence de l'autre pour avoir assimilé certainement comportement propre à l'autre. L'autre qui a suffisamment gardé son attention, pour qu'il fasse cet effort.
Déjà là, déjà à cet instant, le polonais sans le savoir, avait accepté la présence d'un autre humain dans son existence. Accepté d'attribuer une voix à ce visage, une couleur d'iris à ce regard, un timbre grave à ce mouvement de corps.

- Promis, je me débrouille pas mal derrière les fourneaux, mais là…

Là il ne veut pas cuisiner, il devine.
Hugo ne dit rien, ne montre rien, parce qu'il ne pense rien. L'adulte lui donnerait de la pâté pour chien qu'il la mangerait sans montrer aucun problème dans son attitude corporelle - il l'avait déjà fait, il pouvait recommencer -. Et c'est sans bouger de l'autre bout du comptoir, que le lycéen regarda le professeur changer de position. Mouvement de recul à l'appui, le regard méfiant du clebs accrocha agressivement la démarche tranquille mais sûre d'elle qui ne souffrit d'aucun écart. Hugo le regarda disparaître à l'étage, avant de redescendre, un sweat-shirt à la main.

- … Tu vas finir par attraper froid.

L'adolescent prend après une minute de réflexion à fixer le vêtement, au moins pour lui débarrasser les mains. C'est doux et chaud. Il n'hésite pas vraiment à le passer, s'attarde quelques seconde sur l'odeur qui accroche son museau curieux. Les parfums, c'est aussi à ça qu'est attentif le plus jeune pour situer son environnement. Les sons, aussi, presque autant que les images qui défilent par milliards devant ses prunelles trop noires.
C'est grand.
... C'est pas dérangeant.

- Il mange ?

Le nez dans le col du vêtement, le polonais prit une seconde à se souvenir de la présence de son précieux colis avant de presser le pas jusqu'à la boîte.

- ... Oui.

Petite bête blessée grignotait déjà une pointe, un tout petit plus vivace sans pourtant bouger dans tous les sens. Même sa patte semblait aller un peu mieux. Au moins, il ne couinait plus de douleur. Peut-être même qu'il n'allait finalement pas avoir besoin d'une attelle. Cette seule pensée tira un soupir de soulagement au chien qui referma doucement la boîte pour éviter la peur puis la fuite de l'écureuil, alors que la question l'interpelle. Ses oreilles imaginaires remuent avant de s'aplatir sur son crâne.
Pas chez lui.
Il pourra pas l'emmener chez lui. Il veut pas rentrer chez lui.
Alors tout d'abord, l'adolescent ne répond pas, se contente de se redresser, poings fermés, dos à lui. Et il hésite, assez longtemps pour que ça paraisse bizarre.

- ... J'peux rester cette nuit ? Ses poings serrés rejoignent ses poches, tirant sur le jean tant elles y sont rentrées, alors qu'il tourne de trois quart pour aviser l'expression facile de son vis-à-vis, J'peux rester par terre avec lui. Une seconde de réflexion, et il ajoute, J'ferais pas d'bruit, tu m'verras pas.

Tu m'entendras pas, j'existerai pas.
Attentif, il attend la réponse de Bonifacio, fixant son visage avec attention, toujours seulement au coin au point de développer une faiblesse au globe oculaire. Le bip du four retentit, mais le brun ne bouge pas, figé dans le temps, comme si seule une réponse positive pouvait le faire redémarrer.
notes.
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Ven 28 Mai - 0:14
Take it slow pt. 2


Drôle de bête, le gamin. Un nuage est passé, à l’extérieur, ou alors c’est le soleil qui se couche plus tôt en cette saison ; la cuisine s’assombrit doucement, s’arrondit les angles dans une lumière plus grise, reposante. Est-ce qu’Hugo est comme ces animaux nocturnes, est-ce qu’il le devinera mieux dans l’ombre, apaisé. L’italien le dévisage avec réserve, attendant qu’il attrape le sweatshirt entre ses mains.

Il le prend, il l’enfile. C’est un peu long, pour lui. Ça lui descend en bas des hanches. Le regard du plus vieux s’attarde là, sans arrière-pensées, mais sans déplaisir non plus - Hugo l’hypnotise, pour des raisons qu’il ignore et qu’il n’est pas certain de vouloir démystifier. C’est bon comme ça, comme c’était bon à la plage, comme c’était bon l’autre soir aussi, comme c’est bon maintenant.

