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J'attends

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Dim 29 Juil - 23:44
J'attends

Je suis assis, je ne sais plus depuis combien de temps je suis là, à regarder la pluie tomber à travers la porte vitrée. Ils sont sortis par cette porte, et depuis j'attends... Je l'attends.

Tout allait pourtant bien, j'ai toujours été là, du jour où il est venu me chercher  jusqu'à  aujourd'hui, j'ai  toujours été fidèle, je n'ai  jamais mordu, pas même quand ils me faisaient mal en me tirant les oreilles, m'arrachant les poils, me marchant sur les pattes ou la queue. Mais ils étaient aussi jeunes que moi à cette époque...

On dit souvent que les chiens n'ont pas de mémoire, je peux vous assurer que c'est faux. Je me souviens parfaitement de chaque moment de ma vie passée à leurs côtés, de mon arrivée à leur départ...

Il y a quelques années, quand il m'a pris dans ses bras et m'a ramené jusqu'à cette maison que je ne connaissais pas encore, j'ai découvert que le bonheur n'était pas d'arriver le premier à la gamelle du chenil pour espérer pouvoir manger. Nous étions facilement une bonne dizaine, alors pour manger je ne vous raconte pas la course, les derniers arrivés pouvaient s'estimer heureux s'il restait des croquettes sur le sol.

Quand un humain venait chercher l'un d'entre nous, on espérait toujours être celui qui serait choisi, celui qui serait aimé, choyé, dorloté... Un jour ce fut mon tour, j'avais enfin le droit d'avoir une famille qui m'aimerait. Je ne connaissais pas encore le genre d'amour que les humains réservaient aux chiens comme moi.

Arrivé dans cette maison, il m'a rapidement appris quelle était ma place, c'était après lui, elle et eux. Il m'a appris à être propre, car si je faisais mes besoins dans la maison j'étais privé de croquettes jusqu'au lendemain. Il m'a appris à être obéissant, j'avais même droit à une tape sur la tête quand j'arrivais à faire ce qu'il voulait ; mais si je n'y arrivais pas, il sortait le bâton pour me corriger. Je ne lui en veux pas, j'aurais du faire ce qu'il me demandait.

Elle, elle ne s'occupait pas de moi ; ils étaient plus importants à ses yeux et si je m'en approchais, elle hurlait pour qu'il m'attache au jardin. J'y avais une jolie niche, c'était ma maison à moi et personne n'y venait jamais, sauf lui pour me ramener à la maison une fois qu'elle était calme.

Au fil du temps, ils ont grandi avec moi ; ils s'occupaient bien de moi, il leur avait appris à me nourrir et à me brosser pour que je sois toujours le plus beau. Comme ils étaient encore jeunes, ils n'arrivaient pas à doser leurs forces quand ils me brossaient et il m'arrivait parfois d'avoir mal, mais je ne leur en voulais pas et je ne bougeais pas. J'aimais bien ma niche, mais il commençait à faire tout blanc et froid dehors, je n'avais pas envie d'y être coincé pour la nuit.

Un jour, ils m'avaient porté à deux jusque dans leur chambre au dessus de l'escalier. Quand elle m'a vu là haut, elle m'a vite chassé de là à coup de ce truc qui sert à frotter par terre. En courant, je suis tombé dans l'escalier. Oh rien de bien grave, mais j'avais mal à la tête... C'est très énervé qu'il m'a emmené dans un endroit tout plein d'odeurs d'autres animaux comme moi. Là bas, un drôle d'humain m'a fait tout plein de choses bizarres ; je ne me souviens pas de tout, j'avais l'impression d'être sur un petit nuage et je ne sentais plus rien.

Quand je suis revenu à moi, j'avais un horrible truc autour du cou ; ma tête me grattait, mais impossible d'y arriver avec ce truc étrange... Le pire de tout, c'est que ça se coinçait partout : en dessous des chaises, dans la trappe de la porte du jardin et même dans ma niche ! Eux ça les faisait bien rire, mais pas moi... Je me sentais ridicule, et avec aucun moyen d'aller me cacher dans un coin sans rester coincé.

Plus le temps passait, plus je grandissais.

Je me souviens du jour où j'ai goûté ce qu'ils appellent « café », je ne me souviens de rien d'autre si ce n'est de la chaleur de ce liquide.

Ils étaient à table ce jour là ; eux me donnaient à manger, lui avait les yeux rivés sur du papier gris qu'ils appellent « journal ». Au bout d'un moment, elle a hurlé. J'ai eu tellement peur, que j'ai filé hors de sous la table. Malheureusement, je l'ai bousculé alors qu'il allait boire, et sa tasse de « café » m'est tombée dessus.

Je me souviens l'avoir entendu hurler à son tour. Il m'a emmené dehors, a sorti le long truc qui sert à mettre de quoi boire dans ma gamelle de dehors. Après le chaud du «café », il y a eu le grand froid de l'eau sur moi. Une fois que l'odeur du « café » était disparue, il m'a attaché à ma niche et n'est venu me chercher que quelques jours plus tard ; c'est que je commençais à avoir faim moi.