Le jeune s’éloigne pour aller vérifier que son patient soit bel et bien en train de manger. Bone regarde la main d’Hugo, celle qui ouvre et referme la boîte. Il regarde la courbe de sa nuque dégagée, les cils droits et courts surplombant son regard lent et attentif qui se penche, se relève.

Faut qu’il le ramène. Bone essaie encore de jouer un scénario de normalité, d’acter quelque chose de responsable, peut-être, parce qu’il n’a pas encore baissé les armes ; il n’a pas encore accepté l’idée qu’il n’y a rien de normal, avec Hugo, dans sa rencontre avec Hugo, dans sa relation avec Hugo, et qu’il n’y aura jamais rien de normal non plus, que tout sera étrange, merveilleux, à leur hauteur, intime, différent.

... J'peux rester cette nuit ?

La question a tardé, hésitante, comme toute prise dans la gorge et les poings fermés du brun. Quelque chose retombe mollement dans le corps de Bone, puis cogne timidement dans son ventre quand le punk se retourne vers lui, attrape ses billes sombres.

J'peux rester par terre avec lui. J'ferai pas d'bruit, tu m'verras pas.

Sois pas débile, qu’il pense avec une tendresse déstabilisante. Alors il se détourne, sauvé par le bruit du four : il éteint, sort la pizza en silence, la laisse reposer sur le comptoir. Si la réponse tarde à venir, ce n’est pas qu’il hésite - c’est qu’il est conscient qu’elle est beaucoup trop simple, sans détours, et ça le déstabilise légèrement.

Bien sûr, tu peux rester, le professeur souffle en baissant le visage ; effort involontaire pour fuir le regard pénétrant du plus jeune, sans doute, tandis qu’il sort un paquet de cigarettes et un briquet de sa poche pour aller fumer dehors. Coup de chaud. Faut qu’il s’aère, qu’il se détende.

J’reviens, que ça fait lentement en le contournant, la clope déjà au bec. Ouvrir la porte, sortir sur le perron, la laisser légèrement entrouverte derrière soi. La rue est tranquille, les quais en contrebas allongent leurs bras dans la mer. Bone n’a pas répondu à la dernière remarque du punk - peut-être que ça le malaise un peu, au final, cette manie à vouloir disparaître du jeune. À chercher le coin sombre, la partie la moins éclairée de la grève, le fond de la ruelle, le pied d’un lit, l’inconfort, l’effacement, cette sécurité qui n’en ai pas une, mais qui est une réponse instinctive à… à quoi. L’italien tire sur le filtre, inhale en profondeur. Il préfère ne pas savoir, pour l’instant. C’est inconfortable. Inconfortable de sentir que ça l’atteindrait trop, aussi.

Bone devine la présence du brun sur ses talons. Dans l’espace ouvert de la porte. Il tourne légèrement la tête, pas suffisamment pour le regarder, mais assez pour lui offrir l’angle de sa mâchoire, le bout de la cigarette qui rougeoie paisiblement. Assez pour lui faire comprendre que c’est à lui qu’il s’adresse.

… Hugo, je veux pas que tu dormes par terre. La fumée fuit hors de ses lèvres. Il fixe le petit espace, entre le perron et le sol, où l’herbe ne pousse pas. Je veux pas que tu te sentes de trop, tu es le bienvenu ici. Si je te garde avec moi, c’est parce que j’en ai envie aussi. Tu ne me déranges pas.

Voix grave, calme. Bone a souvent un franc parlé, mais parler franchement, ça, c’est moins dans ses habitudes. Sauf que là, il l’a fait. Hugo en fera bien ce qu’il en veut. L’italien se détourne, tire à nouveau sur la clope.

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Ven 28 Mai - 0:30

Take it slow.

618 mots

Ft. Bonifacio Castelli


- Bien sûr, tu peux rester.

C'est dit avec une douceur et une simplicité déconcertante. C'est trop rapide, trop doux pour être correct. Même le chien est capable de le comprendre ça ; qu'il y a quelque chose d'anormal. Sa tête s'est penchée, quelques centimètres vers la droite, lourde d'un cerveau trop souvent inactif. Elle manque même de taper son épaule mais s'arrête sèchement avant. L'oeil perçant n'a toujours pas quitté l'angle de la mâchoire du professeur, bien loin de lui mais toujours pas assez pour échapper au regard scrutateur. Jamais assez loin. C'est qu'il n'en a pas conscience Hugo, que ça peut être gênant ; ou peut-être qu'il s'en fout et qu'il le fait quand même, qui sait ce qu'il se passe sous la caboche de ce gosse.

Il revient, il a dit. L'adulte a déjà quitté la pièce pour s'allumer une dangereuse. Le jeune homme a suivi, habité au mimétisme. Son épaule a trouvé le cadre de la porte et de là, sa position de hauteur, légèrement curieuse mais le fond de l'oeil toujours méfiant, le lycéen offre toute son attention au fumeur. Il fait frais, dehors. Une mince grisaille bientôt pluvieuse vient s'attacher au ciel, balancer quelques rafales contre ses cuisses, provoquer un mince frisson désagréable. Et de là où il est, le jeune perçoit le coin du visage masculin. Homme. Il est tourné sans pouvoir le voir, comme s'il lui offrait la preuve de son attention. Alors quand il ouvre la bouche pour parler, Hugo sent qu'instinctivement, il retient son souffle.

- … Hugo, je veux pas que tu dormes par terre. Je veux pas que tu te sentes de trop, tu es le bienvenu ici. Si je te garde avec moi, c’est parce que j’en ai envie aussi. Tu ne me déranges pas.

Envie ?
S'il le garde avec lui ?
Les paupières du gosse ont cligné. Une fois, puis deux. Il a du mal à comprendre - enfin, il comprend qu'il y a un sens un peu caché mais lequel ? - alors il s'attache au sens premier. Pas dormir par terre. Il en a envie aussi. Aussi ? Il ne le dérange pas.
Ok.
Ça, il l'a et il retient. La capuche rabattue sur sa crète qui s'aplatira surement un peu, il ne lâche qu'un haussement d'épaules en guise de réponse et d'un tour de talons, retourne à l'intérieur. Le chien n'a rien à répondre à ça. Par contre, attraper un morceau de pizza pour y planter ses dents avec gourmandise, ça il peut (du fromage quoi, Hugo adore le fromage, peut-être autant que le chocolat). Sa part dévorée, il en saisit une autre mais qu'il amène cette fois avec lui, dehors. Sa semelle foule le gravier alors qu'il s'arrête à la hauteur du professeur pour lui lever la pointe sous les yeux.

- Ça coule. Vite.

Qu'il lâche en tenant la pointe en hauteur pour inciter le plus vieux à ouvrir la bouche très vite, avant que le fromage ne s'échappe - sur le sol par exemple -. Hugo ne dira pas merci. Parce qu'il ne sait pas ce que les paroles de Bonifacio valent. Mais au fond, ça taquine un peu sa méfiance quand même, la douceur précédente dans la voix de l'autre. Peut-être qu'il acceptera de ne pas dormir à même le sol. Peut-être même qu'il acceptera la chaleur d'un autre corps non loin du sien.

- Vite Bunny. Ouvre.

Vite Bunny. Le surnom n'est pas une option, là encore. La pizza non plus.
notes.
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Lun 23 Aoû - 3:58
Take it slow pt. 2


Tout s’est embrumé, du gris, du ciel à la chaussée - Bone aime cette température-là. Quand il pleut sur Lifelam, tout est à sa place. Le temps passe au juste rythme. Ce n’est pas comme en Italie, sous la lumière blanche et torride de midi, quand tout fige, décomposé, solarisé, dans un arrêt cruel de minutes interminables. Hugo est là, derrière lui. Il ne l’entend pas respirer, mais le professeur a l’impression de pouvoir se caler sur le mouvement discret de ses poumons. Il tire. La fumée paraît brune en s’élevant devant le gris laiteux de l’horizon. Ça le dégoûte un peu ; faudrait qu’il arrête. Ça fait des années qu’il se dit ça. Bone aime croire qu’il stagne, que rien n’avance. C’est rassurant. C’est plus grand que lui. Il se déresponsabilise. Il est dépendant à la clope, à d’autres trucs, c’est comme ça, à sa solitude, pas d’hypothèque, de copine, de gosses, d’engagement sérieux, d’animal, rien, c’est rassurant.