Quand j'étais à l'intérieur de la maison, je devais toujours être couché dans mon petit panier tout doux. Elle n'aimait pas que je circule dans la maison, soi-disant que je perdais mes poils dans toute la maison... Au moins mon panier est tout doux et j'y suis bien chaud.

Pour manger et boire, c'est toujours dehors, elle trouve aussi que je fais plein de saletés ou que je mets de l'eau partout. Quand ça arrive, elle le fait tout frotter par terre ; moi je trouve ça amusant parce qu'il est à la même taille que moi sur ses quatre pattes au sol tout comme moi, mais si je m'approche de lui, il me repousse jusqu'au panier en me disant d'y rester.

Je suis sage, alors j'y reste jusqu'à l'heure de manger où il me remet dehors pour la nuit.

Aujourd'hui, quand j'y repense, je trouve que j'ai été un bien mauvais compagnon pour mes maîtres. Je n'ai fait que bêtises sur bêtises pour les mettre autant en colère, je m'en veux horriblement.

Cela fait déjà un bout de temps qu'ils sont partis... je me demande si j'aurai un biscuit pour être resté sage à obéir en leur absence.

Il y a quelques temps avant leur départ, ils étaient assez agités, heureux, souriants. J'ai même eu droit à plusieurs biscuits sans avoir du travailler les ordres qu'il m'a appris. Ils ont rentré ma gamelle  dans la maison pour que j'y mange et boive, j'étais très heureux de pouvoir passer plus de temps en leur compagnie. J'étais juste déçu de la disparition de ma jolie niche, elle allait me manquer ma maison quand je retournerais dehors..

En y repensant, il y avait beaucoup de gens que je ne connaissais pas qui venaient à la maison ces derniers temps. Ils portaient tous de grosses boîtes qui avaient l'air lourdes... Ils sont étranges ces humains !

Plus les jours passaient, plus je trouvais la maison grande. Là où avant je me serais cogné la tête sur la table basse, restait un grand espace où je pouvais me rouler sur le dos, que c'était agréable !

Je voyais mes maîtres de moins en moins , ils partaient tôt et rentraient tard ; mais j'avais droit à deux tapotes sur la tête pour me féliciter, j'étais tellement heureux de l'attention qu'ils me portaient. Ils m'avaient même rapporté à manger dans un joli paquet qui brillait à la lumière ; j'avais tellement faim que j'ai tout avalé, le paquet et son contenu. Par contre, après, je ne me suis pas senti très bien, et j'ai été malade.

Elle lui a crié dessus, en disant qu'il aurait du retirer l'aluminium avant de me donner à manger et que maintenant à cause de moi, ils devraient retarder leur départ. Ou quelque chose comme ça, je ne me sentais pas assez bien pour faire attention à ce qu'elle disait.

« Ca y est, c'est le jour ! »Avait-il dit. Je les ai vus partir tous les quatre vers la porte du jardin, ils étaient chargés comme tous les humains étranges que j'avais pu voir quelques temps avant ; lui était derrière. Je m'apprêtais à les suivre, quand il s'est arrêté, m'a regardé, et m'a dit : Toi, tu restes à la maison. Et il a fermé la porte derrière lui.

Je me suis assis et je l'ai regardé partir à travers la porte vitrée.

Je ne sais plus depuis combien de temps je suis là, je ne sais plus si ce sont des jours, des semaines ou des mois qui sont passés ; mais j'attends. Je suis un gentil chien, il m'a dit de rester alors je reste. ; Je sais qu'il reviendra, j'en suis certain... Il est si gentil avec moi.

Je suis épuisé. Ne riez pas, mais rester assis comme ça à ne rien faire, c'est épuisant. Je ne sors de la maison par la trappe dans la porte* qui donne sur le jardin, que pour aller faire mes besoins et boire ; en suite je rentre et je me replace devant la porte. J'ai faim aussi, depuis son départ ma gamelle est vide, et je n'ai rien trouvé d'autre à manger dans la maison... Mais il va revenir et me donnera à manger comme il l'a toujours fait ces dernières années. Alors sagement, je retourne m'asseoir à ma place devant la porte comme il me l'a demandé si gentiment, je ne voudrais pas qu'il pense que j'ai faillis à ma tâche.

Ces derniers temps, je suis de plus en plus fatigué. Je n'ai même plus la force de tenir assis, je me traîne pour aller au jardin et, si ça ne tenait qu'à moi, je ferais mes besoins dans la maison. Mais je sais qu'il serait terriblement déçu de ce comportement, je n'ose déjà pas imaginer sa réaction quand il verra que je suis couché et non assis, comme il l'avait demandé.
Je n'en peux plus... Mes yeux sont de plus en plus lourds, je vais dormir un peu en espérant qu'il ne rentre pas pendant que je dors, je ne me le pardonnerais jamais si ça arrivait.

J'ai tellement sommeil...





*comme une chatière, mais à taille de chien.

Inari
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