Mais y’a ce mec, derrière. Il a un pied dans l’entrée ; dans celle de la maison, et dans celle menant aux recoins enfouis de l’italien. C’est inconfortable, mais pas déplaisant, étrangement. Il repart. Bone fume tranquillement. Il écoute le bruit que ça fait, sur les pavés. Le faible crépitement. Et sous lui, le bruit des pas d’Hugo se rapprochant à nouveau de la porte.

Il apparaît dans son angle de vue. Une pointe de pizza ramollissant dangereusement entre ses doigts. Ça coule. Vite. Mais…

L’italien jette sa clope dans le pot de fleurs vide, près de la rambarde, et il attrape la pointe maladroitement, ses doigts sur ceux du brun, pour prendre une bouchée là où le fromage menace de se désolidariser. Il rêve où Hugo vient de l’appeler Bunny ? L’italien gronde en avalant, la réplique coupée par la mastication nécessaire, et joint la deuxième main à la première pour prendre définitivement la pointe de pizza en charge.

Ti sembro un coniglio ? ça grommelle en rentrant à l’intérieur, une nouvelle bouchée dans la gueule, sans trop chercher à se faire comprendre, au fond. C’est le ton qui importe, pas les mots.

Bone finit d’engouffrer la pointe et s’en décroche une deuxième. Putain, il avait faim, en fait. Sa grand-mère italienne doit se retourner dans sa tombe à l’heure qu’il est.

Tu veux faire quoi ? Il dépose son briquet sur le comptoir. Mater un film ? Jeux vidéo ? Ouais, le professeur est un grand enfant. Il se donne le droit, après une journée de taff à froncer les sourcils de manière très sérieuse. D’ailleurs, sa main valide déboutonne les premiers boutons de sa chemise, lousse son col distraitement. Il lance un regard au punk. Lui sourit, énigmatique.

T’as de la sauce, là. Il mime l’endroit, près de la commissure de ses lèvres.


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Lun 23 Aoû - 3:59

Take it slow.

739 mots

Ft. Bonifacio Castelli

Bunny grogne mais Bunny grogne toujours beaucoup alors ça ne l'inquiète pas plus que ça. Du moins c'est ce qu'il a remarqué, Hugo ; entre ses gestes amples mais un peu maladroit et son regard qui fuit à droite pour revenir très en tentant d'être sûr de lui. L'ado' censé être adulte n'est pas dupe : si la confirmation n'est pas claire dans son esprit et qu'il ne peut pas poser des mots dessus, l'animal a bien compris que l'autre se sentait inconfortable en sa présence. Pourtant, il le laisse rester et ça c'est déjà beaucoup.
Alors Bunny, oui, c'est sorti tout seul. Parce qu'un lapin c'est gentil, c'est sweet et il a l'air d'être ça, Bone.
Sweet.
Un peu comme la fois où il a refusé de le laisser dormir par terre. Ce qui arrivera surement ce soir encore.

L'adulte attrape maladroitement la pizza que le punk finit par lâcher et c'est tout en se léchant les ongles qu'il le regarde l'avaler en grommelant. Goulument. Un ours, mais fin, pas trop un lapin sur le coup mais ouais "bear" c'est quand même moins marrant que "bunny" puis "bunny" ça va avec "bone" quoi qu'Hugo ne comprend pas pourquoi il a voulu prendre comme surnom une partie de l'anatomie humaine.
Beaucoup.
Y a beaucoup d'os dans un corps ; est-ce que ça veut dire qu'il peut y avoir beaucoup de Bone ?

Déjà, le lycéen a tourné les talons pour revenir dans la cuisine. Attraper à son tour de la pizza qu'il engouffre rapidement, comme sur le départ, comme s'il craignait qu'on la lui retire directement de la gorge. Peut-être que c'est le cas.
Dans son dos ça bouge. Un briquet rejoint le plan de travail, il l'avise du coin de l'oeil et sent le déplacement dans son dos. Ça le fait se retourner, instantanément : Hugo, il aime pas trop qu'on se tienne sur ses arrières. Proche c'est déjà difficile mais hors de son champ de vision c'est plus que ça encore.

- Tu veux faire quoi ? Mater un film ? Jeux vidéo ?

Les prunelles de jais ont accroché le mouvement prêt de sa gorge. Un col qui s'ouvre, en même temps il fait un peu chaud ; mais la carotide qui apparait sous la chair, là, non loin de sa clavicule ça excite quelque chose en lui. Ça réveille une envie de morsure, une étincelle qui est ramené à la réalité par une nouvelle tonalité de voix.

- T’as de la sauce, là.

... Ah.
Le clébard passe le dos de sa main d'un mouvement brutal, sur le coin de sa bouche avant de froncer le nez. Et puis d'un coup, il repense à l'écureuil et se dirige vivement vers lui. S'arrête. Bunny lui a posé une question oui. Il lui faut répondre.

- ... Un jeu. S'tu veux.

Parce que les films au fond, ça le fait un peu chier puis la plupart du temps il ne comprend pas tout. Alors il refait un pas vers la boîte, se rappelle que l'animal était en train de s'endormir et s'arrête. Son corps ne sait plus trop quoi faire, à part tourner sur lui-même, s'arrêter et observer encore. Y a toujours les putains de masque de l'autre habitante qui lui tirent des frissons désagréables. Tant d'yeux pour voir et dévisager, lire dans ce qu'on ne doit pas lire - le sombre -, regarder ce qu'il faut ignorer. Hugo se sent mal à l'aise. Ouvert depuis l'intérieur. Alors il s'ébroue, l'animal, et rejoint rapidement le professeur pour aller s'asseoir devant la télévision sur le canapé, tout en le regardant en coin mettre en place ce à quoi il veut jouer. Ça ressemble à un truc qu'il connait, sans doute pour y avoir joué il y a longtemps avec son père. Mario kart ? Ça, il maîtrise enfin surement. Ou alors, il a mal reconnu et c'est autre chose.

- Il dort.

La petite créature noisette.
Il dort, il a dit en appuyant un regard franc et plus calme sur le visage de Bone. Il dort, puis c'est grâce à toi. Voilà. Lis de toi-même, parce qu'il le dira pas. Il le dira mal.

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Mer 19 Jan - 16:39
Take it slow pt. 2


Un jeu, qu’Hugo a dit.

Dehors, la pluie s’est remise à tomber. Ça se refroidit encore, les nuits vont s’allonger. En passant monter le chauffage, Bone capte le regard du jeune homme lorgnant les masques au mur. C’est ma colocataire qui les fait, il lâche, un peu énigmatique, en surveillant les traits du punk. C’est pas que de la déco, tu sais. Pour Élizabeth, ça semble même un peu mystique. Spirituel. C’est l’incarnation de ses obsessions ; l’italien a finit par les considérer comme des espèces d’entités habitant la maison avec eux. Après tout, pourquoi pas… ils ne laissent jamais indifférents, lorsqu’on passe devant. Ils vous regardent.

Sauf qu’il en dira pas plus, Bone. Il se garde ses impressions, ses croyances floues, sa poésie. Quand on lui demande s’il croit en quelque chose, il a toujours un plaisir cruel - cruel pour qui - à répondre qu’il ne croit en rien. Rien ? Rien. C’est peut-être qu’il aime la réaction de ses interlocuteurs. C’est plus simple comme ça. Parfois, ils essaient de le convaincre. Parfois, ils abondent en son sens. Mais Bone doit bien croire à certaines choses, à commencer par l’équivalence de la mort sur le vivant, parce que quand son petit frère lui a parlé, l’an dernier, de leur père décédé, Bone a vrillé. Il serait fier de toi, qu’il a fait, son imbécile de frère.



ta gueule, me parle pas de lui, me parle pas de lui


Il dort.

Le brun relève les yeux. C’est calme, silencieux, statique, mais comme chaque fois, les pupilles d’Hugo le transperce. C’est peut-être justement, quand tout est calme, silencieux et statique, qu’il s’en rend le mieux compte.

Il fige un instant, accroupi, la main toujours sur la console.

… oui.

C’est ça, qu’il répond. Pas de répartie savante sur ce coup, de relance, juste un oui soufflé, une attention prise ailleurs, au fond des yeux du punk. Bone pourrait même se demander qui dort. Il détourne la tête, brise le charme. Les masques regardent toujours.

Tiens. Il lui met une manette entre les mains, va s’asseoir sur le canapé, déplie ses longues jambes sur la table basse. Bon. Mario Kart, tout le monde sait jouer. Bone est un grand gamin, quand il veut. Quand il se sent bien. Sur sa gueule d’escroc, des éclats étrangement candides, comme de rapides réminiscences de l’adolescent narquois, plus tendre, qu’il a un jour été. Qu’il a enterré très profond, dans une tombe où il ne va jamais se recueillir.

La pluie lave complètement les fenêtres. On ne voit plus rien, dehors. Qu’une obscurité qui se dilate dans l’averse, percée parfois des phares d’une automobile.

Après avoir dûment assis son incontestable autorité à Mario Kart, Bone repose la manette de jeu, un sourire plein de crocs au bas de la gueule. Faut dire qu’il y passe beaucoup trop de temps avec Élizabeth.

Va vraiment falloir que tu reviennes te pratiquer, c’est inacceptable d’être aussi nul, il lance en grognant d’un petit plaisir espiègle. Sous-entendu : reviens me voir. Sous-entendu qu’Hugo pourrait entendre : t’es nul. Bone se râcle la gorge, rectifie le tir : C’était cool. De jouer ensemble.

Il laisse sa nuque épouser la courbe du canapé, un rictus flottant sur les lèvres. Ses billes voyagent jusqu’aux carreaux de la baie vitrée.


A-Delta Lord
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Jeu 20 Jan - 16:58

Take it slow.

548 mots

Ft. Bonifacio Castelli

Pas de la déco', il dit. C'est flippant. Trop flippant pour le chien qu'il est, Hugo. Ça lui donne l'impression d'être observé ; alors comme un animal traqué, il répond de la même manière : les paupières hautes et le menton bas, il vise un à un les bouches tordus prêtes à rire de ses traits manquants.

Il revient, prend la manette, s'assoit mais par terre. Puis sur le canapé, car la télé' est trop haute et que ça lui nique la nuque. Mario Kart donc : facile, tout le monde sait jouer, non ? Si. Ses diverses chutes lui prouvent le contraire. Agacé et trop dans le jeu, il replie une jambe sous ses fesses, se grandit, grogne. Tous ses muscles tendus ont envie de jeter la manette dans la télévision mais god comme il se retient - pas envie de se prendre une raclée et de devoir fuir comme un chien galeux -. Ses jambes se croisent et il sautille, faisant bouger le canapé "NO..! Put..!" il jure quand son kart s'écrase une dernière fois dans le vide et qu'un fantôme le récupère.

- Va vraiment falloir que tu reviennes te pratiquer, c’est inacceptable d’être aussi nul.

Hugo feule un coup, puis se renfrogne et s'enfonce dans le dossier du canapé en grondant sourdement, tirant la capuche sur sa tête et remuant frénétiquement le pied droit. Merde.

- C’était cool.

Pour lui, c'est sûr. Tch.
En coin, il l'observe d'un oeil mauvais, toujours en colère de s'être fait à ce point écraser - 1er contre 10ème, on peut appeler ça un écrasement oui -. Il a envie de le mordre, pour avoir été meilleur mais c'est juste un moyen de laisser sortir sa frustration. Il le sait - pas sûr qu'il s'en rende compte dans son état actuel -.
Son pied remue plus vite.
Un craquement de la cheville se fait entendre.
Et l'autre qui a l'air si tranquille, délicieusement gagnant à chiller dans son coin en se permettant de regarder autour de lui là, ça le ..! Vas-y, de toute manière il ne tient plus.

D'un mouvement sec, Hugo se rapproche, attrape le bras du lapin et y plante ses crocs. Vif, mais si fort mais c'est surprenant plus qu'autre chose. Histoire de marquer son mécontentement. Et puis immédiatement après, le lycéen saute sur ses pieds dans un grondement saoulé et va faire quelques pas vers la boite, puis dans la cuisine, fouillant toute la pièce du regard. Il s'arrête sur les masques, claque des crocs puis revient vers Bone en se plantant devant lui, les bras croisés sur son torse. De sa hauteur, Hugo le dévisage, ses traits tirés par des sourcils froncés.

- J'te battrais à aut'chose. Il grogne sans gêne avant d'aviser les bouteilles d'alcool dans un coin de la cuisine. ... T'bois ?

Sa mère elle boit. Beaucoup. Lui pas, parce que pas d'occas', parce que c'est pas bon. Mais les gens deviennent différents sous l'emprise de l'alcool. Peut-être que Bunny serait moins bon à Mario Kart avec un ou deux verres dans le sang.

- On r'fait. Mais. Il montre les bouteilles du doigt. Mais tu bois. Il partira avec un désavantage cette fois. La soirée promettait.

The End.
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